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13-12-2010
Mots clés
Santé
Justice
Afrique
Etats-Unis

Le laboratoire Pfizer dans la mire de WikiLeaks

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Le laboratoire Pfizer dans la mire de WikiLeaks
(Crédit photo : Kojach/Flickr)
 
Poursuivie au Nigeria pour un essai de médicament désastreux, la société américaine a-t-elle fait pression sur un procureur pour éviter un procès ? Plusieurs « câbles diplomatiques » le laissent penser.
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Voilà qui n’adoucira pas le vieux conflit qui oppose depuis des années le Nigeria aux labos pharmaceutiques occidentaux. Mis en cause à propos d’un essai de médicament sur des enfants nigérians atteints de méningite, le laboratoire américain Pfizer aurait eu recours à l’intimidation et à la corruption pour éviter un procès. C’est ce que révèle un document d’avril 2009, exhumé des fameux « câbles diplomatiques américains » de WikiLeaks par le quotidien britannique The Guardian.

En 1996, une épidémie meurtrière de méningite cérébro-spinale sans précédent avait touché le nord du Nigeria. Des dizaines de milliers de personnes étaient tombées malades et des milliers étaient mortes. A l’époque, le laboratoire Pfizer avait testé un antibiotique, le Trovan, dans des conditions douteuses sur une centaine d’enfants et de nourrissons, soignés dans un hôpital de l’Etat du Kano, dans le nord du pays. Tout en affichant une certaine efficacité, le médicament avait provoqué de graves lésions chez de nombreux enfants. De plus, les parents n’avaient pas été informé qu’il s’agissait d’un essai thérapeutique. Les autorités nigérianes affirment en outre que l’essai a été conduit par Pfizer sans son aval, ce que le laboratoire a toujours démenti, malgré la publication, en 2006, d’un rapport d’enquête nigérian par le Washington Post. Lancé aux Etats-Unis en 1998, le Trovan était vite devenu l’un des best-sellers de Pfizer avant que les autorités sanitaires américaines n’encadrent les conditions de prescription, et interdisent son usage pour les enfants. Le médicament a été suspendu par l’Union européenne en août 1999, puis retiré du marché européen par le fabricant.

« Une série d’articles dévastateurs »

Pfizer a été traîné en justice par l’Etat du Kano, qui réclamait plus de 2 milliards de dollars (1,5 milliard d’euros), ainsi que par l’Etat fédéral, qui exigeait six milliards de dollars (4,5 milliards d’euros) de compensations. Mais en juillet 2009, le Kano a accepté le principe d’un versement de 75 millions de dollars (56 millions d’euros) en l’échange de l’abandon des poursuites civiles et pénales. Et le procureur général de l’Etat fédéral a abandonné les poursuites civiles et pénales engagées contre Pfizer, sans qu’un seul centime – officiellement du moins – ne soit versé.

Le document dévoilé en fin de semaine dernière par le Guardian relate deux rencontres entre des représentants de Pfizer et des responsables de l’ambassade américaine à Abuja, capitale du Nigeria, en avril 2009. Enrico Liggeri, le responsable du labo dans le pays, se serait ainsi réuni avec des officiels américains le 9 avril, raconte le câble diplomatique. « Selon Liggeri, Pfizer a embauché des détectives pour établir des liens de corruption visant le procureur général Michael Aondoakaa, et faire pression sur lui pour qu’il abandonne les procédures fédérales. [Liggeri] a affirmé que les enquêteurs de Pfizer ont transmis des informations à ce sujet à des médias locaux. » Et le mémo de préciser « qu’une série d’articles dévastateurs détaillant des faits supposés de corruption reprochés à Aondoakaa ont été publiés en février et mars [2009] ». Il laissait aussi entendre que Pfizer s’était montré prêt à de nouvelles révélations si le procureur devait s’obstiner à poursuivre. Au cours d’une autre rencontre à l’ambassade américaine, des responsables de Pfizer ont laissé entendre qu’ils avaient obtenu des assurances du président du Nigeria [de l’époque] Yar’Adua sur l’arrêt des procédures. Ce qui fut fait en octobre 2009.

« Je ne savais pas que Pfizer avait fouillé dans mon passé »

Rien dans le document rapporté par le Guardian n’établit de preuve que les pressions exercées par Pfizer sont à l’origine de l’abandon des poursuites par l’Etat fédéral nigérian. Le site nigérian d’informations Next a publié le 28 novembre dernier – avant donc la révélation du câble – une enquête qui raconte qu’un accord secret a bien été passé en octobre 2009 entre l’ancien procureur général et l’industriel. Aondoakaa a pourtant démenti avoir joué le moindre rôle, expliquant à Next que la procédure était toujours en cours quand il a quitté ses fonctions en février 2010. Au Guardian, l’ancien responsable de la justice nigériane s’est déclaré très surpris par le contenu du document de WikiLeaks. « Je ne savais pas que Pfizer avait fouillé dans mon passé. » Pfizer a également opposé un vigoureux démenti au quotidien britannique : « Bien que nous n’ayons pas vu le moindre document émanant de l’ambassade des Etats-Unis au Nigeria à propos des procédures fédérales, les déclarations dont on dit qu’elles figurent dans de tels documents sont totalement fausses. » Reste que, même au Nigeria, il n’y a pas d’unanimité à l’idée que d’hypothétiques révélations sur le procureur général soient à l’origine de l’abandon des poursuites fédérales.

Next, tout en relatant la publication du télégramme diplomatique américain par le Guardian, a écarté cette hypothèse. Le journal penche plus pour un désintérêt des responsables fédéraux vis-à-vis du sort des victimes. Mais, sans en apporter la preuve, il estime que des officiels engagés dans la négociation avec Pfizer ont pu toucher de l’argent. Un argent qui aurait été qualifié d’« ensanglanté », par l’ancien président Yar’Adua, lorsqu’il avait refusé que l’industriel finance l’Hôpital national pour se dédouaner.

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  • Croyez-vous qu’il était nécessaire d’avoir attendu les révélations de Wikileaks pour comprendre que la grande spécialité des labos pharmaceutiques est de tester n’importe comment et ensuite commercialiser très cher une multitudes de cochonneries toutes aussi inutiles les unes que les autres, qui n’auront que pour avantage de vous bousiller la santé plus où moins rapidement en leur rapportant un maximum d’argent.

    Ils essayent cependant, bien qu’il n’y arrivent pas toujours, à veiller à ce que ces produits ne vous tuent pas trop vite.

    Pour cela, les pays du tiers monde tels que le Nigéria, l’Inde, et tant d’autres, sont idéals pour organiser les tests.

    Mais bien évidement, il y a donc des dégâts collatéraux...

    Une fois mis au point les compositions et dosages des nouveaux traitements, ceux-ci sont commercialisés dans les pays occidentaux.

    Ils ne sont donc plus mortels,

    enfin, pas à court terme...

    Seulement à petit feu...

    Sur ce, surtout, soignez vous bien...

    A vot’ bonne santé m’sieurs dames

    14.12 à 15h16 - Répondre - Alerter
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