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WikiLeaks n’est pas Wikipschitt

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WikiLeaks n'est pas Wikipschitt
(Julian Assange, porte-parole de WikiLeaks. Crédit photo : espenmoe - Flickr)
 
Non, les fuites des « câbles » diplomatiques américains organisées par le site Internet ne sont pas un bide. S’il n’y a rien d'explosif dans les documents, c’est peut-être tout simplement parce que l’on n’a encore rien vu !
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Depuis ce dimanche, avec l’aide de cinq grands quotidiens internationaux (The Guardian, Der Spiegel, El País, Le Monde et le New York Times), le site WikiLeaks organise la publication de plus de 251 000 câbles diplomatiques américains envoyés par ses ambassades et consulats entre 1966 et février 2010.

C’est le dernier coup de Julian Assange, placé sous mandat d’arrêt international pour viol, tiens tiens, depuis une semaine tout juste, alors que l’imminence de la publication de ces « fuites » avait elle même… fuité. Les critiques n’ont pas manqué, surtout de la part des médias qui n’ont pas su – ou pas pu – participer au scoop. Révéler les dessous pas très chics de la diplomatie américaine, disent-elles, n’apporterait rien au schmilblick. Ce serait un WikiLeaks qui fait pschitt, bref, selon l’expression désormais consacrée, un wikipschitt !

Mais s’il n’y a rien dans les docs, c’est peut-être tout simplement parce que l’on n’a encore rien vu ! Seul 250 documents, sur plus de 250 000 donc, ont été publiés ! Il y a là, de la part de WikiLeaks un changement de stratégie certain. L’organisation avait l’habitude de balancer ses fuites en bloc (90 000 « Afghans logs », 391 000 pour l’Irak, tous accessibles d’un coup) en espérant que les journalistes les dépiauteraient pour faire des papiers sublimes rétablissant la vérité devant l’Eternel.

Un mois après la publication des « Iraq Logs » – la plus grosse fuite, paraît-il, de l’Histoire –, qui enquête encore sur le sujet ? A part Al Jazeera, personne ne creuse. WikiLeaks donc a retenu la leçon : l’accord passé avec les rédactions partenaires s’inscrit dans la durée. Nous aurons donc la becquée quotidienne de « State logs », ces câbles diplomatiques. Le Monde lui n’en publierait que 1 000. A la bonne heure !

Du coup, dans les chancelleries, ce serait l’affolement, le 11-Septembre de la diplomatie. Un congressiste républicain, Peter King, a demandé à Hillary Clinton de considérer WikiLeaks comme une organisation terroriste. A quelques semaines de Noël, le site Amazon, qui hébergerait certains serveurs de l’organisation, a dû apprécier. Car y a-t-il crime ? Outre les aspects people – assez lamentablement repris par la terre entière et nourrissant le flot de critiques contre WikiLeaks, « tabloïd du net » selon The Economist –, certaines révélations sont édifiantes : la colère de Khadafi qui, s’estimant mal reçu à New York, a juré de renvoyer de l’uranium enrichi à la Russie ; les marchandages désespérés des Etats-Unis pour vider Guantánamo (genre, comme au président slovène « tu me prends un détenu, je t’arrange une visite officielle avec le président Obama »). Il y a aussi les liens entre Poutine et Berlusconi, les alliances impossibles au Moyen-Orient des Etats-Unis. Bizarrement, pour l’instant, ceux-ci paraissent parfois stupides, souvent dépassés, mais jamais malveillants. Alors s’il y a crime, à qui profite-t-il ?

Dans cette affaire, au delà des fans, des perplexes ou des cyniques, ceux qui s’acoquinent avec WikiLeaks pour faire, au nom de la sacro-sainte liberté d’expression, des unes alléchantes, voire le feuilleton de l’automne, tout en minimisant la portée de l’organisation quelques jours plus tard, au-delà donc, deux camps s’affrontent : les jaloux, les sceptiques, emmenés par The Economist donc, partisans du pétard mouillé. Et ceux du complot. Pourquoi Julian Assange qui dit se cacher tout en étant « traçable », n’a-t-il pas encore été arrêté ? Et s’il travaillait pour la CIA ? Après tout, seuls 7% de ces 250 000 documents sont classés secret (et aucun top secret). Ou pour le Mossad ? L’Iran ? La Chine, alors ? Et si cela, disent-ils, servait à nous détourner de l’essentiel ? Qui manipule qui ? Quoi qu’il en soit, en 2001, pour foudroyer les Etats-Unis, on n’a eu besoin que de quelques cutters. En 2011, peut être ne faudra-t-il qu’une clé USB et des lignes de code.

Alors, alors, au-delà des lectures au 28e degré… qu’en retirer, aujourd‘hui ? Une lumière crue sur les relations internationales. L’affaiblissement américain sur le terrain et jusque dans ses entrailles, puisque la clé encryptage de la CIA a été décodée. Un pavé dans la mare des rédactions qui, à force de limiter la casse, n’en finissent plus de ronronner. L’émergence de nouveaux acteurs, celui du journalisme augmenté, comme le site Owni en France. Et puis, un débat de fond : à ce jeu-là, la démocratie est-elle toujours gagnante ? Peut-on tout dire ? Doit-on tout savoir ? A l’heure du tout transparent, quel est le rôle du journaliste ? Son apport ? Sa responsabilité ?

Ce billet est originellement paru sur le blog de Flore Vasseur

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Entrepreneur, chroniqueuse sur France Culture, Flore Vasseur est aussi documentariste et romancière. Elle est notamment l’auteur du roman « Comment j’ai liquidé le siècle », une charge féroce contre l’oligarchie politico-financière.

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  • Bonjour,

    Il semblerait que plusieurs erreurs soient présent dans cet article :
    * "certaines révélations sont édifiantes : la colère de Khadafi qui, s’estimant mal reçu à New York, a juré de renvoyer de l’uranium enrichi à la Russie ", c’est l’inverse, s’estimant mal reçu à New York, il a juré de NE PAS renvoyer l’uranium enrichi à la Russie.

    * « L’affaiblissement américain sur le terrain et jusque dans ses entrailles, puisque la clé encryptage de la CIA a été décodée. », ça n’est pas vraiment ça... On ne décode pas une clef de chiffrage, cette clé nous permet de déchiffrer.

    2.12 à 10h12 - Répondre - Alerter
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