Enthousiasme maladroit ou tentative de tirer la couverture à soi ? Toujours est-il qu’en annonçant que le produit de la "taxe carbone" serait restitué sous forme de "chèque vert", Jean-Louis Borloo a fait grincer des dents. Après Bercy, Matignon et l’Elysée, c’est au tour de Michel Rocard, qui préside la conférence des experts chargée de réfléchir sur la question, de faire part de son agacement au JDD. "Ce que dit Borloo n’est évidemment pas idiot. Mais il nous gêne en parlant trop tôt, avec son annonce anticipée", a estimé l’ancien premier ministre socialiste, qui apprécie peu de voir son travail court-circuité : "s’il a déjà la réponse, tout ce que nous faisons devient sans objet", a-t-il déclaré.
Si Jean-Louis Borloo est passé maître dans l’art de retenir l’attention des médias, Areva s’offre les moyens d’occuper leurs espaces... publicitaires. Dans le cadre de la campagne pour son meeting d’athlétisme au Stade de France, le spécialiste français du nucléaire se paie les pages d’accueil des sites du Monde et de Libération. Sans parler de la pub qui circule en boucle depuis quelques jours sur les principales chaînes de télévision. Elle reprend l’irrésistible musique ("Funky Town") et le graphisme du précédent spot d’Areva, que l’on avait alors taxé de greenwashing avec son petit monde idéal où les centrales poussent à côté des éoliennes.
En parlant de monde idéal, il semble qu’il vous faudra déménager au Costa Rica pour le trouver. Mark Easton, chef du service "home" à la BBC, se demande sur son blog souligne que "quand on compare les niveaux de bien-être et de durabilité internationaux, la Grande-Bretagne se classe à une misérable 74e place. Le premier étant le Costa Rica". Ce classement est issu de l’Happy Planet Index, réalisé par le centre de réflexion Nef, qui prend en compte l’espérance de vie, la satisfaction des habitants et leur empreinte écologique. Résultat : neuf des dix premiers sont des pays d’Amérique Latine. Le but est de pointer les limites du modèle de développement de pays fondé sur une simple accumulation de richesses. Une démarche similaire à la nouvelle mesure du progrès sur laquelle planche la commission Stiglitz. Vu les résultats de l’Hexagone (71ème dans le classement en question), cela pourrait faire mal...
La Chine donnera ce mois-ci le coup d’envoi de la construction de son "Trois Gorges sur la terre". Tel est le nom de son gigantesque projet de centrale électrique éolienne, qui devrait dépasser en capacité installée celle de son barrage des Trois Gorges, 1er complexe hydro-électrique au monde, relève Reuters. Les chiffres impressionnent : 12 milliards d’euros d’investissement, une surface d’équipements de l’ordre de 10 000 km2, et une capacité installée qui atteindra les 20GW en 2020. Reste à savoir quel sera véritablement le taux de rendement de cette centrale : à en croire certaines sources, les Trois Gorges ne fonctionneraient aujourd’hui qu’à 50% de leur capacité. Quoiqu’il en soit, la Chine entend aller de l’avant : pour diminuer sa dépendance au charbon, elle prévoit de multiplier par 8 sa capacité installée éolienne totale d’ici 2020.
Les marges de manœuvre en terme d’émissions de gaz à effet de serre sont sûrement encore plus réduites qu’on ne le pense. Selon une étude publiée dimanche dans la revue spécialisée Nature Geoscience et menée dans le Golfe du Mexique, "de véritables panaches de bulles de méthane s’échappent de "cheminées à gaz", sur le plancher océanique, à 500 ou 600 mètres de profondeur". Et contrairement à ce que l’on pensait, ce méthane s’échappe ensuite massivement dans l’atmosphère. Si ces résultats sont confirmés dans le Golfe persique et la Mer Caspienne, les prédictions climatiques actuelles pourraient s’en trouver modifiées. Sur un siècle, le potentiel de réchauffement global du méthane est 25 fois plus important que celui du CO2.
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