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Vise le green

Par Benjamin Cliquet
31-03-2011

"La clé est de fixer des objectifs ambitieux"

"La clé est de fixer des objectifs ambitieux"
(Pour réduire ses émissions de GES, Vancouver met l'accent sur le secteur du bâtiment...)
En terme de politique climatique, Vancouver est claire sur sa position : la ville compte montrer l'exemple en étant très ambitieuse, dans un pays où les réductions des émissions de GES n'est pas la première des priorités.

"Vancouver a la vision d’être la Ville la plus Verte au monde d’ici 2020. Pour y parvenir, nous avons défini 10 objectifs de long-terme, chacun associé à une visée pour 2020. Après avoir parlé avec les citoyens et les actionnaires, nous avons créé un premier plan d’action pour atteindre les objectifs fixés." C’est ainsi que commencent toutes les courtes vidéos réalisées par la ville de Vancouver pour présenter ses 10 objectifs de long-terme (voir les vidéos en anglais) qui sont :

1.Une économie verte

2.Etre leader en matière de politique climatique

3.Bâtiments écologiques

4.Réseau de transport écologique

5.Zéro déchet

6.Accès à la nature

7.Empreinte écologique plus faible

8.Eau propre

9.Air propre

10.Nourriture locale

Pendant mon séjour à Vancouver, j’essaie de remettre ces objectifs dans leur contexte pour comprendre les problématiques de chacun d’entre eux. Si vous êtes impatients d’en savoir plus, je vous invite à visiter le site officiel du projet.

L’objectif n°2 sur la politique climatique est le plus transversal des 10. John Robinson, Directeur Exécutif de l’Initiative Durable de la UBC (University of British Columbia) à Vancouver, nous aide à en décrypter les tenants et les aboutissants.

Vancouver, au contraire du Canada dont le gouvernement fédéral est surtout porté sur la production de toujours plus d’énérgie (surtout fossile), est toujours en course pour atteindre les objectifs de Kyoto (voir le schéma ci-dessous). La ville semble être dans les temps pour réduire ses émissions de GES de 6% par rapport à son niveau de 1990 d’ici 2012, soit l’objectif moyen du Protocole pour les pays industrialisés. Mais comme vous le savez, le projet de Greenest City n’est pas construit autour de l’horizon 2012 mais de l’horizon 2020. Vancouver voit donc plus loin : pour éliminer sa dépendance aux combustibles fossiles dans le futur, la ville vise de réduire ses émissions de GES dégagées par les collectivités de 33% par rapport au niveau de 2007, d’ici 2020.

La Colombie-Britannique a publié en 2007 un plan de réduction des émissions de GES avec pour objectif une réduction de 33% sous le niveau de 2007 d’ici 2020 (et de 80% d’ici 2050). Cet effort provincial a "fourni un support à Vancouver pour un objectif ambitieux", commente John Robinson, avant de rajouter que "certaines institutions, comme la UBC, sont encore plus ambitieuses que Vancouver" : la UBC a atteint les objectifs de Kyoto en 2007. Eh oui, quand on met en place des politiques climatiques ambitieuses, on a le droit de s’en targuer.

Cet objectif de politique climatique est également intéressant dans le contexte provincial car une taxe carbone y est instaurée depuis plusieurs années. Celle-ci aide véritablement la ville à être ambitieuse. On pense souvent que la taxe carbone influence les comportements individuels (consommation d’essence, chauffage domestique...) mais la taxe est encore trop peu élevée pour avoir une réelle influence (elle ne représente que quelques % du prix de l’essence). Mais elle a une influence bien plus significative sur les grandes institutions ou les petites entreprises pour lesquelles les factures énergétiques pèsent davantage dans le budget. La UBC paie chaque année 3 millions de dollars pour la taxe carbone. Pour éviter de telles factures, l’université va dépenser environ 110 millions de dollars dans les 4 prochaines années, pour "changer tout le campus" et réduire les émissions de GES.

Mais pour les villes, la donne est différente puisque que si elles acceptent de signer une certaine charte environnementale qui les engage à réduire leurs émissions, elles n’ont pas à payer la taxe carbone. Du coup, la grande majorité des villes signent cette charte, sans forcément la respecter, et sont ainsi moins contraints à réduire leurs émissions. Quelques unes d’entre elles ont un agenda climatique contraignant, comme Vancouver qui fait partie de ces exceptions. Pour atteindre ses objectifs fixés par elle-même, la municipalité devra par exemple rétrocéder presque tous ces bâtiments commerciaux (je trouve d’ailleurs que cette solution est une façon de tricher...). "C’est un changement massif" commente néanmoins John Robinson.

Vancouver a identifié les principaux secteurs émetteurs de GES (voir ci-dessus). Avec 55% des émissions, le bâtiment est largement en tête. Un effort particulier est donc consacré à rendre le secteur plus propre (plus de détails ici sur les autres actions). La ville développera ainsi des "systèmes énergétiques communautaires intégrés" (rien que ça), aussi appelés "systèmes énergétiques intelligents", c’est-à-dire des bâtiments connectés à une centrale énergétique de quartier avec des réseaux de chauffage et d’électricité. Plus les quartiers sont denses, plus il est facile d’installer de tels systèmes. De tels procédés existent déjà dans le Village Olympique, qui utilise la chaleur des eaux usées, ainsi que dans un quartier de North Vancouver et un autre à la UBC (qui utilise du gaz naturel). Un dernier, plus ancien et en centre-ville, fonctionne avec des carburants fossiles.

L’obstacle démographique

Comment atteindre des objectifs de réduction des émissions de GES quand la ville cherche dans le même temps à attirer des nouveaux habitants ? "La population croissante apportera du nouveau capital qui pourra être investi dans des systèmes plus efficaces". Donc même si la population croît , les objectifs peuvent être atteints à condition de réaliser d’investir dans davantage d’efficacité. John Robinson ajoute même que la population croissante et des objectifs ambitieux "vont de pair".

Il existe en revanche des obstacles plus importants pour atteindre les objectifs fixés de politique climatique :
- un obstacle politique. Le projet doit montrer aux habitants que les changements accroîtront leur qualité de vie sans qu’ils aient quoi que ce soit à sacrifier ;
- un obstacle financier. La ville devra très bien utiliser son capital car les investissements à réaliser seront conséquents ;
- un obstacle institutionnel. Le plus difficile est de se débarrasser de la "dépendance au passé" pour faire en sorte que la voie durable devienne la voie "normale". Au contraire, si elle reste considérée comme différente de ce qui a toujours été fait jusque-là, si elle reste considérée comme une exception, alors elle sera plus délicate à prendre. Les normes, les critères d’évaluation des performances, les descriptions des postes, la déontologie professionnelle, "toutes ces règles institutionnelles qui déterminent les comportements des gens au travail doivent changer pour que le système ne retourne pas toujours au point de départ".

Les objectifs ne seront donc pas simples à atteindre mais "qu’ils soient atteints d’ici 2020 ou non n’est pas très important, la clé est de fixer des objectifs ambitieux pour mettre la ville sur la voie du durable".

A bientôt, Visez l’green, Ben

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