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7-10-2004
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Société
France

Changement de direction (suite)

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...Le changement n’intervient pas forcément dans des circonstances dramatiques, pas plus qu’il ne se construit sur la rancœur. Un spécialiste du reclassement de salariés raconte ainsi l’histoire d’un de ses clients, responsable d’une grosse entreprise. "Son rêve était de reprendre un hôtel dans une région agréable. Il a profité d’une restructuration pour franchir le pas et se former à cette nouvelle vie. Pour autant, il n’exprimait pas un ras-le-bol de son expérience de dirigeant, mais la volonté de changer de cap après avoir fait le tour de son métier".

L’argent, le nerf de la révolution

Les années start-up ont engendré quelques parcours similaires. Lorsque Yahoo, jeune pousse américaine en phase d’internationalisation, a posé le pied en Europe, Philippe Guillanton en a pris la direction commerciale. "Ce fut passionnant mais épuisant, se souvient-il. Je ne voyais pas mes enfants". L’affaire a pris un tour heureux, notamment sur le plan financier. Philippe Guillanton a quitté son job à la mi-2001 et acquis le domaine provençal de Margüi, une vieille bâtisse de pierres. Avec son épouse - qui en est l’exploitante - il y a replanté une quinzaine d’hectares de vigne et une olivaie. Un vrai travail, le stress en moins. La première récolte a eu lieu à l’automne 2003. Et la commercialisation, ces derniers mois : de janvier à mars pour les premiers contacts ; de mai à août pour les livraisons aux cavistes et restaurateurs de la région PACA. "Quand les vendanges arrivent, c’est un peu une avalanche qui vous tombe sur la tête, raconte Philippe Guillanton. Cela dit, je préfère courtiser les cavistes que les media-planners. Et si un jour je ne veux rien faire, je reporte au lendemain".

Assurer les arrières

Vie de rêve ? Sans doute. Mais pas pour faire n’importe quoi. "On voit des dirigeants se mettre au service d’associations, à condition de pouvoir leur apporter une réelle technicité. Ca peut-être le cas de logisticiens, par exemple", rapporte un conseiller en ressources humaines. Pas question non plus de sauter dans le vide. Pour Philippe Guillanton l’indépendance financière fut le préalable indispensable au changement. "Disons que grâce à cela j’ai le choix de pouvoir me tromper. Mais nous avons des amis qui comptent sur leur exploitation pour vivre, avec des emprunts bancaires à rembourser. Je peux vous garantir qu’ils sont aussi stressés que s’ils travaillaient chez IBM", confie-t-il. Même analyse pour Laurent Le Moigne. Le caviste a investi plusieurs dizaines de milliers d’euros dans son affaire, qu’il souhaite rentable, de quoi assurer un revenu correct. "Je gagne beaucoup moins d’argent qu’auparavant, mais je ne m’en plains absolument pas", dit-il. Propriétaire d’un appartement, il s’est de toute façon lancé avec un filet de secours.

Du haut de cette pyramide...

Le changement de vie serait-il donc l’apanage des millionnaires ? Pas sûr. L’écrivain Marc Durin-Valois a tout d’abord vu ses revenus divisés par plus de dix. "En 2002, j’ai déclaré 4500 euros de revenus. Faire ce que l’on aime est un luxe qui se paie cher. Je crois que plus que les millions, la base de la liberté c’est de posséder son propre toit", précise-t-il. Smicards-locataires passez votre chemin, la liberté reste un luxe inaccessible... Les gens de marketing appellent cela la pyramide des cinq besoins de Maslow. Selon eux le besoin d’accomplissement de soi, potentiellement synonyme de changement de vie, ne prendrait le dessus que lorsque sont satisfaits les besoins physiologiques (se nourrir), de sécurité (emploi, revenus), d’appartenance (famille, société), et d’estime (reconnaissance sociale).

Le train-train de vie

Reste que même pour un cadre de haut niveau bardé de stock-options, changer de vie est une affaire de culot. "J’en connais très peu qui ont réellement fait la démarche, observe Alexandre Noto. Certains se créent même des obstacles, tant le franchissement du cap les angoisse". Ainsi, ce dirigeant prêt à tout plaquer pour trimballer femme et enfants jusqu’à Papeete. Il faillit renoncer au pied du mur en apprenant qu’il fallait mettre son chien en quarantaine... "Plus votre salaire est élevé, plus cela demande une restructuration complète de votre vie. Car vous avez un train de vie mais aussi les emprunts, impôts et baby-sitter qui vont avec", poursuit Laurent Le Moigne.

Outre le renoncement au train de vie, "pour un chef d’entreprise, changer de vie est aussi difficile que prendre sa retraite du jour au lendemain quand on a fait une course de vitesse pendant des années", ajoute Alexandre Noto. "Aux Etats-Unis, dans la Silicon Valley, les gens qui ont gagné beaucoup d’argent font des pauses pour respirer. Mais reviennent très vite aux affaires. Premièrement parce qu’ils s’emmerdent dans leur nouvelle vie, deuxièmement parce qu’on vient les chercher", tranche la directrice d’un cabinet international de recrutement.

En parler ou le faire ?

Pour sa part Philippe Guillanton n’a pas rompu tout lien avec les affaires, mais ne retournerait vivre à Paris pour rien au monde. "Je reste administrateur indépendant dans deux sociétés, ce qui m’amène à Paris une fois tous les mois et demi", confie-t-il. "Mais il y a une règle : être tous les mercredis à la maison pour les enfants, et ne rien avoir à faire le week-end". Le maintien d’un contact avec "les affaires" est parfois plus subi que choisi : "Même quand on le veut, on ne peut jamais rompre complètement. En tant qu’écrivain, j’ai des problématiques de marketing, de plan media. Je dois faire ces concessions pour rester libre, même si ça me rase", souligne Marc Durin-Valois.

Pour d’autres, fréquenter les cercles du pouvoir et tutoyer la notoriété finit par l’emporter sur la réalisation des rêves. "Les dirigeants d’entreprise sont comme tout le monde. Ils ont du mal à rompre avec leur vie, fût-elle stressante, analyse Bernard Préel. Voilà pourquoi ceux qui l’ont fait se comptent sur les doigts de la main. En définitive l’important n’est pas de tout plaquer, mais de jouer avec cette idée. Ca fait bien dans les dîners en ville, mais ça relève bien davantage du fantasme que de la réalité".

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