Une classe à part

« Enfants valises », c’est ainsi qu’on appelait les enfants des Dom-Tom envoyés en métropole. En France, aujourd’hui encore, l’école a pour obligation d’accueillir tous les mineurs de moins de 16 ans, avec ou sans papiers. Tourné dans une classe d’accueil, ce documentaire suit le parcours d’enfants venus d’Algérie, du Mali ou encore de Côte d’Ivoire, pour fuir des guerres ou une situation familiale qui ne leur laisse plus de place. L’école est un repère essentiel dans ce déracinement tardif.

Xavier de Lauzanne les y rencontre quelques mois après leur arrivée : Aboubacar, 16 ans, qui a perdu ses parents très jeune et connu la violence des rues d’Abidjan ; Dalel, 15 ans, venue d’Algérie pour rejoindre sa mère lorsque son grand-père est tombé malade, ou encore Hamza, 14 ans, né en France, parti en Tunisie, puis revenu seul avec l’espoir d’obtenir facilement des papiers. Mais c’est plus compliqué qu’il ne le pensait. Tout est plus compliqué. S’exprimer dans un français châtié, trouver des stages, tenir le cap et étudier malgré le bouillonnement intérieur. Dans la classe, ils s’exercent, un crayon entre les lèvres : « Panier, piano, panier, piano… » Leurs voix libèrent aussi des chapelets de mots qui racontent l’exil, le déchirement et l’amour. « Moi, je sais que vous pouvez dire de belles choses, je sais que vous pouvez écrire de beaux textes, il faut penser à tout ce qui est beau pour vous donner le courage d’avouer les mauvaises choses », dit sa prof à Aboubacar, après une bêtise. Tous ne tiendront peut-être pas le cap, mais dans ce moment charnière où il leur faut faire leurs preuves, ils se révèlent talentueux, souvent drôles et heureux d’apprendre. —