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28-03-2013
Mots clés
France

J’ai testé la zénitude

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J'ai testé la zénitude
(Crédit illustration : Julien Couty pour « Terra eco »)
 
Pour refroidir mes neurones en surchauffe, j’ai goûté à la méditation. Les pieds nus dans un dojo, j’ai tenu cinq minutes. L’éveil de l’âme et la tranquillité de l’esprit, ce ne sera pas tout de suite. Je l’avoue, je suis plus médisante que méditante.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Sur le premier arrêt maladie de ma vie, ce mot digne des plus belles héroïnes romantiques : « asthénie ». En vocabulaire du XXIe siècle, ça donne burn-out. Voilà où mènent quinze années de journalisme engagé. Il ne faut pas en rire : d’après l’OMS (Organisation mondiale de la santé), la France est le troisième pays touché, après les Etats-Unis et l’Ukraine. Ce syndrome d’épuisement professionnel est commun à tous les travailleurs qui ont un certain idéal inatteignable du style « changer le monde » ou ce genre de trucs. Et le stress coûte cher à la société : entre 830 millions et 1,6 milliard d’euros par an, selon l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles, soit 10 % à 20 % du budget de la branche maladies professionnelles de la Sécu.

Ça commence avec des noyades dans des verres d’eau puis l’irritabilité, l’impatience, le cerveau qui n’imprime plus rien… C’est assez limpide quand on y pense, mais sur le coup, le sujet – moi – n’a aucun discernement. Et puis, on lui en demande toujours autant, au sujet. Après tout, le burn-out est la pire des maladies, invisible, comme la radioactivité. Au moins, avec deux poignets fracturés, tout le monde comprend que vous êtes H.S. Et encore.

Voilà pourquoi il fut vital – outre d’aller consulter un médecin – d’essayer ce test que mon empathique red-chef m’enjoint de faire depuis des mois : la méditation zen. Au début du mois de mars, je sortais du Salon de l’agriculture, où je venais de constater, une fois de plus, que les bœufs traînent autant dans les stands que dans les allées. A l’issue de cette déprimante virée au pays de l’agrobusiness, j’ai filé m’initier au zazen, c’est-à-dire à la pratique du zen. Avant de débuter, on vous demande de laisser tomber la robe orange ou le pantalon vert, de vous revêtir de couleurs sombres et souples et de laisser toutes vos idées préconçues dans vos chaussures (oui, on « zazène » pieds nus). De toute façon, des idées, je n’en ai plus.

« Méditer, c’est s’asseoir »

Dans le dojo, il y a un protocole, on n’y pénètre pas comme dans une épicerie bio, mais par le pied gauche, puis on effectue un « gassho », un salut les mains jointes sur le torse. C’est le moine Gabriel qui s’occupe de notre groupe de douze débutants. Le cheveu gris et frisé, l’œil malicieux, il porte un « kesa », sorte de kimono noir aux longues manches, et a l’air si serein qu’il me donne automatiquement envie de lui en coller une (oui, le « burn-outé » a des montées incontrôlables d’énergie négative). En deux coups de cuillère à pot, Gabriel nous explique la vie du Bouddha : « C’était un prince qui vivait dans l’opulence. Il est parti dans la forêt, a médité six ans avant de trouver l’éveil sous un arbre. » Un brin déçue (moi aussi, j’ai vu Sept Ans au Tibet, hein), je me concentre sur la posture…

« Méditer, c’est s’asseoir », prévient laconiquement Gabriel. Assis au centre d’un « zafu », un pouf noir, le méditant croise ses jambes en lotus ou en demi-lotus, voire en tailleur. Les genoux « poussent » le sol, la colonne vertébrale doit être bien droite, le menton rentré et la nuque étirée. La main gauche est posée sur celle de droite, les paumes vers le haut, les pouces exerçant une légère pression (« tenir une fourmi entre les pouces sans l’écraser et sans la laisser s’échapper »). Les épaules sont détendues, le regard posé à environ un mètre de distance sur le sol. Le but : atteindre la respiration consciente zen, l’« anapanasati ».

Et l’esprit ? Rien. Il doit regarder ses pensées comme on regarde passer les nuages. Mais que faire lorsqu’elles prennent des formes de lapin, de tour aéroréfrigérante ou de phallus tordu ? Le moine Gaby nous avait prévenus : « Un bol plein d’une substance ne peut plus contenir autre chose. Un bol vide est disponible pour recevoir n’importe quoi. » Vite, une lobotomie, maître zen… En réalité, je me suis aperçue très vite que j’avais mal aux genoux, envie de me gratter le bas du dos, besoin de m’étirer comme un chat. J’ai été incapable de tenir la position plus de cinq minutes. Mon esprit est alors parti dans tous les sens, il a refait un tour au Salon de l’agriculture, puis dans le bac à légumes de mon frigo, où moisissaient de vieilles carottes que je me refusais à jeter. Toujours en proie à cette asthénie, j’ai fini par piquer du nez.

