Pour la première fois de notre histoire, une procédure d’alerte concernant la pollution de l’air aux particules fines vient d’être mise en place par la préfecture de police, et ce pour une durée indéterminée, mais probablement de plusieurs jours, selon Airparif. Cette alerte fait suite à une succession de journées de dépassements de seuils d’information et d’alerte comme l’Ile-de-France n’en avait jamais connu : déjà plus de vingt jours en deux mois et demi.
Ce nombre impressionnant du nombre de pics de pollution résulte certes d’un abaissement des seuils déclenchant l’alerte. Mais il serait dérisoire d’incriminer le thermomètre quand c’est la maladie qui est en cause. Si les seuils ont enfin été abaissés en France, c’est que ceux en vigueur jusque-là ne reflétaient pas l’état réel de dégradation de la qualité de l’air dans notre pays, à la différence du reste de l’Europe.
Cette situation vient malheureusement confirmer ce que les écologistes disent depuis des années : à force de favoriser les véhicules diesel (par une fiscalité favorisant le gazole), la France se retrouve aujourd’hui avec le parc automobile le plus « diésélisé » du monde. Or, comme le montrent les études médicales, les véhicules diesel sont fortement émetteurs de particules fines, classées comme probablement cancérigènes par l’Organisation mondiale de la santé, et responsable de plus de 40 000 morts par an en France.
Un pas en avant
L’absence de volonté politique des gouvernements successifs pour enrayer ce phénomène nous conduit à respirer un air de plus en plus toxique. Cela vaudra très prochainement à la France d’être condamnée par la Cour de justice européenne pour non respect des directives en matière de qualité de l’air.Pour la première fois, la préfecture de police annonce qu’elle ne va pas se contenter d’incitations à réduire la vitesse de circulation, mais qu’elle compte réellement réduire la vitesse autorisée. C’est un pas en avant important : c’est enfin la reconnaissance qu’il n’est pas admissible qu’on se contente de dire aux victimes potentielles (enfants, personnes âgées, malades respiratoires) de rester cloîtrés et de ne pas respirer, tout en permettant aux sources de pollution de continuer à circuler comme si de rien n’était. Nos interpellations vigoureuses du préfet de police ont enfin commencé à porter leurs fruits.
Pour autant, il convient de ne pas se leurrer : il est probable que ce seul abaissement de la vitesse ne réduira pas suffisamment la pollution. D’autres mesures prévues dans les arrêtés préfectoraux d’alerte doivent d’ores et déjà être envisagées, tels le report vers les autoroutes nationales du trafic de camions transitant par l’Ile-de-France, voire la mise en place de la circulation alternée pour les véhicules diesel.
Moins de diesel
Toutes ces mesures ne sont pour autant que des palliatifs : au-delà des actions d’urgence en période de pics, il faut que les pouvoirs publics prennent enfin conscience que la fuite en avant dans la « diésélisation » du parc est un non-sens sanitaire. Si nous voulons durablement retrouver un air de qualité, sans avoir à mettre en place régulièrement des mesures restrictives de la mobilité, il faut au plus vite supprimer les incitations existantes au niveau national à acheter, utiliser, construire des véhicules diesel.
Il est regrettable qu’il ait fallu attendre de tels épisodes importants de pollution pour agir. Mais maintenant qu’on en est là, il serait encore plus irresponsable de ne pas prévenir la répétition de telles alertes.
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