Wangari Maathai : l’Afrique et le monde perdent une grande dame

« Lorsque nous plantons de nouveaux arbres, nous plantons les graines de la paix. » Wangari Maathai fut une visionnaire. Elle comprit très tôt les liens essentiels et fondamentaux qui relient la protection de l’environnement, les droits de l’homme et la paix. Elle fut aussi pionnière en s’engageant très tôt dans la lutte contre les changements climatiques en Afrique. Tous ces combats précurseurs lui valurent d’être la première femme africaine à obtenir le prix Nobel de la paix.

Wangari Maathai a donc consacré sa vie à améliorer celle des gens, d’abord dans les campagnes kenyanes, puis à travers le monde. Avec son association Green Belt Movement, elle a ainsi mobilisé plus de 900 000 femmes et hommes pour planter 47 millions d’arbres.

La même avec Obama ou les paysans kenyans

Wangari Maathai est née dans un village sans électricité du Kenya. Malgré cela, elle fit d’excellentes études, profitant d’un programme de promotion des meilleurs élèves mis en place par le gouvernement Kennedy : très douée, elle fut la première femme africaine aux États-Unis à obtenir un doctorat, dans son domaine de prédilection, la biologie. De retour au Kenya, elle s’engagea très vite en politique, contre le régime corrompu d’Arap Moi. Plusieurs fois, elle fut arrêtée et connut la torture et la prison.

Ceux qui la connaissent disent que l’un des traits les plus remarquables chez elle, c’était sa simplicité. Capable un jour de défendre la cause environnementale à travers le monde, aux cotés des plus grands, et capable le lendemain de travailler sur le terrain, aux côtés de populations analphabètes. Elle restait la même, qu’elle serre la main de Barack Obama, ou celle de paysans kenyans.

La relève est assurée

J’ai eu la chance de me retrouver nez à nez avec elle en décembre 2009, dans les allées d’une grande conférence internationale. Assise seule sur des marches, elle avait son éternel sourire serein. Bien qu’elle fut universellement connue, sollicitée de toutes parts, elle ne dédaigna pas d’échanger avec le jeune forestier que j’étais. Je fus frappé par son énergie, sa ténacité et sa volonté d’apporter du bien aux populations de son pays. Et malgré ses déjà 40 ans de combat, sa volonté demeurait inébranlable : « Je plante des arbres avant tout pour répondre aux besoins des populations : des arbres pour produire de la nourriture, du bois de chauffe, de l’eau propre, des revenus additionnels, etc. »

Maintenant qu’elle nous a quittés, les gens sont unanimes : « L’Afrique a perdu l’une de ses grandes filles » annonce l’ONG Femmes Africa. « C’est une grande perte pour les africains » déclarent les ministres des Congo Brazzaville et Kinshasa.

Cependant, Wangari Maathai a semé les graines d’un changement profond et durable. Son mouvement, le Green Belt Movement, a inspiré de nombreuses organisations de par le monde, qui se sont organisées selon son modèle. Pars tranquille Wangari, la relève est déjà en marche !