publicité
haut
Accueil du site > Actu > COP21 > Maladies à sang chaud
31-08-2009
Mots clés
Société
Santé
Sciences
Monde

Maladies à sang chaud

Taille texte
{#TITRE,#URL_ARTICLE,#INTRODUCTION}
 
Les virus et autres bestioles adorent les ambiances sauna. Avec le réchauffement de la planète, ils pourraient muter et prospérer. Les médecins sont sur le qui-vive.
SUR LE MÊME SUJET

Hôpital de la Timone, à Marseille. Dans son laboratoire, le professeur Didier Raoult a installé deux élevages de tiques de chiens. L’un est maintenu à une température de 25° C, l’autre à 40° C, pendant 24 heures. « Les tiques du premier groupe ne piquent pas l’homme. Celles du second, une fois libérées, se jettent sur nous comme des folles. L’augmentation de la température joue donc un rôle dans leur affinité pour l’homme », analyse le chercheur. Ces bestioles peuvent transmettre la rickettsiose, une maladie infectieuse sévère. Deux micro-épidémies – à Marseille pendant la canicule de 2003, et à Nîmes lors d’un pic de chaleur en avril 2008 – avaient mis la puce à l’oreille de son équipe.

La planète chauffe, nos maladies prospèrent. Est-ce une vue de l’esprit ou bien une inquiétante réalité ? Les expériences du professeur Raoult rappellent que les agents qui affectent notre santé – bactéries, insectes, moisissures, pollen… – sont bel et bien « climato-dépendants ». Et le sujet, après avoir été longtemps ignoré, titille désormais les plus grands spécialistes. En septembre 2008, un rapport de l’Agence européenne de l’environnement, de la Commission européenne et de l’Organisation mondiale de la santé montrait que notre continent, perturbé par des changements climatiques, allait devoir faire face à une série de fléaux plus fréquents et plus intenses.

Plus de repas sanguins

Pour le grand public, la prise de conscience a émergé avec la canicule de 2003. Impossible désormais de ne pas lier maladie et réchauffement. « C’est même excessif ! Aujourd’hui, à chaque épidémie, on parle de changement climatique. Cette association systématique peut être dangereuse parce qu’elle conduit à négliger les autres facteurs socio-économiques », alerte Jean-Pierre Besancenot, ancien chercheur au CNRS, l’un des premiers et rares scientifiques à avoir consacré sa carrière aux effets du climat sur la santé. Ainsi, il ne faut pas oublier que c’est le commerce international des pneus usagés à travers le monde qui a introduit le moustique « tigre », vecteur du chikungunya, dans le Sud de la France et non quelques degrés de plus dans l’air. On ne sait si les conditions climatiques nouvelles lui permettront de s’installer durablement.

Tous les maux à venir ne sont donc pas à mettre dans la même bouilloire. Chocs thermiques, allergies ou développement des intoxications alimentaires : sur ces fronts-là, les scientifiques surveillent le thermomètre comme le lait sur le feu. En ce qui concerne les maladies infectieuses et parasitaires, les blouses blanches conservent le microscope braqué sur leurs « vecteurs », c’est-à-dire les moustiques, moucherons, tiques et même rongeurs, extrêmement sensibles aux changements environnementaux. « Savez-vous qu’entre le début du XXe siècle et aujourd’hui, la floraison du chêne en forêt est plus précoce d’un mois ? C’est sans doute également vrai pour l’activité de beaucoup d’insectes : ils disposent de davantage de temps pour construire une dynamique de population. Ils font donc des repas sanguins plus nombreux et ont plus de chance de devenir porteurs de virus et de le transmettre », schématise Renaud Lancelot, chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad).

L’homme est coordinateur d’Eden (1), un projet de recherche, financé par la Commission européenne, qui rassemble 400 chercheurs de 24 pays et 49 instituts scientifiques. Leur objectif : comprendre les impacts du changement climatique sur la propagation de différentes maladies – leishmaniose, virus West Nile, malaria, fièvre de la vallée du Rift… – dans des écosystèmes européens, de la Méditerranée à la Finlande et du Royaume-Uni jusqu’à la Turquie. Les équipes d’Eden doivent rendre leur copie à la fin de l’année. Mais, d’ores et déjà, les résultats invitent à la prudence. « Tous les scientifiques sont d’accord pour dire que le réchauffement n’est qu’une partie du problème. Il construit le paysage, c’est l’une des pièces du scénario », prévient Renaud Lancelot.

Un désert d’entomologistes

Si les scientifiques refusent de crier au loup, ils s’inquiètent en revanche de notre incapacité à anticiper les risques. Et notamment ceux issus de nos – jusqu’ici – amis les insectes. Avec demain, quelques degrés de plus, certains pourraient se révéler de terribles ennemis. Or, la France est devenue un désert d’entomologistes médicaux, ces chercheurs capables de vous raconter la vie d’un arthropode par le menu. « Nous n’avons pas formé de spécialistes depuis plus de vingt ans ! Il n’y a plus personne capable d’identifier les vecteurs sur le terrain », s’inquiète Gérard Duvallet, chercheur au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive de l’université Paul-Valéry à Montpellier. Sur les champs des futures batailles épidémiologiques, l’Hexagone manquerait donc d’éclaireurs. —

(1) Emerging Diseases in a changing European eNvironment

Illustration : Steven Burke

SUR LE MÊME THÈME

- Echantillon de maladies à sang chaud
Faites réagir vos proches, diffusez l'info !
Vous aimez Terra eco ? Abonnez-vous à la Newsletter
1 commentaire
TOUS LES COMMENTAIRES
COMMENTAIRES SÉLECTIONNÉS
RÉPONSES DE LA RÉDACTION
Trier par : Plus récents | Plus anciens
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte

publicité
1
publicité
2
    Terra eco
    Terra eco
publicité
3
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas