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26-04-2012
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Energies
Chine

Chine : le barrage qui force à l’exil

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Chine : le barrage qui force à l'exil
(Photo : Barrage des Trois Gorges. Crédit : Hughrocks / Flickr)
 
Plus de 100 000 personnes devront être déplacées à cause des glissements de terrain provoqués par le barrage des Trois Gorges, en Chine. 1,4 million d'autres ont déjà dû s'éloigner par le passé, à cause de la montée des eaux...
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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C’était le rêve du leader de la révolution chinoise Mao Zedong, c’est devenu l’enfer des Chinois d’aujourd’hui : le barrage des Trois Gorges, l’un des deux plus grands barrages au monde avec celui d’Itaipu, à la frontière paraguo-brésilienne, inquiète de nouveau les habitants de la province de Hubei. Cette fois, c’est même le ministre du Bureau de prévention des catastrophes géologiques des Trois Gorges, Liu Yuan, qui le dit : « 100 000 personnes pourraient être déplacées de la région dans les 3 à 5 prochaines années », a-t-il affirmé sur les ondes de la radio nationale chinoise.

Déjà 1,4 million de déplacés

Déplacer des habitants ? Le monstre hydroélectrique chinois s’en est fait une spécialité : plus d’1,4 million de personnes ont déjà été évacuées depuis sa mise en chantier, en 1994. Long de 2235 mètres, le barrage culmine à 185 mètres au-dessus du niveau de la mer et fait grimper le niveau d’eau à 175 mètres... soit 110 mètres au-dessus du niveau initial du Yangtze, sur le cours duquel il est installé.

Devant cette montée des eaux programmée, les résidents de 13 métropoles, 140 villes et 1350 villages, installés sur les 600 kilomètres de rives submergées, n’ont eu qu’à déguerpir en acceptant quelques compensations du gouvernement. « Notre objectif est de s’assurer que ceux qui sont relogés auront des meilleures conditions de vie et de travail. Les compensations que nous offrons sont plus importantes que les pertes attendues », rassurait pourtant en 1993 Li Boning, alors à la tête du Bureau des migrations des Trois Gorges.

Une décennie plus tard, les promesses avaient elles aussi pris l’eau : un rapport de l’ONG International Rivers dénonçait en 2003 les détournements de fonds de compensation pour construire des routes et des hôtels. Il révélait aussi qu’on avait demandé aux paysans déplacés « d’acheter » leurs nouveaux jobs urbains avec la somme versée pour compensation, d’acquérir de nouveaux logements à des prix bien supérieurs à la compensation, ou que des compensations n’avaient tout simplement jamais été versées...

Plus de 5000 sites sous haute surveillance

Aujourd’hui, ce n’est plus une nouvelle montée des eaux qui menacent les habitants, mais les dégâts collatéraux liés à la présence de ce mastodonte : comme le niveau du réservoir s’élève et descend au rythme des saisons, les berges sont fragilisées, s’érodent et les glissements de terrain sont toujours plus nombreux. Le gouvernement chinois a reconnu que 420 glissements de terrains et 2900 plus petits incidents géologiques s’étaient déjà produits. 5386 autres sites dangereux auraient, quant à eux, été mis sous haute surveillance. C’est bien simple : depuis que le réservoir a atteint son niveau optimal, en 2010, les accidents de ce genre auraient augmenté de 70 % ! 

Le problème n’est pas nouveau et les scientifiques de tous bords, environnementalistes comme géologues, ont très tôt sonné la sirène d’alarme. Construire un tel barrage dans une région si peuplée, qui abrite également des espèces animales et végétales en danger, et qui plus est sur une faille géologique sont autant d’ingrédients pour une recette catastrophique, n’ont-ils cessé de prévenir. Depuis 2003, lorsque le barrage a commencé à stocker de l’eau, les premiers glissements de terrain sont apparus. Cette année-là, une vague de près de 20 mètres de haut provoquée par des éboulements avait causé la mort de 14 personnes. En 2007, un bus avait été enseveli, avec ses 31 passagers.

« Difficile de savoir ce qu’il se passe »

Pendant des années, le gouvernement chinois a fait la sourde oreille, campant sur ses positions et défendant son projet : le barrage des Trois-Gorges - dont on estime qu’il a coûté environ 180 milliards de yuans (20 milliards d’euros) - devait être l’emblème de l’énergie renouvelable dans la Chine de demain et un moyen d’empêcher les inondations qui détruisaient régulièrement les berges en aval du Yangtze.

Mais en 2008, après les glissements de terrain meurtriers, changement de ton : la Chine reconnaît que son bébé cause peut-être plus de problèmes qu’il n’espérait en résoudre. « Nous ne pouvons tout simplement pas sacrifier l’environnement en échange de gains économiques temporaires », reconnaissait Wang Xiaofeng, en charge du projet pour le Conseil d’État, lors d’une réunion avec des scientifiques. Aujourd’hui, la Chine dit même a demi-mot qu’elle ne maîtrise peut-être plus vraiment son rejeton. « A cause de la complexité et des incertitudes liées à ces problèmes, la modélisation de catastrophes naturelles ne peut pas être prévue avec précision. C’est difficile de savoir ce qui se passe... », a avoué Liu Yuan. Reste à savoir s’il est encore temps de faire autre chose que de colmater les brèches ouvertes par ce bébé surdimensionné...

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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