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30-05-2010
Mots clés
Société
Urbanisme
France

Viens chez moi, j’habite chez mes voisins

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Viens chez moi, j'habite chez mes voisins
(Alessandro Grassani - Invision -Rea)
 
Ni logement social ni communauté de babas cool, la coopérative d’habitants tente d’inventer une troisième voie. A Strasbourg et Lyon, les deux premiers projets du genre sortiront de terre cette année. Réveilleront-ils un statut qui n’existe plus en France ?
Le Baromètre de cet article
ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Louer une fortune un deux-pièces en centre-ville ? Attendre dix ans un logement social ? Acheter un pavillon « Sam Suffit » à 30 km de son boulot ? Ces perspectives ne sont guère engageantes ? Aujourd’hui, des centaines de Français tentent d’imaginer de nouvelles formes d’habitat collectif et autogéré. Leurs débats ressemblent à ça : « Alors, au rez-de-chaussée, salle des fêtes ou bibliothèque ? A moins qu’Huguette ne veuille s’y installer, ça lui éviterait de monter les escaliers, et elle pourra surveiller les enfants dans la cour. Sur le toit, on installe une terrasse végétalisée pour récupérer l’eau ou des panneaux solaires ? Et au sous-sol, si on ouvrait la buanderie et le studio de répète aux voisins du quartier ? A la prochaine AG, on vote – un homme, une voix – pour savoir si on garde une voiture pour deux logements. »

Plus qu’une réponse « techno »

Distinct du logement social comme de la propriété individuelle, les coopératives d’habitants sont fréquentes à l’étranger : elles représentent 8 % du parc immobilier en Suisse et même 15 % en Norvège. En Allemagne, ce sont les villes qui réservent parfois 15 % du foncier aux « Baugruppen ». En ne passant pas par la case « promoteur immobilier », non seulement ces groupes mutualisent pour se payer des innovations – un habitat passif, par exemple –, mais ils économisent aussi de 15 % à 25 % du prix de la construction. Selon l’urbaniste strasbourgeois Bertrand Barrère, « ce système est essentiel pour permettre l’accession à la propriété des classes moyennes dans certaines villes allemandes, comme Munich ». En France, les deux premiers projets du genre sortiront de terre cette année. L’Eco-Logis à Strasbourg et le Village Vertical à Lyon accueilleront respectivement 11 et 14 logements.

Plus de 50 groupes, présents partout en France, comptent bien leur emboîter le pas. Habiter Autrement à Besançon envisage ainsi de construire 25 ou 30 logements sur un terrain que leur réserve la municipalité dans son futur écoquartier. « Créer un havre de bien-vivre dans une ancienne caserne de Vauban, la symbolique me réjouit, explique Joëlle Vogt, future habitante. J’ai 63 ans et je me demandais comment continuer à vivre seule, pour ne pas peser sur mes enfants, tout en étant avec les autres. Faire attention à son prochain, comme dans les villages, j’aime cette idée. » Antoine Petitdemange, 27 ans et animateur de « Coop En Germ’ » à Saint-Germain-au-Mont- d’Or, près de Lyon, se dit « attiré par une écologie des pratiques. On ne réfléchit pas seulement à des réponses “techno” type isolation, mais surtout à la façon d’utiliser des espaces – buanderie ou chambre d’amis – sous-employés dans une maison et de mutualiser du matériel, de faire du covoiturage, etc. »

Le gouvernement est contre

La préoccupation écolo est très présente dans l’habitat groupé : Eco-Logis construit ainsi un bâtiment à basse consommation (50 kWh/m2) et 100 % bois. « Ça ne s’était plus fait en Alsace depuis les maisons à colombage », note le président de l’association strasbourgeoise, Bruno Parasote. Le Village Vertical disposera, lui, d’un toit solaire produisant électricité et eau chaude, et de deux Autolib’, les voitures en libre-service de l’agglomération.

