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3-12-2010
Mots clés
Géopolitique
Climat
Europe
Chronique

A Cancún, l’Europe doit donner le tempo

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A Cancún, l'Europe doit donner le tempo
(Crédit photo : Ainhoa Goma/Oxfam)
 
Les Etats-Unis ne sont pas prêts à avancer au sommet de Cancún. Et bien, avançons sans eux ! L'UE doit être ambitieuse et proposer de réduire ses émissions de 30% en 2020.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Le sommet climat de Copenhague, fin 2009, a été un échec. Malgré – ou à cause de – la présence d’une centaine de chefs d’Etat, le rêve d’un grand soir climatique s’est évanoui. La capitale danoise aura accouché d’un « accord de Copenhague » non contraignant, non reconnu par l’ensemble des pays de l’ONU, et qui nous place sur la voie d’un réchauffement de notre planète de plus de 3° C. Inacceptable. Sur la question des « financements précoces », le sommet a pu sauver les apparences : les pays riches ont promis de débloquer 30 milliards de dollars (22,5 milliards d’euros) entre 2010 et 2012 pour aider les pays en développement à faire face à l’urgence climatique.

Comment expliquer l’échec de Copenhague ? Un an après l’arrivée d’Obama, les Etats-Unis n’avaient pas grand-chose à offrir. Mais ils demandaient beaucoup aux grands émergents, Chine en tête : prendre des engagements identiques à ceux des pays industrialisés. Résultat : un accord qui est le plus petit dénominateur commun entre ces « big players ». De son côté l’UE, empêtrée dans ses discussions internes et perturbée par le bal des ego de ses chefs d’Etat, n’a pas été capable de peser dans la négociation.

Un an après Copenhague, la situation politique ne s’est malheureusement pas améliorée. La loi sur le climat américaine est passée à la trappe après le changement de majorité à la Chambre des représentants. Les pays industrialisés ne sont toujours pas sortis d’une crise, en particulier budgétaire, qui n’incite pas à l’action en faveur du climat ou à la générosité financière envers les pays du Sud. Dans ces conditions, les grands émergents attendent. Plus fondamentalement, rares sont les chefs d’Etat qui croient concrètement, aujourd’hui, aux bénéfices sociaux et économiques de la transformation écologique.

Dans ces conditions, que peut-on attendre de Cancún ? Cette conférence n’accouchera pas de l’accord idéal dont tout le monde rêvait à Copenhague. L’enjeu principal est de recrédibiliser le processus de négociation onusien. En effet, l’échec du sommet de Copenhague a suscité de fortes critiques vis-à-vis de l’ONU. Mais il n’y a pas d’alternative crédible, en particulier sur ce dossier du changement climatique dont les premières victimes sont des pays avec un poids politique très faible. Recrédibiliser l’ONU donc. Comment ? En trouvant des accords officiels sur certains sujets. Coopération technologique, protection des forêts, adaptation aux changements climatiques ou création d’un fonds vert pour gérer une partie des financements promis à Copenhague. Ces sujets sont « matures » pour un accord à Cancún.

D’autres sujets très chauds seront évidemment discutés, pour lesquels un accord n’est pas attendu. Par contre, des avancées politiques sont nécessaires pour récréer de la confiance entre les pays. C’est le second enjeu de Cancún.

Recréer de la confiance ne sera pas chose aisée. Cancún, c’est en effet l’heure des comptes. Les pays riches devront révéler si, oui ou non, ils ont sorti en 2010 les 10 milliards de dollars (7,5 milliards d’euros) de financements précoces promis. C’est une condition indispensable pour « réchauffer » l’atmosphère des négociations, pour assurer la crédibilité des pays riches. Mais cela ne sera pas suffisant : encore faut-il que l’argent, comme promis, n’ait pas été simplement pris sur les budgets actuels de l’aide au développement. On peut malheureusement en douter. La moitié des financements précoces de l’UE ne sont pas nouveaux. En France, la presque totalité des sommes versées devrait venir du recyclage de l’aide existante… Ce sujet pourrait faire sombrer Cancún.

Pour éviter cela, les pays riches vont devoir avancer sur d’autres sujets. Et évidemment, tout le monde regarde du côté du protocole de Kyoto. La première période d’engagement du protocole touche à sa fin en 2012. Après ? On ne sait toujours pas. Les pays du Sud exigent une suite à ce texte, seul outil juridiquement contraignant de lutte contre les changements climatiques… mais qui ne met de véritable contrainte que sur les pays industrialisés. Continuer le protocole de Kyoto, les Américains s’en moquent car ils n’en font pas partie. Les autres pays industrialisés sont divisés. Mais il va falloir avancer.

L’UE a un rôle clef à jouer sur ce sujet. Elle doit clairement indiquer sa volonté de perpétuer ce protocole et avec lui de nombreux acquis « communautaires » : règles communes de calcul des émissions, règles communes sur les mécanismes de marché carbone… Mais elle doit également être unie et claire sur les améliorations à apporter à ce protocole, que ce soit sur les règles de calcul des émissions des sols et des forêts ou sur l’avenir des quotas de CO2 excédentaires de la première période.

Plus généralement, après avoir misé sur le retour du cousin américain, l’UE doit désormais aller de l’avant. Les Etats-Unis ne sont pas prêts ? Et bien, il est temps d’avancer sans eux. Il est temps de prendre la tête d’une coalition des pays progressistes sur le climat et d’y intégrer si possible tous les grands émergents. Cela passe par un engagement fort sur le protocole de Kyoto. Cela passe également par un nouvel objectif de réduction de ses émissions : 30% en 2020.

L’objectif actuel, de 20%, est en effet devenu un boulet à porter dans les négociations internationales. Surtout, il est devenu un obstacle à la transformation écologique de notre économie. En réalité, avec les effets de la crise, il sera atteint sans aucun effort. Avec ce 20%, l’Europe envoie un bien triste message à ses partenaires internationaux et à ses entreprises, investisseurs et innovateurs. « L’Europe ne croit pas dans l’économie du futur », voilà ce qu’ils entendent.

L’Europe a donc besoin d’un objectif de 30%. C’est ce qu’a demandé le Parlement européen lors du vote de sa résolution sur Cancún fin novembre. C’est ce que nous devons attendre de nos chefs d’Etat européens.

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Député européen Europe Ecologie, membre de la délégation officielle du Parlement européen à Cancún.

Expert climat

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