Que resterait-t-il de la planète si le niveau de la mer s’élevait de six mètres ? Les projections de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA) montre une terre dont pratiquement toutes les côtes seraient affreusement rongées. Adieu Venise, adieu New York ! Alors que le pire scénario du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) prévoit une hausse du niveau de la mer d’environ un mètre à l’horizon 2100, une nouvelle étude, publiée par le magazine Science, remet en lumière cette carte de la NOAA. Les chercheurs du projet Past Global Change, qui s’intéressent au climat du passé pour tenter d’éclairer celui du présent, ont étudié trois épisodes de montée des eaux au cours des trois derniers millions d’années. Il y a 125 000 ans, la fonte des pôles a ainsi provoqué une élévation de 6 et 9 mètres, alors que la température moyenne de la planète n’était que de 1°C supérieure à la température de notre période pré-industrielle. Aujourd’hui, la température moyenne est de 0,9°C supérieure à la période préindustrielle et l’objectif de la COP21 est de trouver un accord pour plafonner la hausse à +2°C ! Un billet du journaliste Sylvestre Huet, de Libération, nous explique malgré tout que les prévisions de notre futur, fondées sur cette connaissance scientifique du passé, sont soumises à d’importantes incertitudes. Il n’est pas encore temps de crier à la noyade.
A quand le point de non retour ? Pendant que l’eau monte, les scientifiques du monde entier, réunis sous l’égide de l’Unesco à la grande conférence « Notre futur face au changement climatique », à Paris, s’interrogent sur un drôle de mot, « tipping point ». Le journaliste Loïc Chauveau, du magazine Sciences et avenir, a suivi ce débat. La question posée est : à quel moment la planète atteint-elle un point de bascule, un seuil climatique où il n’y a plus de marche arrière possible ? La question a de quoi faire frémir. Mais s’il est désormais clair que certains grands glaciers de l’Antarctique ne se remettront jamais, des doutes planent sur l’impact du réchauffement sur le courant El Nino, par exemple, ou encore sur les moussons africaines et asiatiques. Autant de phénomènes surveillés comme le lait sur le feu par les chercheurs. On compte sur eux.
Le cynisme climatique d’ExxonMobil Mais tout le monde n’est pas aussi vigilant quand il s’agit de changement climatique. ExxonMobil, la plus grosse compagnie pétrolière du monde, par exemple, pourrait même se faire taxer de légère négligence... Une enquête du Guardian révèle ainsi que les dirigeants avaient été alertés de la réalité du changement climatique dès 1981… mais ont continué à financer des climatosceptiques pendant près de trois décennies. Le pot-aux-roses a été déniché dans un échange de courrier entre l’université d’Etat de l’Ohio et un ex-expert d’ExxonMobil, nommé Lenny Bernstein. Celui-ci affirme que la compagnie s’intéressait en 1981 à un gisement gazier au large de l’Indonésie. La firme n’ignorait pas alors que le gisement composé à 70% de CO2 aurait pu larguer dans l’atmosphère près de 1% des émissions mondiales de l’époque. Ce qui choque dans cette affaire, c’est surtout que la question de la corrélation entre énergies fossiles et changement climatique est devenue publiques à la fin des années 1980. Or, depuis plusieurs années, Exxon se préoccupait déjà du sujet et a continué par la suite à financer des chercheurs climatosceptiques. A hauteur de plus de 22 millions de dollars d’après les enquêtes de Greenpeace. Il y a quelques mois, les fins limiers de l’ONG avaient ainsi pu prouver qu’ExxonMobil faisaient partie des entreprises pétrolières ayant versé 1,2 million de dollar à un astrophysicien de l’université de Harvard, Willie Soon, pour qu’il publie des recherches sur l’influence du soleil sur les changements climatiques, par exemple.
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