Le projet la jouera vert solidaire : 4 des 15 appartements du Village lyonnais accueilleront des jeunes en insertion professionnelle. Ouvrir les portes à toutes les classes sociales, grâce à des prix accessibles et des accords avec des associations ou des bailleurs, c’est d’ailleurs une préoccupation de la plupart des groupes. « Ils défendent un projet politique de non-spéculation qui contredit les logiques de marché dans l’habitat », estime Bertille Darangon, permanente de Habicoop, association lyonnaise qui tente de ressusciter les coopératives d’habitants. Ces militants s’engagent en effet à ne pas faire de profit, puisqu’ils sont propriétaires de parts sociales, et non d’un logement qu’ils pourraient revendre comme bon leur semble.

Les intentions sont nobles, la pratique plus complexe. D’abord parce que le statut de coopérative d’habitants n’existe plus ! Après-guerre, le mouvement coopératif des Castors l’avait popularisé pour répondre à la pénurie de logements par l’autoconstruction. Le système de « location accession » offrait à de nombreux ménages modestes des parts sociales contre le paiement d’un loyer. Ils (re)devenaient ainsi propriétaires. Mais en 1971, une loi met fin à l’aventure. Le gouvernement actuel a bien promis à Habicoop une réflexion sur le sujet, mais en décembre 2009, la majorité a voté contre une proposition de loi du député Vert Noël Mamère qui reconnaissait les coopératives d’habitants.

Pas un moulin

Si vous vous lancez, pas question de ménager votre temps. « Comptez environ cinq ans, énormément de réunions et pas mal de nuits blanches avant d’emménager », prévient Bruno Parasote. Mieux vaut donc être nombreux, car beaucoup lâchent en cours de route, volontairement ou par la force des choses. S’entourer de professionnels est également recommandé, même si des amateurs éclairés – architectes notamment – sont souvent à l’initiative. « Nous sommes des citoyens lambda et c’est un atout car quelqu’un du métier, très impliqué, peut prendre le dessus dans un groupe, estime Erik Dorge, président d’Habiter autrement à Besançon. Par contre, on a dû faire appel à une agence pour l’étude de programmation. Quelles surfaces souhaite-t-on ? Pour quels usages ? Combien de voitures en autopartage ? Un cabinet de juristes planche sur le futur statut. Et des chercheurs spécialistes de la coopération, l’association Oïsa, nous font réfléchir sur l’autogestion et la mixité sociale. »

Car on n’entre pas dans l’habitat groupé comme dans un moulin, d’autant qu’il faut un peu de grain à moudre pour devenir copropriétaire. « Je ne sais pas comment cela fonctionnerait sans les collectivités locales, avoue Bertille Darangon, de Habicoop. Les communautés urbaines de Strasbourg, de Lyon et Besançon ont eu un rôle capital pour livrer du foncier à un prix inférieur au marché, donner des garanties aux banques pour contracter des prêts et légitimer le projet aux yeux des partenaires. » Mais c’est du gagnant-gagnant : toutes les villes rêvent d’avoir leur zone innovante, comme BedZed au sud de Londres ou le quartier Vauban à Fribourg en Allemagne, à la fois vitrines et laboratoires du vivre-ensemble. —

Sources de cet article

- Habicoop, association lyonnaise qui soutient les coopératives d’habitants, dispose d’un site très documenté
- Village vertical, la future coopérative d’habitants à Villeurbanne (Rhône)
- Ecoquartier Strasbourg fait connaître le principe de l’autopromotion en Alsace. Avec la ville de Strasbourg et Habicoop, elle organise les Rencontres nationales de l’habitat participatif les 19, 20 et 21 novembre 2010.
- Habiter autrement à Besançon, une association franc-comtoise
- Historique du logement coopératif
- L’Oïsa, l’Observatoire international des systèmes alternatifs

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  • "Vivre en Cohabitat. Reconstruire des villages en ville"
    Par Matthieu Lietaert.

    Caméra au point, Matthieu Lietaert est parti à la rencontre des gens qui vivent en co-habitat dans les pays nordiques. C’est une plongée particulièrement rafraichissante au cœur de ce mode de de vie.

    Je sais que le DVD est en creative commons, donc librement diffusable mais je ne sais pas où il se trouve...
    A chercher sur le web !

    2.06 à 10h31 - Répondre - Alerter
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