Biodiversité à la française, gadgets électro et Prado sans vélo

Abert Einstein peut reposer tranquille sur ces deux oreilles [1]. Contrairement à une idée répandue, la population d’abeilles à travers le monde n’est pas en diminution. Depuis 50 ans, elle a même progressé de 45%. Cette information, publiée dans la revue Current Biology, et relayée par l’excellent site espagnol soitu.es, ne remet pas en cause les études qui montrent une disparition des abeilles dans certaines zones de la planète, en Europe en particulier, sans que l’on identifie clairement les raisons de cette mortalité (parasites, microbes, agents chimiques...), même si de lourds soupçons pèsent sur certains pesticides.

La biodiversité, il en est question justement dans un dossier intéressant à lire cette semaine dansPolitis. Dans un édito intitulé "Malheureuse nature", Patrick Piro s’interroge à la lecture du rapport « Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes » du Centre d’analyse stratégique, présenté il y a deux semaines en France : si ce rapport "révèle combien la France est « biodiverse », ce n’est que pour tenter de définir une valeur économique à ce pactole, afin de susciter l’intérêt des décideurs pour la biodiversité, écrit-il. Ainsi, on reste perplexe d’apprendre qu’un hectare de forêt « vaut » 970 euros par an, et une prairie 600. Après le succès planétaire du rapport Stern pour calculer le coût du « laisser-faire » en matière de dérive climatique, certains écologistes se rendent à cette logique."

Nature > usine > supermarché > maison > incinération. Le film "The story of stuff", qui retrace le cycle de vie des objets de consommation courante, fait un carton dans les classes américaines. Annie Leonard, ancienne employée de Greenpeace et auteure de l’enquête, avait posté cette vidéo de 20 minutes sur Internet en décembre 2007, un modèle du genre. Depuis, six millions de personnes l’ont vu sur son site storyofstuff.com et certainement des millions d’autres sur Youtube rapporte le New York Times. Les instituteurs, séduits par son style "funny", pédagogique et un peu provocant, se la seraient recommandée les uns aux autres, jugeant que les programmes faisaient l’impasse sur les effets de la consommation sur l’environnement.

Pour voir la vidéo sur le site, sous-titrée en français, cliquer ici.

Des matières premières, en particulier des minerais, il en faut en quantité pour fabriquer les "gadgets" électroniques (lecteurs MP3, écrans plats, smartphones et autres pda) qui vont faire exploser la facture électrique de la planète. Selon l’Agence internationale de l’énergie, ces derniers vont tripler leur consommation d’énergie d’ici 2030, pour atteindre 1700 terawatt heures, soit l’équivalent de la consommation électrique domestique actuelle des Etats-Unis et du Japon, rapporte le site du San Francisco Chronicle. Selon les calculs de l’Agence, ce sont 200 centrales nucléaires qu’il faudrait alors construire pour répondre à cette nouvelle demande. Mais on aurait tort de s’arrêter aux seuls effets négatifs de ces technologies si l’on en croit les auteurs du rapport TIC et développement durable, remis à Jean-Louis Borloo en mars dernier, car l’un des enjeux des TIC serait justement participer à la réduction des gaz à effet de serre, en limitant, par exemple, le nombre de déplacements humains.

Pour se déplacer sans polluer, il y a toujours le vélo, sauf sur le Prado, à Marseille. Depuis le 1er mai, la circulation sur les pistes cyclables de l’avenue Prado 1 est interdite aux cyclistes. Le 30 décembre 2008, le tribunal administratif de Marseille avait en effet donné raison à un particulier qui estimait que ces voies, délimitées sur les terre-plein où circulent les piétons, étaient dangereuses. Désormais, seuls "les enfants de moins de huit ans qui conservent l’allure du pas" peuvent les emprunter. Pour le responsable du collectif Vélos en Ville Michel Fornairon, cité par l’AFP, "cette situation ubuesque est la conséquence d’une prise en compte de la circulation des vélos relativement déficiente à Marseille", Une politique résumée par un internaute, cité par le site internet de La Provence : "On décide de requalifier et de redessiner le Prado. Pour cela, on lance des travaux sans penser au vélo. Cinq ans plus tard, on s’aperçoit qu’il manque des pistes cyclables. Alors on décide de mettre un coup de peinture par-terre et hop des pistes cyclables par magie."

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