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14-09-2006
Mots clés
Marques, Marketing
Multinationales
France

Trois blondes au comptoir

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Plus de 250 brasseries alimentent le marché français en bières. Mais en réalité, trois multinationales se partagent le gâteau. Grâce à une redoutable astuce marketing : "le contrat bière".
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Devinette : sachant que le territoire français compte 250 brasseries artisanales, mais que l’activité profite essentiellement à trois multinationales, quelle est la probabilité pour qu’un client déshydraté ingurgite autre chose qu’une blonde au parfum standardisé  ? Très faible. Le procédé qui alimente en mousses industrielles les quelque 175 000 débits de boisson est en effet diablement efficace. Son nom de code : "le contrat bière".

Choper les bars

Ce dossier est classé "confidentiel" par l’association des Brasseurs de France. Michel Haag, président du syndicat des brasseurs d’Alsace et pédégé de Meteor, dernière brasserie industrielle indépendante et familiale de la région, fait moins de mystère. Sa bière, fabriquée à Hochfelden, est distribuée jusqu’au Café de Flore à Saint-Germain-des-Prés : "Nous comptons 4 000 cafés qui débitent de la Meteor en pression, dont j’estime à deux tiers le nombre lié par contrat. C’est une pratique légalisée et répandue dans l’Europe entière qui permet tout simplement aux cafetiers de se moderniser, et aux brasseurs de distribuer leur produit". Le principe est le suivant : le brasseur offre au cafetier toute une gamme d’aides possibles. Depuis le mobilier du bar, jusqu’au prêt financier. En contrepartie, ce dernier s’engage à ne servir au comptoir que la marque de son parrain, le temps du remboursement de cette aide. Et à remplir les objectifs de vente tout en alimentant ses pompes au prix fixé par le brasseur.

Ce contrat d’exclusivité n’est pas au goût de Bernard Happiette, patron du Moulin de la bière, à Coquelles : « c’est de l’esclavage ». Dans son café, situé en pleine galerie marchande de la Cité de l’Europe - où l’on croise des Anglais les bras chargés de vin en bricks et de bières premier prix - de grandes cuves de cuivre produisent quatre couleurs de bières. "Ma bière me revient à 50 centimes le litre, alors qu’un prêt brasseur m’engagerait à payer la sienne trois euros  !" Passés les coûts d’investissement, vendre sa propre bière est rentable. Mais la diminution des risques financiers générée par le système de prêt explique la relative monotonie des bières posées sur les zincs.

Sans surprise, ce système profite aux mastodontes. A eux seuls, Kronenbourg et Heineken se partagent 70 % du marché français. Toutefois, même s’ils ont conservé leurs berceaux alsaciens, la mythique Kro est devenue britannique et Heineken est passé sous pavillon néerlandais. Il faut aussi compter sur le belgo-brésilien InBev qui abreuve 9,5 % de l’Hexagone sans même y posséder de site de production, et domine le monde avec Stella Artois, Leffe, Hoegaarden...

Au total, le marché français brasse plus de deux milliards d’euros de chiffre d’affaires. Une somme rondelette, même si la consommation baisse. 33,7 litres de bière par habitant en 2004 contre 57 litres enregistrés en 1980 par l’Insee, ou encore 117 litres chez nos voisins allemands. La bière ne représenterait plus que 15 % de notre consommation d’alcool (60 % pour le vin). La faute à la loi Evin, aux gendarmes ou à la lassitude face à une boisson vieillissante...

Une bière dans chaque port

Certains cafetiers tentent malgré tout de faire de la résistance. Pour ne pas céder aux sirènes des grands groupes ni à la tentation du petit chimiste, les bières artisanales vendues en bouteille représentent une belle alternative. Elles s’appellent Ch’ti ou Morbraz et privilégient la carte du terroir. Une menace jugée peu sérieuse pour nos trois grands groupes qui jouent, eux, la carte des bars concepts : tendance comme le Bar australien, ou classieux comme l’espace Culture bière sur les Champs-Elysées.

Mais ils cherchent surtout à séduire la ménagère car les deux tiers du volume issu des brasseries s’écoulent en magasin. Or, une seule femme sur trois consomme de la bière... La bouteille se met donc au régime (format de 15 centilitres et moins d’alcool), se fait relooker par Philippe Starck, teindre en bleu, ou parfumer au thé vert. Bonne nouvelle pour les industriels : les marges sont bien meilleures avec ces ébières bonbon", "de l’ordre de 20 %", assure le pédégé de Meteor. En affaire de bière aussi, la femme est l’avenir de l’homme.

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