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5-01-2006
Mots clés
Social
Europe

Au bon coeur des hypers

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Un professeur de Bologne fait les poubelles des hypers pour redistribuer son butin aux nécessiteux. Des denrées alimentaires en attendant les nourritures spirituelles.
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Cinq ans de gestation. C’est long pour une grossesse et très court pour concrétiser une utopie : offrir gratuitement aux plus démunis nourriture, livres et médicaments sans débourser un sou. Ici pas de tour de passe-passe ni de multiplication des pains, juste de l’huile de coude et du jus de crâne. Le professeur Andréa Segré, de l’université de Bologne, assume la paternité de cette idée fertile. "Quotidiennement, des tonnes de marchandises sont jetées par les magasins car elles ne sont plus considérées comme commercialisables, soit parce que les emballages sont abîmés, soit parce que les dates de péremption arrivent à échéance". Des montagnes de ressources, alimentaires ou non, sont ainsi détruites. Conséquence : un gaspillage colossal et une nuisance environnementale à long terme. "Alors pourquoi ne pas les redistribuer ? Nous sommes alors en 1998 et le sang du professeur ne fait qu’un tour. Il convainc une poignée de ses étudiants de noircir les pages d’un "modèle économique de la solidarité" qui aboutira en 2003, à la création de l’association Last Minute Market.

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L’équipe de Last Minute Market : "mon utopie tient dans la poubelle"

Le principe est simple. On récupère auprès des hypermarchés, des sociétés de restauration collective, des bars, les produits encore comestibles qui ont la fâcheuse tendance à terminer course dans une poubelle ou un incinérateur. Aux associations bénévoles et caritatives, ensuite, de les distribuer. Sur les bénéfices d’une telle opération, Andréa Segré est intarissable. "En amont, les sociétés participent à un projet de développement durable, toujours bon pour leur image, tout en réduisant le coût du recyclage de leurs ordures. En aval, les communes améliorent les aides aux démunis sans coût supplémentaire et réduisent le volume de déchets". Sur le principe européen du "pollueur payeur" (décret Ronchi en Italie), les municipalités, en économisant sur ces taxes, augmentent leur budget de fonctionnement. Concrètement, dans la région d’Emilie Romagne (Modène, Bologne), point de départ de l’opération en 2003, Last Minute Market a récupéré 8 tonnes de produits alimentaires en six mois. Un an plus tard, en 2004, les hypermarchés ont délivré 150 tonnes de marchandises, et les supermarchés près de 25.

620 000 bouches

L’association ambitionne d’étendre l’initiative à toute la péninsule transalpine. But avoué : atteindre un volume annuel de 238 000 tonnes pour satisfaire quotidiennement et trois fois par jour, 620 000 bouches. "Une goutte d’eau dans un océan de gaspillage, mais c’est un jeu qui en vaut la chandelle", observe Andréa Segré. Last Minute Market poursuit un objectif plus large que la seule redistribution de nourriture. Elle voudrait alimenter l’esprit. En récupérant des milliers de livres qui, après des années d’errements dans les rayonnages des libraires, finissent au pilon. A ce jour, 30 000 ouvrages ont rejoint le Brésil par bateau pour alimenter la communauté italienne locale dans le besoin. Pour le moment, le décret dit "Bon Samaritain" (juillet 2003) ne permet aux entreprises de récupérer la TVA que sur les produits alimentaires offerts aux associations caritatives. A l’exclusion de toute autre marchandise...

Pollueur-payeur-nourrisseur

Un autre projet de loi, déposé en juillet 2004, attend l’approbation du Parlement. Cette loi dite "anti-sprechi" (anti-gaspi) étendrait les avantages fiscaux à tous les types de produits destinés à la destruction. Les jouets, les produits ménagers ou encore les vêtements entameraient ainsi une deuxième carrière. Sans attendre les délibérations laborieuses des parlementaires, le professeur pragmatique a ouvert deux nouveaux chantiers : un pour la récupération de médicaments et l’autre pour celle des fruits et légumes... Ceux qui ne sont jamais cueillis car le coût de la récolte est supérieur au prix de vente. "Une situation emblématique d’une société où des millions de gens dans le besoin côtoient des individus qui ne savent plus s’ils consomment pour vivre ou s’ils vivent pour consommer".
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