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1-12-2003
Mots clés
Société
France

Reprendre goût à l’avenir

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Le Goût de l'Avenir, Jean-Claude Guillebaud, Seuil. 21,50 euros.
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L’avenir ne fait plus recette. Il a cessé d’être le grand projet de la collectivité. Le temps est désormais au repli individualiste, au "bonheur modeste de l’instant". Dans son dernier ouvrage, Le Goût de l’Avenir, Jean-Claude Guillebaud, grand adepte de l’analyse anthropologique de nos démocraties libérales, passe à la loupe les symptômes d’une société dépassée par son entrée, depuis une dizaine d’années, dans un monde radicalement nouveau. Trois révolutions simultanées bouleversent notre rapport au monde : économique, informatique et génétique. Les lois du marché imposent leur puissance. Le cyberespace redéfinit l’espace-temps et le lien social. La révolution génétique chamboule notre rapport à la vie. Autant de bouleversements qui poussent Jean-Claude Guillebaud à assimiler ce séisme au passage du paléolithique au néolithique : décisif.

Co-responsables du monde à venir

Dépassés par tant de changements, les citoyens perdent pied et s’en vont trouver refuge dans la jouissance du présent. Fini le temps des utopies et des grands projets. Le repli, le renoncement contemporain sont devenus les maîtres-mots de notre existence. C’est contre cette indifférence que Guillebaud veut mettre en garde. Le fatalisme qui consiste à ne plus regarder l’avenir, à ne plus concevoir de projets, à ne plus nourrir d’espérance, laisse le champ libre à la technocratie marchande. Là réside la force de cet ouvrage : en nous mettant face à nos contradictions et à nos lâchetés, par un argumentaire brillant de pertinence et de fluidité, Guillebaud met en lumière les dangers qui guettent la démocratie. Tant que nous ne nous sentirons pas co-responsables du monde à venir, le politique dépérira au profit la technoscience et de l’économie libérale. Il s’agit donc, dès à présent, de refuser d’être le jouet de la main invisible du marché. Comment ? En rejetant la résignation. En reprenant possession de notre destin, collectivement, pour retrouver le goût envivrant et constructif de l’avenir.
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