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19-01-2011
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Social
Consommation
France
Portrait

Annabelle, surendettée : « J’aurais voulu que quelqu’un nous dise stop ! »

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Annabelle, surendettée : « J'aurais voulu que quelqu'un nous dise stop ! »
(Crédit photo : woodleywonderworks/Flickr)
 
Entrée en vigueur le 1er novembre, la loi Lagarde vise à soulager les surendettés. Qui sont-ils ? Comment en sont-ils arrivés là ? Rencontre avec une femme qui doit encore 227 000 euros… après avoir revendu sa maison à perte.
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Annabelle (1) s’en souvient très bien. Son premier crédit, c’était à la naissance de sa fille, il y a dix-huit ans. « J’ai emprunté pour acheter un lit pour bébé et un robot pour faire des soupes. » A l’époque, elle emprunte 5 000 francs (760 euros) chez Cetelem. En totale confiance puisque l’organisme ne lui demande pas ses bulletins de salaire. Un justificatif de domicile et une carte d’identité suffisent. « Je ne voyais pas le danger, beaucoup de personnes prenaient des crédits autour de moi. »

Elle n’a pas terminé de rembourser son premier emprunt que Cetelem lui propose des liquidités supplémentaires « Comme je n’avais toujours pas de travail et que mon conjoint gagnait à peine le smic avec des petits boulots, j’ai emprunté 2 000 francs supplémentaires (305 euros, ndlr). C’est là que les ennuis ont commencé. » Alors qu’elle ne parvient pas à rembourser, les organismes de crédit ne la lâchent pas : « Ils me relancent même régulièrement avec de nouvelles offres, avant Noël ou avant les vacances, se souvient-elle. Comme j’avais des découverts à chaque fin de mois et que la pression était plus forte du côté des banques que du côté des organismes de crédit, j’ai souscris à de nouveaux crédits à la consommation. » A cette époque, Annabelle pensait encore pouvoir maîtriser la situation.

La spirale puis la bérézina

« On vivait au-dessus de nos moyens, continuait à sortir, on consommait parfois de manière futile. On voulait profiter. Tout était payé en Carte bleue, on ne voyait pas l’argent passer. Comme nous étions tous deux issus de milieux où l’on avait connu la privation et la frustration, on compensait. » Vient un nouvel emprunt pour s’offrir un premier voyage à l’étranger. Puis un autre crédit à la consommation. Puis un prêt pour la voiture, pour le logement, etc. C’est la spirale. « Personne ne nous a jamais dit “stop”. Pire : mon banquier, voyant que j’avais multiplié mon salaire par trois, m’a accordé un prêt pour combler mes découverts. » Des découverts qui atteignent certains mois 7 000 euros : le versement des salaires ne parviennent même plus à remettre les compteurs à zéro. Lorsque, du jour au lendemain, la banque n’autorise plus les découverts, le couple se retrouve à « payer les pénalités plein pot ».

Grâce à son ascension professionnelle, Annabelle pense s’en sortir : elle gagne toujours plus d’argent. « Mais à un moment, je me suis dit c’était peine perdue. Et lorsqu’on a voulu acheter notre logement, ça a été la bérézina. » On lui prête 220 000 euros alors qu’elle se retrouve au chômage et que son conjoint travaille en intérim. « On a juste été contraints de passer des examens médicaux », sourit-elle. « Nous étions endettés à 70% ou 80%. Dans cette situation, j’aurais aimé que mon banquier nous dise alors que notre projet n’était pas viable. J’ai l’impression, puisque j’avais de bons revenus qui progressaient, d’avoir été traitée comme une vache à lait, même si je ne nie pas ma responsabilité. »

« La Banque de France a passé ma vie au scanner »

En 2009, vient le « déclic ». « Je voulais mettre ma famille à l’abri après tous ces mauvais choix… », explique-t-elle. Le couple vend sa maison, réduit drastiquement ses dépenses, change de banque pour un organisme solidaire, et se renseigne sur le surendettement. « La Banque de France a passé ma vie au scanner et accepté mon dossier. » Le bilan de l’organisme : « nous étions endetté à 90% et devions rembourser 3 500 euros par mois ». Dès lors, la commission de surendettement lui adresse une interdiction formelle de payer ses créanciers et lui ordonne de ne subvenir qu’à ses besoins essentiels (alimentation, logement). Le plan de redressement proposé ramène la dette du foyer à 1 500 euros par mois sur les dix-huit premiers mois. Encore faut-il que ses créanciers l’acceptent… « Avec la nouvelle loi Lagarde, les organismes de crédit et les banques vont se montrer plus prudents », espère-t-elle.

Quoi qu’il advienne, à 37 ans, Annabelle décide de se passer de carte bancaire. « Avec mon conjoint, on s’alloue des enveloppes avec des billets en début de mois, et on ne ne dépense que ce qu’on a. Je ne me suis jamais sentie aussi bien par rapport à l’argent. »

(1) A sa demande, le prénom a été changé.

Le foyer d’Annabelle, en couple, deux enfants
- Revenus : 4 000 euros net/mois
- Niveau d’endettement : 227 000 euros
- Remboursement après intervention de la commission de surendettement : 1 500 euros/mois

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