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29-06-2011
Mots clés
Religions
Etats-Unis

Etats-Unis : le double discours des chrétiens conservateurs

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Etats-Unis : le double discours des chrétiens conservateurs
(Crédit photo : DR)
 
Notre planète est-elle un don de Dieu à chérir ? Faut-il rejeter les discours des scientifiques ? Les fondamentalistes ne savent plus à quel saint se vouer.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Le thème du parc d’attractions le plus écolo des Etats-Unis ? L’Arche de Noé. « Ark Encounter » ouvrira ses portes en 2014 dans l’Etat du Kentucky. Le lieu célébrera la volonté de Dieu de sauver du déluge le patriarche et les espèces animales et se situera à une soixantaine de kilomètres du musée de la Création, où les visiteurs peuvent déjà apprendre que la Terre a été façonnée en six jours, il y a 6 000 ans.

Le clou du spectacle offert par le futur parc biblique : une arche grandeur nature en bois recyclé et peuplée, pendant la journée, d’animaux particulièrement bien traités. C’est ce que jure Mike Zovath, cofondateur d’Answers in Genesis, organisation fondamentaliste chrétienne, qui développe l’infrastructure. Son ambition est d’accueillir 1,6 million de visiteurs dès la première année. « Le parc sera un modèle en matière de développement durable », dit-il. Ark Encounter souhaite éduquer le public aux bienfaits du recyclage, du solaire, de l’éolien ou de la biomasse.« Les excréments des animaux qui peupleront l’Arche de Noé seront, par exemple, transformés en biogaz pour convaincre les visiteurs de réutiliser les ressources mises à notre disposition par Dieu », explique l’entrepreneur… qui ne croit pourtant pas au changement climatique, « théorie » qu’il juge « douteuse ». « Nous ne parlerons pas de réchauffement climatique mais de choses concrètes que nous serons en mesure de prouver. »

Un fossé s’est creusé

Calvin DeWitt, qui enseigne les sciences de l’environnement à l’université du Wisconsin-Madison, a cofondé, en 1993, l’Evangelical Environnemental Network, un mouvement écologiste évangélique. Il déplore le gouffre qui, aux Etats-Unis, sépare d’un côté la communauté scientifique et de l’autre les chrétiens fondamentalistes, très influents. « Dans les années 1970, le Congrès américain a adopté une série de grandes lois environnementales avec le soutien de l’ensemble de la communauté religieuse. Mais à partir des années 1980, le fossé s’est creusé, décrypte-t-il. Les lobbys du pétrole et du charbon ont convaincu un certain nombre de chrétiens fondamentalistes, partisans du “ big business ” et du marché libre, de discréditer les défenseurs de l’environnement (considérés comme des agitateurs de gauche, ndlr) et la communauté scientifique (souvent athée et ennemie du créationnisme, ndlr).  » Aujourd’hui encore, un petit réseau de chrétiens fondamentalistes baptisé Cornwall Alliance dénonce la volonté de l’Agence de protection environnementale de mettre les industries pollueuses à la diète de carbone, entraînant soi-disant par le fond l’économie américaine.

Le révérend Jim Ball, président de l’Evangelical Environmental Network, est, lui, adepte du « creation care », une doctrine qui consiste à prendre soin de la Terre puisqu’il s’agit d’un don de Dieu. Dans son récent ouvrage Global Warming and the Risen Lord, il parle de la nécessité pour les chrétiens de contribuer à la lutte contre le changement climatique. « Nous nous efforçons de convaincre la communauté évangélique (un tiers de la population américaine, ndlr) que le changement climatique est quelque chose de réel. L’obstacle principal est qu’au cours des vingt dernières années, ceux qui en parlaient étaient les scientifiques, les écologistes et les démocrates, trois groupes qui n’inspiraient pas forcément confiance à notre communauté. Aujourd’hui, il est donc plus efficace d’expliquer que la pollution fait du mal aux gens et que la règle d’or de Jésus est d’aider son prochain. Par exemple, nous expliquons que les populations qui vivent dans les pays pauvres sont les victimes innocentes du changement climatique et que nous avons pour mission d’alléger leur souffrance en modifiant nos comportements », assure-t-il.

Vider son église

Fin 2002, Jim Ball avait lancé la campagne « Que conduirait Jésus ? » afin de convaincre la communauté évangélique de rouler propre. Le pasteur avait parcouru le pays d’église en église à bord d’un véhicule hybride, une Toyota Prius flambant neuve. Un voyage qu’il souhaite répéter cet été. « J’essaie de convaincre Chevrolet de me prêter une Volt (véhicule électrique, ndlr) pour prouver aux gens qu’ils ont plus que jamais l’occasion de rouler propre », explique-t-il. Quant à Joel Hunter, pasteur à la tête d’une gigantesque communauté près d’Orlando en Floride qui recense 13 000 fidèles, il rêve de vider son église… pour la bonne cause : « Je souhaite que l’Eglise s’installe dans le salon du plus grand nombre de fidèles afin que les gens qui habitent loin évitent les déplacements en voiture. Chaque dimanche, de 3 000 et 4 000 fidèles suivent mes sermons sur Internet », proclame cet homme à la foi high tech et green. —

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Correspondante de « Terra eco » en Californie, Anne Sengès est l’auteur de « Eco-Tech : moteurs de la croissance verte en Californie et en France », paru en novembre 2009 aux éditions Autrement.

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