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28-05-2009

Un nouveau chapitre dans l’histoire du livre

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Acheter un roman reste encore un luxe dans les pays du Sud. Une solution : partager les coûts de publication et de diffusion. Des dizaines de maisons d’édition viennent de sauter le pas.
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Le petit dernier s’appelle De l’autre côté du regard. Inutile de le chercher dans les rayons d’une librairie française puisqu’il est destiné au public africain, en tout cas sous la forme qu’exhibent fièrement Laurence Hugues et Etienne Galliand. Cet ouvrage, présenté au Salon du livre africain de Genève (Suisse), en avril dernier, est le bébé de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants (AIEI). Un gamin aux parents multiples puisqu’il est le résultat d’une « coédition solidaire ».

« Le principe est très simple, explique Etienne Galliand, directeur de l’Alliance. Plusieurs éditeurs travaillent ensemble et partagent les coûts, ce qui permet de proposer au lecteur africain un livre environ trois fois moins cher que d’ordinaire. » De l’autre côté du regard, de la Sénégalaise Ken Bugul, a bénéficié de ce système et est désormais disponible dans cinq pays africains. Jusque-là, ce dialogue intime entre une fille et sa mère défunte était réservé au public francophone fortuné. Seuls quelques exemplaires, au prix « européen » de 9 euros, prenaient la poussière dans les librairies africaines où le hasard d’un transport par container l’avait porté depuis son édition, en 2006, chez le Serpent à plumes. En le rééditant de façon solidaire, l’AIEI lui redonne vie. Diffusé à 2 400 exemplaires en Afrique au prix d’environ 3 euros, il est devenu accessible à un étudiant de fac.

Comité de lecture virtuel

La gestation de l’ouvrage s’est avérée longue et passionnée. Au départ, c’est un comité de lecture panafricain composé d’éditeurs, de libraires et de bibliothécaires qui a choisi ce livre après avoir dialogué, pendant des heures, par conférence virtuelle sur Skype. Puis, la maison française du Serpent à plumes a accepté de céder à l’Alliance ses droits de diffusion en Afrique pour une somme jugée symbolique : 1 055 euros. Pour Nathalie Fiszman, sa directrice éditoriale, l’accord allait de soi. « J’étais très fière de pouvoir aider ces auteurs africains à être lus dans leur propre pays. C’est une littérature importante et magnifique, reconnue dans le monde, à laquelle les habitants de ce continent n’ont malheureusement pas accès. »

La coédition s’est mise en place avec cinq intervenants d’Algérie, du Bénin, du Cameroun, de Côte- d’Ivoire et du Sénégal. Ils ont partagé les coûts et le travail éditorial, demandé une préface à l’écrivain congolais Alain Mabanckou – prix Renaudot 2006 pour Mémoires de porc-épic –, modifié la photo de couverture et se sont réjouis de pouvoir diffuser un texte encore inconnu de tous.

« Livre équitable »

Ce concept de « livre équitable » n’a pas grand-chose à voir avec la banane du même nom. Son objectif n’est pas la hausse du revenu du producteur, mais bien la baisse du prix de vente du livre, grâce à la division des coûts entre coéditeurs et la subvention de l’AIEI, qui s’élève à 2 euros par exemplaire (1). Derrière cette répartition économique, une autre vision de l’édition s’exprime. « Ces coéditions permettent aux livres africains de circuler à nouveau sur leur continent d’origine, à contre-courant de la tendance globale d’accaparement par le Nord des auteurs du Sud », s’enthousiasme le Suisse Jean Richard, des Editions d’en bas.

« Cet accaparement est le fait des deux plus grands éditeurs français, Hachette et Editis, qui remportent la plupart des appels d’offres internationaux de livres en Afrique francophone », précise Isabelle Bourgueil, directrice de programmation du Salon du livre africain de Genève. « Notre réseau, auquel participe 45 pays, se consolide autour d’une certaine idée de l’édition, fondée sur d’autres valeurs que le profit économique », confirme Gilles Colleu, des éditions Vents d’ailleurs en France.

Boom africain

Et l’avenir pourrait venir conforter cet élan. A l’automne, la collection Terres solidaires de l’AIEI s’enrichira de deux textes. Etienne Galliand prédit surtout, pour les dix ans à venir, l’essor des éditeurs africains. Une récente rencontre avec un éditeur d’Hachette International a confirmé son point de vue. « Il m’a clairement dit qu’il allait changer de stratégie et développer les partenariats internationaux avec les éditeurs locaux, sentant que ces marchés allaient un jour lui échapper. » Ce qui n’empêchera pas l’AIEI de conseiller encore les éditeurs africains sur leurs contrats passés avec les mastodontes français. 

(1) Le principal bailleur de l’AIEI est la Fondation Charles Léopold Meyer. A ceci s’ajoutent des financements ponctuels de l’Organisation internationale de la francophonie, des fondations Ford et Prince Claus, de la région Ile-de-France, de donateurs privés.


LES GRANDS MARCHÉS DE L’ÉDITION DANS LE MONDE

France 2,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2007 ; 37 352 nouveaux titres publiés en 2007. (chiffres du Syndicat national de l’édition)

Europe 23,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2006 ; 475 000 nouveaux titres publiés en 2006. (chiffres de la Fédération des éditeurs européens)

Asie 5,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires au Japon ; 2,1 milliards en Corée ; 831 millions en Inde. (estimations pour 2008 de l’Union internationale des éditeurs)

Afrique 292 millions d’euros de chiffre d’affaires en Afrique du Sud ; 183 millions d’euros en Egypte ; 80 millions d’euros au Nigeria ; 3,8 millions d’euros au Kenya (estimations pour 2008 de l’Union internationale des éditeurs)

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