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27-04-2009

Du charbon vert pour réchauffer l’Afrique

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Le charbon de bois a tout de l’ennemi à abattre : polluant, cher et encourageant la déforestation. L’ingénieur Guy Reinaud a trouvé la parade dans les résidus végétaux.
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Un peu plus de 30 % de leurs revenus, voilà ce qu’il en coûte aux Français pour se nourrir et se loger. Au Sénégal, cette part de budget est consacrée à l’achat du charbon de bois, une source d’énergie aujourd’hui incontournable en Afrique, notamment pour la cuisson des aliments. Or, son prix flambe car il se raréfie. Ainsi, la forêt qui se trouvait, il y a trente ans, à une trentaine de kilomètres de Dakar ne s’atteint désormais qu’au bout de 550 km. Le déboisement lié à l’usage du charbon est tel que, dans les zones rurales, les femmes doivent souvent parcourir plus d’une dizaine de kilomètres par jour pour en dénicher.

Ce constat a poussé Guy Reinaud, un centralien de 68 ans, à développer le « charbon vert ». A la base de cette source d’énergie : des résidus agricoles, comme les balles de riz, les pailles de blé, les tiges de coton, les coques de café, les roseaux, les bambous… Ces végétaux sont transformés en un charbon (lire ci-dessous) qui peut être, sous forme de boulets ou de briquettes, vendu comme un substitut au charbon de bois et pour un prix deux fois inférieur. L’idée a germé il y a environ quatorze ans dans l’esprit de Guy Reinaud, le président de Pro-Natura International (PNI), une association née au Brésil en 1985, avant de se développer au niveau mondial à partir de 1992.

Des milliers d’usines

Il a fallu treize ans pour que le projet trouve des débouchés concrets. Mais depuis fin 2007, le charbon vert est en production dans la région de Saint-Louis, au Sénégal, et bénéficie déjà à plus de 20 000 personnes. Une autre usine est en phase de démarrage en Afrique du Sud. Une troisième sera implantée au Mali dans les mois à venir. « Nous en prévoyons une dizaine d’ici un an, annonce Guy Reinaud. Une centaine dans deux ans et quelques milliers dans cinq ans. » Pour aborder cette phase industrielle, une entreprise, Charbon Vert International, devrait bientôt être créée. « Les premières machines ont été financées par du mécénat, explique Guy Reinaud, mais comme le charbon vert s’annonce comme une activité rentable, cela attire des investisseurs. » Des études sont ainsi en cours en Chine, en Inde et au Brésil.

Zéro méthane

Si le charbon vert est aussi noir que son cousin obtenu à partir du bois, il mérite néanmoins sa dénomination verte. D’une part, parce qu’il porte l’espoir d’une facture nettement moins élevée pour les foyers démunis. D’autre part, parce que son adoption mettrait un frein à l’alarmant engrenage de la déforestation. « Or, les forêts tropicales abritent 80 % de la biodiversité terrestre », rappelle Guy Reinaud. Mais ce n’est pas tout : ces arbres épargnés pourraient continuer à jouer leur rôle dans l’absorption des émissions de CO2. De plus, la récupération des résidus pour la production de charbon vert éviterait qu’ils soient brûlés en plein air et dégagent des gaz à effet de serre supplémentaires.

Enfin, contrairement à la production de charbon de bois, celle du charbon vert ne rejette pas de méthane, ce gaz dont l’effet réchauffant est 21 fois plus nocif que celui du CO2. Chez PNI, on a fait les comptes : pour chaque tonne de charbon vert produite à la place d’une tonne de charbon de bois, 11,6 tonnes de gaz à effet de serre sont évitées. La nouvelle a aussi de quoi réjouir les industriels, car ces non-émissions peuvent se monnayer sous forme de crédits carbone.

Piège à carbone ?

Enfin, PNI voit un débouché pour le charbon vert dans l’utilisation du « biochar », cette technique qui consiste à mêler du charbon de bois à la terre pour la rendre plus fertile. Les défenseurs du biochar arguent que les sols qui en sont nourris peuvent piéger le carbone et donc contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Pourquoi utiliser du charbon de bois si l’on peut choisir du charbon vert ? », se dit-on chez PNI. L’association va donc lancer un programme d’expérimentation. Histoire d’enraciner ce charbon alternatif dans l’avenir.


LA ROUTE VERS LA BRIQUETTE

Pour fabriquer du charbon vert, on récupère des déchets végétaux qu’on carbonise dans un récipient appelé « cornue » porté à très haute température (550° C). Les gaz qui s’échappent lors de ce processus sont récupérés, recyclés et brûlés. Ils permettent ainsi de chauffer la cornue en continu tout en évitant l’émission de gaz à effet de serre. Réduite en charbon, la matière peut ensuite être agglomérée et vendue sous forme de briquettes ou de boulets.
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