Dis Papa, c’est loin l’Afrique ?

C’est la même histoire tous les quatre ans. La planète, un mois durant, chausse les crampons et se passionne d’un Honduras-Suisse ou d’un Japon-Paraguay. Aucune honte à avoir. Le phénomène gagne tous les coins du globe. Le football est universel, ses règles et ses travers aussi.

La Coupe du monde de football, événement médiatique et commercial n°1 dans l’agenda de l’humanité depuis trente ans peut aussi offrir quelques savoureuses curiosités, comme un affrontement sur terrain vert entre les deux Corées par exemple. Mais indéniablement ce matin, c’est à la question de mon fils l’autre soir qui regardait la silhouette de Mandela se promener dans la lucarne que je songe. « Dis papa, c’est loin l’Afrique ? »

Tout est question d’échelle en fait. Pour l’aspect géographique, pas tant que cela. Quatre-vingt-dix minutes d’avion, trois dizaines d’heures de 4L depuis Nantes, ou quelques semaines dans les pas des pèlerins de Compostelle, et tu verras le soleil se lever au sud de la Méditerranée.

Mais l’affaire se corse dès qu’on élargit le champ. Car l’Afrique, mon fils, n’est pas invitée quand le G8, ce groupuscule de pays riches, se réunit. Elle ne préside pas plus le FMI que la Banque mondiale. La chute des bourses, au final, l’indiffère et, quand elle parle changement climatique à Copenhague, personne n’écoute.

L’Afrique existe pourtant, mais son actualité, vue de chez nous, au Nord, se résume souvent à des rapports sur la pauvreté, l’accès à l’eau ou l’inexorable montée du sida.

Alors, oui, l’Afrique est loin. Même si 16% de la population mondiale vit sur ce grand continent. Alors rêvons un peu. Que le 11 juillet sur le coup de 22h45, un Africain brandisse ce trophée qui fait saliver la planète toute entière. Et qu’il nous dise que oui, définitivement ce continent noir existe et qu’il mérite, au nom du milliard de personnes qui le peuplent, d’être invité au partage des richesses qui font le bonheur des autres.

Si la Coupe du monde pouvait aussi servir à cela…