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1-04-2004
Mots clés
Finance
Multinationales
Amériques

La "recette Enron", en 5 leçons (suite)

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Leçon numéro 4. Sollicitez systématiquement l’argent public

En Bolivie, en Inde ou au Brésil, les équipes d’Enron prirent part à des projets controversés. Le programme Cuiaba, un gazoduc de 600 kilomètres reliant la Bolivie au Brésil, est un cas parmi d’autres. Lors de sa construction, Enron avait promis de verser 1,9 millions de dollars d’indemnités aux communautés d’indigènes. Seulement un tiers de la somme fut versé. Et des villageois se virent offrir quelques vaches pour toute compensation. L’ONG américaine SEEN a dressé une liste interminable de projets similaires, nuisibles à l’environnement ou à l’équilibre économique et social de populations locales.

7 milliards de dollars

Au-delà de ces péripéties, le SEEN insiste sur le recours d’Enron aux organismes publics internationaux pour financer des projets souvent risqués. En 10 ans, “21 agences représentant le gouvernement américain, d’autres gouvernements, ou les banques (...) de développement” ont contribué à fabriquer le géant Enron, par le financement public de 39 projets répartis dans 29 pays. Banque mondiale, Opic (Overseas Private Investment Corpo-ration), Banque européenne d’investissement (BEI), Coface... Le SEEN et l’Institute for Policy Studies, évaluent à plus de 7 milliards de dollars le total des sommes ainsi décrochées par Enron.

Leçon numéro 5. Pour masquer les rides, offrez-vous un lifting

La politique d’Enron était tendue vers un objectif : doper le cours de Bourse de l’entreprise, donc présenter celle-ci sous son meilleur jour. Or les investissements à tout-va coûtaient cher. Enron était endettée. La solution consista à créer plus de 3000 sociétés offshore. Hébergées dans des paradis fiscaux (Bahamas, Bermudes, Caïmans), elles recueillirent en toute opacité les dettes du groupe, parfois avec le financement des banques, et avec l’approbation du cabinet d’audit Andersen. “Jeffrey Skilling et Andrew Fastow montaient ces partenariats, qui permettaient de sortir les dettes des comptes de l’entreprise, pour en faire une société apparemment saine et attractive pour les actionnaires. Eux-mêmes étaient actionnaires de ces partenariats et se sont enrichis dans ces sociétés”, explique Tyson Slocum du Public Citizen. Le manège dura de 1999 à 2001.

Fissures

Mais cacher n’est pas renflouer. Au tournant de l’été 2001, l’édifice se fissura. A l’automne, l’annonce par le gendarme américain de la Bourse (SEC), de l’ouverture d’une enquête sur les comptes d’Enron, souleva un vent de panique. La multinationale pointait en 2001 au sixième rang des entreprises les plus puissantes de la planète, dans le magazine Fortune. Elle revendiquait un chiffre d’affaires de 139 milliards de dollars. Mais Enron n’était qu’un château de cartes. La bourrasque l’emporta en quelques semaines.

Pour finir... Partez avec la caisse

Au tournant de l’été 2001, alors qu’il préparait secrètement son départ d’Enron, Kenneth Lay fut devancé par son bras droit Jeffrey Skilling. Se disant victime de la pression du monde de la finance, incapable de redresser le cours de l’action, Skilling se retira “pour se consacrer à sa famille”. Kenneth Lay dut renoncer à son propre plan de sortie. Il ne fallait pas perdre la face. Il s’adressa à plusieurs reprises aux salariés, pour les rassurer. Le 14 août, à l’annonce de la démission de son bras droit, il posta un courrier électronique martelant : “Notre croissance n’a jamais été aussi certaine, (...) nous avons la meilleure organisation de tout ce que compte l’Amérique des affaires aujourd’hui. Ensemble, nous allons faire d’Enron la compagnie numéro 1 au monde”.

4500 salariés ruinés

Le 27 août, il conviait ces mêmes salariés à souscrire à un nouveau plan d’achat d’actions, les assurant d’une hausse significative. Il venait pourtant de vendre pour 21 millions de dollars de ses propres actions Enron. Aux premiers jours d’octobre, Enron annonça des pertes inattendues. Les autorités boursières ouvrirent une enquête. Le cour de l’action s’effondra mais l’argent des employés restait bloqué. Le 2 décembre 2001, Enron se déclarait en faillite. 4500 salariés américains avaient perdu leurs économies dans la déconfiture.

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