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14-03-2012
Mots clés
Politique
Climat
France
Chronique

Comment Paris peut devenir plus verte et moins chère d’ici 2030

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Comment Paris peut devenir plus verte et moins chère d'ici 2030
(Crédit photo : Ginger )
 
Il n'y a qu'en s'attaquant à la fois à l'étalement urbain, aux inégalités et à la pression foncière que l'agglomération parisienne peut devenir plus verte et gagner en qualité de vie, estiment Stéphane Hallegatte et Vincent Viguié.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Concevoir des politiques de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre en ville n’est pas chose aisée. Principalement parce que la ville et ses habitants ont déjà leurs propres objectifs, à savoir le contrôle de la pression foncière et la lutte contre les inégalités. Toute politique « climatique » a un effet sur ces enjeux, et réciproquement.

Ces interactions ne sont pas simples, et dépendent de nombreux facteurs. Elles peuvent tantôt conduire à des arbitrages, lorsque différents objectifs s’opposent, et tantôt à des synergies, lorsqu’une mesure a des effets secondaires positifs. Par exemple, on peut lutter contre l’étalement urbain et réduire les émissions de gaz à effet de serre par une politique d’urbanisme active, comme la mise en place d’une politique de type « ceinture verte », qui interdit les constructions supplémentaires à la frontière de la ville. Mais une telle politique est difficile à mettre en place dans le contexte actuel de crise du logement car, en contraignant les constructions, elle risquerait de faire augmenter un peu plus les prix de l’immobilier observés au centre de l’agglomération.

Autre exemple, une subvention au prix des transports en commun permet d’encourager à utiliser les transports collectifs au lieu de la voiture, et donc également de réduire les émissions. Une telle politique est en théorie plutôt bénéfique pour l’accès aux logements car elle incite à aller s’établir en banlieue et diminue ainsi la pression sur les prix immobiliers (voir carte n°1). Mais, une telle subvention se heurte à d’autres considérations : d’abord elle apporte des avantages très inégalement répartis dans la population, vu que ceux qui ne peuvent pas utiliser les transports en commun risquent de se sentir lésés. Sur le plus long terme, une telle subvention risque également d’amplifier l’étalement urbain, ce qui participe à d’autres problèmes environnementaux comme l’artificialisation des terres arables ou la fragmentation des espaces naturels.

Carte n°1 : Variation simulée du niveau des loyers en cas de forte subvention aux transports en commun incluant le passage au tarif unique dans l’ensemble de l’agglomération (à 14 euros par mois pour toutes les zones)

S’attaquer séparément aux problèmes de logement, transport et de gestion de l’environnement conduit ainsi généralement toujours à des problèmes de mise en œuvre. Mais s’attaquer à ces problèmes de manière simultanée par des politiques conjointes cohérentes peut permettre de compenser en partie les problèmes créés par chacune.

Dans un article paraissant ce mois-ci dans la revue Nature Climate Change  [1], nous avons analysé ces problèmes à l’aide d’un modèle numérique de l’agglomération parisienne, utilisé pour créer des scénarios de l’évolution de la ville d’ici à 2030. En l’absence de politique, il est probable que l’augmentation des revenus, les progrès technologiques et les prix de l’immobilier vont engendrer une urbanisation croissante et à faible densité, et donc un fort étalement urbain dans les deux prochaines décennies (voir carte n°2).

Carte n°2 : Scénario d’évolution de l’agglomération parisienne d’ici à 2030 en l’absence de politiques pour lutter contre l’étalement urbain. L’augmentation des revenus, les progrès technologiques, et les prix de l’immobilier poussent à une urbanisation croissante et à faible densité.

En revanche, la mise en place conjointe d’une politique d’urbanisme de type « ceinture verte » et d’une subvention adéquate aux transports en commun pourraient permettre de réduire les émissions tout en améliorant l’accès au logement. Ces résultats suggèrent que, plutôt que de mettre en place des politiques environnementales indépendantes, il est plus efficace d’intégrer les enjeux climatiques au sein des politiques traditionnelles de transport et d’urbanisme. Dans ce cas, les politiques environnementales peuvent être conçues de manière à produire des bénéfices en terme d’accès au logement et d’attractivité de l’agglomération. Contrairement à des idées préconçues, préserver l’environnement n’a donc pas à se faire au détriment de la qualité de vie.

[1] Trade-Offs and Synergies in Urban Climate Policies, à paraître dans le numéro d’avril de Nature Climate Change, et en ligne ici

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Stéphane Hallegatte est économiste pour Météo-France et au CIRED, et chargé de mission à la Banque Mondiale.

Vincent Viguié est économiste au Centre International de Recherche sur l’environnement et le Développement (CIRED).

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