Le cortex au repos

Mes débuts vaseux ne sont pas graves, il suffit de se remettre à l’ouvrage, de pratiquer chez soi, quotidiennement, le matin tôt, si possible. Pendant zazen, le cortex se repose, tandis que le sang afflue vers les couches profondes du cerveau qui, mieux irriguées, s’éveillent. Le tout donne une impression de bien-être, de sérénité, de calme. Le zen, c’est comme la vie, hypersimple et mégacompliqué à comprendre. Le mieux, c’est d’essayer. —
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Journaliste errant dans les sujets environnementaux depuis treize ans. A Libération, mais de plus en plus ailleurs, s’essayant à d’autres modes d’écriture (Arte, France Inter, Terra of course, ...). Il y a deux ans, elle a donné naissance (avec Eric Blanchet) à Bridget Kyoto, un double déjanté qui offre chaque semaine une Minute nécessaire sur Internet.

9 commentaires
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RÉPONSES DE LA RÉDACTION
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  • Tombé par hasard sur votre article de médiation, que je trouve très intéressant et très enrichissant. Je me suis mis àla méditation et la relaxation et j’ai du mal à rester concentré. Je vais essayé les positions que vous expliquez vous voir si les séances sont plus efficaces.

    17.12 à 15h40 - Répondre - Alerter
  • Merci pour cet article. La méditation a de nombreux avantages. Dans le Zen il y a enormement d’importance apportee a la posture de meditation. En fait certain considere que la posture est l’ensemble de la pratique. Ce n’est pas un travail facile, mais de nombreuses ressources existent (comme ici sur la posture de meditation). À mon sens un travail sur la posture permet d’aller encore plus loin dans la pratique, et d’avancer pour en recevoir encore plus de bénéfice que vous évoquez.

    8.08 à 01h12 - Répondre - Alerter
  • merci pour votre article sur la zénitude, à quand un article sur les porte-bonheur ?
    Continuez ainsi !

    3.06 à 16h08 - Répondre - Alerter
  • cet article fait tout son sens. Je me suis aussi mis à la méditation il y a peu de temps et cela a changé ma vie. Je me sens plus zen et détendu. Mon énergie est renouvellé. Afin de facilier ma concentration, un ami m’a offert un bracelet mala en pierre naturelle (vous en trouverez sur Yogazen. Je peux maintenant compter mes mantras.

    6.05 à 15h24 - Répondre - Alerter
  • Merci pour cet article très intéressant. Je suis moi-même un adepte de la médiation pleine conscience, ça permet de me recentrer et de faire le vide dans mon esprit.
    Avec la pratique cela me permet aussi d’ouvrir mes sept chakras et de me sentir en osmose avec mon corps.

    6.04 à 09h56 - Répondre - Alerter
  • Tombé par hasard sur votre article de médiation, très interessant et très enrichissant. Je suis entrain d’apprendre à méditer et j’ai du mal à rester concentré. Je vais essayer les positions que vous expliquez vous voir si les séances sont plus efficaces.

    18.03 à 16h19 - Répondre - Alerter
  • Tombé par hasard sur votre article de médiation, très interessant et très enrichissant. Je suis entrain d’apprendre à méditer et j’ai du mal à rester concentré. Je vais essayé les positions que vous expliquez vous voir si les séances sont plus efficaces.

    15.03 à 12h33 - Répondre - Alerter
  • Formidable. Merci pour cet article très intéressant. Pour moi la pratique du zen est d’une richesse incroyable. Je pratique la méditation de pleine présence depuis quelques années, et je dois dire que ma vie a beaucoup changé depuis. Je me sens d’avantage en harmonie avec le monde. J’arrive plus facilement à lâcher prise. Je pense que la pleine conscience peut être d’une grande aide afin de soulager le stress de la vie de tous les jours. Moi j’utilise des méditations guidées dans ma pratique ainsi qu’un bol tibétain. Pour les personnes intéressées par la pratique guidée de la méditation je recommande ce site proposant de nombreuses ressources gratuites : Mindfulness Pleine Conscience

    5.07 à 00h17 - Répondre - Alerter
  • merci pour cet article, juste une ou deux précisions :
    nul besoin de se mettre en posture zazen traditionnelle (difficile pour beaucoup) , être assis bien droit sur une chaise est suffisant et...admis dans les groupes ouverts. le plus important me semble l’ouverture de l’esprit : ce qui se passe en moi ( pensées, sentiments, douleurs physiques ) pour "être avec" sans s’y accrocher ni les rejeter. enfin, d’une manière générale : ne rien attendre de cet exercice en terme de mieux être, simplement s’exercer.

    29.03 à 12h53 - Répondre - Alerter
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