C’est dimanche, c’est la grasse matinée et personne ne s’y oppose. Les nuages ont déjà lâchés une bonne averse avant le lever du jour, nous entamons donc le petit-déjeuner sous un ciel plus léger – céréales et pain biologiques, lait et jus de pomme provenant de la ferme, fromage, thé, café, accompagnés par quelques percées de soleil. Le temps nous rattrape, nous devons filer à la gare ferroviaire de Carentan. Une fois les bagages prêts, un au revoir rapide à Gérard Cousin, puis c’est la course sur la départementale – Trevor la bombe roule en tête pour acheter des billets le plus tôt possible. La caravane d’Écoo arrive enfin, après une bonne demi-heure de route, avec dix minutes d’avance. Sacrés jambes. Devant la gare, la famille Cousin, qui est en route pour un anniversaire, a pris un moment pour nous souhaiter bon voyage. Le train arrive, on embarque remorques et vélos, coup de sifflet, départ. Nous voilà donc à Cherbourg, les cyclistes se remettent sur deux roues et se dirigent vers le port, pour déjeuner. L’après-midi est encore jeune, et le ferry n’est qu’à dix-neuf heures, ce qui laisse amplement le temps de se poser. On se retrouve dans un café, près du cœur historique de la ville, où, entre deux parties de cartes, on s’emploie à mettre un peu d’ordre dans l’itinéraire suivi pour la première étape du voyage – on se rappelle notre passage en Normandie, les routes empruntées, les hébergements à la ferme, les coups de cœur, ce qui a cloché, bref on brasse tout ça pour en sortir un résumé sommaire et utile. Près de la mer et du vent, le soleil ne se cache plus, la fin d’après-midi est agréable. Nous reprenons finalement nos vélos pour retourner vers le port, vers la zone d’embarcation. L’avantage de ce type de transport, c’est de pouvoir zigzaguer entre les voitures, de passer rapidement les douanes pour embarquer assez tôt dans le ferry. Nous sommes pas une bande de gamins – n’empêche que l’enthousiasme est dans l’air, certains s’assoient même sur le pont arrière pour le départ. Nous entendons bientôt la corne de brume, les vagues commencent alors à s’agiter autour de la coque, la terre s’éloigne, le vent souffle avec plus de force. En route pour l’Angleterre, on voit à l’horizon un massif de nuages sombres et des chutes grises qui s’en échappent. On se retrouve à l’intérieur, à l’abri, pour une traversée d’environ quatre heures et demie. L’équipe d’Écoo carbure aux cartes, chocolat et compagnie, le temps passe assez vite, et la nuit tombe. À travers les hublots, un voit approcher les lumières de la côte anglaise, et la pluie. C’est sous un début d’averse que nous glissons hors du ferry sur les routes de Poole, à la recherche d’un camping situé en périphérie de la ville. Nous arrivons enfin, aux environs de minuit, trempés, accueillis par une soudaine vague de pluie, qui se calme bientôt. Nous prenons un endroit bien gazonné pour planter nos tentes et se mettre à l’abri. Il est temps de prendre un peu de repos.