Apple ouvre (enfin) ses portes à un audit

Sous la pression, Apple a donc finalement accepté d’ouvrir les portes des usines de son fournisseur Foxconn. L’inspection des conditions de travail a commencé ce lundi 13 février dans les usines Foxconn à Shenzen et Chengdu en Chine. C’est là-bas qu’est fabriquée une partie des Iphones, Ipads et autres produits d’Apple.

La marque à la pomme a cédé aux pressions internationales il y a un mois, en demandant un audit à l’organisme Fair labore associaation (FLA), spécialisé dans l’inspection du travail. « Nous pensons que les travailleurs du monde entier ont le droit à des conditions de travail sûres et justes », déclarait lundi dans un communiqué Tim Cook, le nouveau patron d’Apple. Les résultats seront publiés sur le site internet du FLA lien au début du mois de mars. L’enquête concernera d’autres sous-traitants de la multinationale comme Quanta et Pegatron.

Des hommes-machine

Foxconn est l’entreprise la plus critiquée. Aujourd’hui, 1,2 million d’ouvriers sont employés dans ces usines-dortoirs, que des universitaires chinois comparent à des camps de travail. Les salariés, parfois des adolescents, subissent un rythme de 70 heures par semaine pour un salaire moyen de 200 euros. Ils sont logés sur le site et dorment à six dans des cases de 10m². Ils sont exposés en permanence à des produits toxiques comme le cuivre ou le nickel sans protection suffisante. L’année dernière, une explosion à l’usine Foxconn de Chengdu a tué quatre personnes.

Le 23 décembre 2010, Jordan Pouille, journaliste au magazine La Vie avait pu entrer dans une cité. Voici un extrait de son reportage :

Le bagne high-tech chinois où se fabriquent nos... par La_Vie_hebdo

La polémique enfle depuis 2010, année où l’on a recensé 20 suicides ou tentatives de suicides à Foxconn. Depuis, des filets ont été installés sur le toit des immeubles. Les employés doivent également signer une clause de non-suicide. Voir le reportage de BFM en mai 2010 :

Une ONG controversée

La société Apple a publié un code de conduite à l’adresse de ses sous-traitants, où elle les enjoint à respecter un certain nombre de règles pour la dignité et la sécurité des employés. La multinationale rappelle aussi qu’elle a déjà mené 40 audits chez ses fournisseurs.

Cette fois, elle veut rassurer l’opinion en confiant une enquête plus approfondie à FLA. Des milliers d’employés vont être interrogés « sur le travail et les conditions de vie y compris la santé et la sécurité, la rémunération, les heures de travail et de la communication avec la direction ». Les enquêteurs de l’ONG pourront pénétrer dans les zones de fabrication et les dortoirs. FLA a déjà rendu un certain nombre de rapports pour des grandes marques comme H&M. Néanmoins, l’exigence et l’indépendance de cet organisme, dont les règles ont été établies par une coalition d’industriels, sont souvent mises en cause. Créée en 1999 suite à un appel de Bill Clinton, l’ONG est associée à plusieurs entreprises qui s’engagent à respecter un code de conduite, comme Adidas ou Nike. Mais ces grandes marques ont aussi un rôle financier au sein de FLA, ce qui peut créer un conflit d’intérêt. Dans un article du New York Times du 13 février, d’autres associations de défense du travail déplorent des inspections inefficaces, qui donnent suite à peu d’améliorations dans les usines.

A noter qu’Apple est le premier groupe de l’industrie high-tech à entamer une telle démarche. Selon une autre enquête du New York Times du 25 janvier dernier, Foxconn serait le fournisseur de « 40% de l’électronique grand public, y compris pour des clients comme Amazon, Dell, Hewlett-Packard, Nintendo, Nokia et Samsung ».