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28-09-2006
Mots clés
Société
Consommation
France

Un os dans le halal

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Steak, tube de dentifrice, petit pot pour bébé : les produits halal fleurissent. Pas toujours "orthodoxes", certes, mais rentables.
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Du porc dans des saucisses étiquetées halal. Un comble. Et pourtant, en janvier dernier, les analyses étaient formelles : des barquettes de charcuterie supposées pur bœuf contenaient des morceaux de l’animal honni par l’islam. Et ce n’est pas une première. La filière des aliments halal, autrement dit ceux autorisés par le Coran, serait même gangrenée par le charlatanisme. "Les trois-quarts de la viande certifiée ne sont pas conformes au rite, témoigne un professionnel du secteur. Mais les enjeux sont si importants que tout le monde ferme les yeux."

Le porte-monnaie des 4 à 5 millions de Français et d’immigrés musulmans vaut bien quelques arrangements avec la parole de Mahomet. Estimé à 3 milliards d’euros, soit 10 % de la consommation de viande en France, ce marché affiche une arrogante croissance : 15 % par an depuis 1998. Un secteur stratégique pour une industrie carnée anémiée par la vache folle et la grippe aviaire. La plupart des entreprises de viande ont créé leur sous-marque islamo-compatible. Et cette tendance ne se cantonne pas au rayon boucherie. Désormais, on "halalise" tous azimuts : potages, nems, fast-food, petits pots pour bébé...

Islamo-compatible

Haribo propose des bonbons sans gélatine porcine. Nestlé a lancé une eau minérale halal. Et sur les étalages, trôneront bientôt dentifrice et crèmes de jour. À l’évidence, les professionnels du marketing sont des adeptes d’une lecture intransigeante du Coran. Car à l’origine, les préceptes religieux se limitaient à l’interdiction du porc et de l’alcool et à l’obligation de manger une viande - dite halal - sacrifiée rituellement. Pour ce faire, la bête vivante doit être égorgée au nom d’Allah, d’un seul geste et au couteau par un sacrificateur musulman tourné vers la Mecque. Depuis 1996, un arrêté ministériel stipule que seules les mosquées de Paris, d’Évry et de Lyon. peuvent agréer ce sacrificateur. Tous les ans, ce monopole rapporte à chacune de ces institutions plus de 80 000 euros.

Une fois sacrifiée, la viande doit être saignée. Un crime de lèse-productivité : un sacrificateur occit 1 500 poulets à l’heure, contre 6 000 en machine. Enfin, l’abattoir doit être indemne de toute carcasse haram (illicite). Les usines les plus sourcilleuses réservent des créneaux horaires à cette production. D’autres, comme Corico, se sont convertis au tout-halal. "Depuis une dizaine d’années, nous égorgeons toutes nos volailles, assure Serge Barraud, commercial de Corico. Un tiers est vendu 10 centimes d’euros plus cher par kilo sous notre marque Médina Halal, le reste sous le logo traditionnel."

Difficile de répercuter les surcoûts sur le prix de vente vu la faiblesse du pouvoir d’achat des ménages musulmans. De fait, ces contraintes expliquent les dérives de la filière. D’autant qu’aucune loi ne définit le label "halal". Du reste, ce vide juridique fait la fortune d’une cinquantaine d’associations s’autoproclamant "contrôleur". Les entreprises carnées leur versent 10 à 20 centimes d’euros par kilo en échange de leur tampon sur la "barbaque". "Cette redevance rapporterait 45 millions d’euros par an", révèle Ben Omar Taif, co-président de la commission halal du Conseil français du culte musulman (CFCM).

Seulement, beaucoup de ces organismes sont accusés de délivrer des labels sans réel contrôle. Voire de diffuser des certificats bidons. "La Direction générale de l’alimentation n’a aucun moyen d’empêcher ces tricheries", déplore Antoine Bonnel, créateur du premier Salon international de l’alimentation halal. Seule inspection en date : en 1998, sur onze entreprises visitées par la Direction nationale des enquêtes de la répression des fraudes (DNERF), six ont été poursuivies pour tromperie ou falsification. Deux autres ont reçu un avertissement.

Querelles de minaret

En 2004, la création du CFCM et de sa commission halal devait servir à réglementer ce trafic. Las, les querelles de minaret ont eu raison des tentatives de mise en place d’une certification unique. "Nous n’avons jamais pu lancer le débat car trop de personnes ont intérêt à ce que les choses restent en l’état", s’agace Ben Omar Taif. Sauf que l’argent généré par ce commerce commence à intriguer le ministre de l’Intérieur. Avec son collègue de l’Agriculture, il planche actuellement sur la question.
Sources de cet article

Le site du Conseil français du culte musulman (CFCM)

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