Energie-climat : le paquet sonne creux

Alors qu’à Poznan s’est achevée la conférence internationale sur la lutte contre le changement climatique, le monde avait les yeux rivés sur la Belgique. Les 27 pays de l’Union ont ratifié l’accord sur le paquet énergie-climat lors du Conseil européen à Bruxelles. Nicolas Sarkozy et José Manuel Barroso se sont félicités de cet « accord historique ». Le président français a même confié que « cela avait été plus facile qu’on l’a dit » avant de lancer souriant « nous on l’a fait, à vous de le faire ». L’enjeu était de taille, cet accord devait être un exemple pour le monde et une base de travail pour les discussions internationales à venir. L’Europe devait par ce texte se placer en leader mondial de l’environnement.

Un accord décevant.

Mais l’opération a été jugée "ratée" selon les ONG qui déplorent un texte sans substance, une coquille vide. « Cela donne vraiment un signal négatif au monde et plus particulièrement aux participants de la conférence de Poznan, s’indigne Sam Van den Plas du WWF Belgique. Il n’y a pas de vrais engagements, les Etats se sont battus pour leurs intérêts propres. Les grandes ambitions de 2007 ont été noyées dans les discussions. Au final, c’est très décevant. » Pour la plupart des ONG, l’Europe qui depuis longtemps est la locomotive des discussions internationales concernant l‘environnement vient de dérailler. Même son de cloche chez les verts européens. Claude Thumes, vice président du groupe au Parlement européen ne mâche pas ses mots « Au terme d’une âpre bataille, comme ce fut le cas ces derniers mois, c’est sous la pression des lobbys les plus puissants garantissant les intérêts nationaux que les vingt-sept se sont mis d’accord sur le "Paquet climat" ».

De nombreux compromis.

Exceptions, cadeaux, abaissement des objectifs, les critiques fusent depuis l’annonce de l’accord. " Notre ministre est allé faire un plaidoyer pour protéger notre industrie chimique et il a obtenu ce qu’il voulait. De nombreuses dérogations ont été accordées pareillement à la Pologne ou à la Hongrie. Ces compromis vont à l’encontre d’une évolution vers un développement durable et une économie propre dans l’Union européenne", explique Sam Van den plas. Le point noir de l’accord reste pour beaucoup la flexibilité concernant l’obtention des crédits d’émissions de GES gratuits accordés aux industries et aux pays fortement énergivores. Alors même que la mise aux enchères de ceux-ci devait générer des finances pour investir dans une politique climatique forte. Nombreux sont ceux qui craignent que l’exemple européen soit suivi au niveau international à Poznan et surtout à Copenhague en 2009.