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23-01-2008

"Davos brasse souvent de l’air"

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"Davos brasse souvent de l'air"
 
Michael Gama a enquêté sur les rencontres entre les élites mondiales. Davos, mais surtout le groupe Bilderberg, moins connu.
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Qu’est-ce qui distingue le Forum de Davos des réunions plus intimes, comme le groupe Bilderberg ?

Pour comprendre, il faut tout d’abord rappeler brièvement quelle est la teneur du groupe Bilderberg. Créé en 1954, celui-ci est avant tout un club qui réunit, une fois par an, un peu plus de 120 personnes. On peut déjà noter la différence avec le forum de Davos qui lui réunit des milliers de personnes. Les participants du groupe Bilderberg, qui se retrouvent pendant cinq jours dans un hôtel luxueux et systématiquement isolé, occupent tous les plus hautes fonctions dans leur secteur respectif. Lors des séances plénières, se côtoient ainsi des ministres, les dirigeants des plus grandes entreprises mondiales, les rédacteurs en chef de grands médias, dans une ambiance très privée, à l’abri de toute médiatisation. Ceci est une grosse différence avec Davos qui, au contraire, mise sur l’ultra-médiatisation.

Pourquoi les organisateurs de Davos veulent tant attirer les médias ?

Le Forum de Davos est avant tout une grande entreprise, brassant des fonds importants par le biais de sa fondation : il a donc besoin de cette visibilité médiatique. Et pour que cela marche, il faut faire des coups permanents, créer une multitude d’événements, même si parfois, cela brasse de l’air.

Certains témoignages font apparaître le Forum comme une banale foire commerciale...

C’est l’avis de nombreux participants du groupe Bilderberg, car ils ne sont pas dans cette optique médiatique mais, au contraire, discutent dans un cadre privé. Certains, lors de mes entretiens, aimaient à faire des comparaisons du type : "Bilderberg, c’est Fauchon", "Davos, c’est les Galeries Lafayette". Je trouve cette comparaison amusante car, même si elle est caricaturale, elle est assez pertinente.

Les questions environnementales et sociales sont-elles abordées lors de ces réunions, que l’on dit si influentes dans la préparation des grandes décisions internationales ?

Il faut bien faire attention. Dire que des décisions puissent se prendre dans ce type de groupes, de lieux, c’est évident. Après, il faut vite sortir de la vision caricaturale de la théorie du complot. Même si les décideurs participants à ces groupes le voulaient, ils ne le pourraient pas de toutes façons. Alors dire qu’il y a des tentatives de complots permanents pour défendre des intérêts particuliers, c’est effectivement le cas. Parler de complot mondial, sûrement pas. Quant aux sujets traités, les questions environnementales et sociales sont bien évidemment abordées, puisque ce sont des sujets importants pour les décideurs d’aujourd’hui.

Des militants altermondialistes sont-ils parfois invités ?

Un participant m’avait dit : "L’essence du système, c’est-à-dire la fonction assimilatrice du système, c’est que les dissidents sont invités. A mon avis, José Bové sera un jour invité, c’est évident." Je pense que cette phrase parle d’elle-même.

Ces rencontres seraient donc susceptibles d’être le lieu d’une prise de conscience planétaire au sujet du développement durable...

Derrière les prétentions de gouvernance mondiale pour le bien-être de tous ("répandre la démocratie", "aider les pays du sud", etc.), il s’agit surtout de conserver les privilèges, les positions sociales. Si aider les plus démunis peut faire en sorte que ces derniers ne se révoltent pas, et donc peut aider ces gens-là à se maintenir au sommet de l’échelle sociale, alors oui, ils feront tout ce qui leur est possible de faire.

Et pour les questions environnementales ?

C’est pareil. Tous les décideurs savent très bien que le système capitaliste a puisé au maximum les ressources naturelles. S’ils veulent que la production perdure avec le même dynamisme économique, ils savent qu’il faut prendre en compte ces nouveaux facteurs. Ce n’est pas pour rien que le thème développement durable est repris par toutes les grandes entreprises et par tous les politiques. Cependant, tous les décideurs savent que leur champ d’action est très limité. Les participants à ces groupes se retrouvent donc face à une forte contradiction : entre, d’une part, être obligés de répondre aux immenses problèmes sociaux et écologiques, et savoir, d’autre part, que le système capitaliste fonctionne en partie à travers eux.
Sources de cet article

Michael Gama est l’auteur de "Rencontres au sommet : quand les hommes de pouvoir se réunissent" aux éditions L’Altiplano.

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