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"Face aux délocalisations, l’Etat doit jouer son rôle"

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La mondialisation heureuse est-elle pour demain ? Nous avons posé la question à Suzanne Berger, professeur au Massachusetts Institute of Technology de Cambridge (Etats-Unis).
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Suzanne Berger est l’auteure de Notre première mondialisation : leçon d’un échec oublié (Seuil, 2003).

Terra economica - Aux Etats-Unis, la question des délocalisations est au cœur de la campagne présidentielle. Le pays moteur de la mondialisation douterait-il du modèle libéral ?

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Suzanne Berger. Crédit : DR.

Suzanne Berger - Même dans les moments de prospérité, il y a toujours eu dans l’opinion des réticences vis-à-vis de la mondialisation. Pour une partie de l’opinion, le libre-échange n’est pas forcément une bonne chose pour les Etats-Unis. Or depuis trois ans, le pays a perdu 3 millions d’emplois et en a peu créé, malgré le retour de la croissance. En fait, on a le sentiment aujourd’hui que nous ne perdons plus seulement des emplois peu qualifiés, mais aussi des emplois de cols blancs, d’ingénieurs. Or le discours politique a toujours martelé qu’avec la formation et l’éducation on pourrait tirer le pays vers le haut.

Sur les 3 millions d’emplois perdus, quelle est la part due aux délocalisations ?

Difficile de faire la part des choses entre les emplois perdus par la hausse de la productivité et ceux perdus à cause des délocalisations. Selon les économistes, il est impossible que les délocalisations soient responsables de plus de 12 à 15% des pertes d’emplois observées. Mais ce qui est important, c’est que la perception du phénomène a changé.
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Perceptions.

Ces chiffres sont des estimations. Peut-on réellement mesurer les effets des délocalisations sur l’économie d’un pays, sur ses emplois ?

C’est difficile. Les documents des entreprises n’en rendent pas compte clairement. En fait, il faut distinguer plusieurs phénomènes. D’abord, la délocalisation pure et simple : l’entreprise déménage une usine d’un pays à un autre. Ensuite, l’"outsourcing", qu’on pourrait traduire par l’externalisation. Les activités demeurent dans le pays, mais l’entreprise les confie à un sous-traitant. C’est le cas quand la société de téléphone AT&T confie ses activités informatiques à IBM. Enfin, des entreprises peuvent mêler délocalisations et sous-traitance, ce qui rend encore plus difficile la mesure du phénomène. On sait toutefois qu’il y a plus de délocalisations qu’avant. Ca, c’est un fait.

Comment expliquez-vous cette accélération ?

Grâce à la numérisation, à l’Internet, on peut casser la chaîne traditionnelle de production, la fragmenter en morceaux. Et localiser ces morceaux dans des pays divers. Cela change radicalement la face de la mondialisation. Prenez le cas de Dell, premier vendeur de PC au monde. Le design et la vente des produits est fait aux Etats-Unis. Mais Dell ne fabrique pas le moindre PC : les ordinateurs sortent de chaînes de production taiwanaises ou chinoises.
Toutes les entreprises ne fonctionnent pas ainsi. Sony fabrique encore des ordinateurs dans ses propres usines, en Chine ou au Japon, car elle pense qu’il faut contrôler le processus de fabrication pour atteindre un niveau de qualité maximal. Sony, c’est l’ancien système. Dell c’est le nouveau, qui crée principalement des emplois dans les pays en développement ou émergents. Aujourd’hui le nouveau système gagne peu à peu sur l’ancien.
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Révolution.

Le problème c’est que la création d’emplois dans les pays riches est fondée sur l’ancien système... Oui. Mais ce système n’est pas forcément dépassé. Prenons le cas des biotechnologies : aux Etats-Unis, des entreprises se sont installées autour des laboratoires du MIT et de Harvard, dont les recherches sont pour beaucoup à l’origine des réussites dans ce secteur. Bien que les salaires et les impôts soient élevés, c’est ici que les emplois se créent. Car c’est ici que les idées circulent. Ici que l’on passe des recherches, aux prototypes et aux développements. En Californie, la Silicon Valley a connu le même mouvement avec les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il y a donc des tâches qu’on peut difficilement délocaliser.

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Savoir.

A vous écouter on a le sentiment que des pans entiers de l’économie traditionnelle sont condamnés. Que fait-on de ces emplois "traditionnels" ?

On peut résister, en innovant et en incorporant de la valeur ajoutée dans les produits que nous fabriquons. En Italie du nord, des entreprises conçoivent des montures de lunettes de mode : elles font des bénéfices et leurs ouvriers sont bien payés. A New York, 45000 personnes continuent de travailler dans l’habillement et la mode. Les salaires sont élevés et la moitié des employés sont syndiqués...

...lire la suite de l’interview

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En savoir plus :
Les pages Internet de Suzanne Berger

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Cofondateur et directeur de la publication du magazine Terra eco et du quotidien électronique Terraeco.net

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Président de l’association des Amis de Terra eco Ancien directeur de la rédaction de Terra eco

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