Notre Énergie > Organisons des « états généraux de l’énergie »
14-04-2011
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Organisons des « états généraux de l’énergie »

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Organisons des « états généraux de l'énergie »
(Photo : arc-en-ciel au-dessus de la centrale électrique de Morro Bya (Cafifornie). Crédit : Mike Baird / Flickr)
 
Coup sur coup, l’actualité des dernières semaines vient de nous rappeler à quel point notre addiction collective à l’énergie nous a rendu aveugles et sourds.
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Aveugles à tous les effets secondaires qu’une consommation abusive était susceptible d’entrainer. Sourds à tous les signaux d‘alarmes annonciateurs d’une prochaine pénurie qui risque de nous placer brutalement en état de manque. L’énergie est une drogue dure, surtout lorsqu’on s’est habitué à pouvoir en consommer toujours plus, tout en la payant, en pouvoir d’achat constant, toujours moins cher au fil des décennies.

Peut-être que, comme Paris valait bien une messe, la prospérité et la croissance valaient bien qu’on fermât les yeux sur quelques inconvénients, quelques dictatures et pétromonarchies par ci, quelques marées noires par là, quelques accidents industriels ailleurs, et de nombreux décès prématurés un peu partout.

Hyperspécialisée, notre économie s’est elle-même rendue vulnérable. Comme peut l’être un papillon qui, ne sachant se nourrir que sur une seule espèce de fleur, se trouverait en danger critique d’extinction si sa plante hôte venait elle-même à être menacée.

Hyperspécialisés, nous sommes devenus dépendants de sources d’approvisionnement en énergies primaires fossiles, héritages d’écosystèmes disparus depuis des centaines de millions d’années, ou d’une source d’énergie primaire, elle aussi fossile par ailleurs, produisant des déchets qui resteront dangereux pendant des millions d’années. Il n’y aurait pas là comme un léger décalage temporel ? Comme une petite désynchronisation ? Le temps ne serait-il pas venu de nous resynchroniser avec la biosphère ? Ne pourrions-nous envisager d’y puiser, comme le font toutes les autres espèces vivantes, l’énergie gratuite et non polluante qui est à la base des écosystèmes ? La nature est une source d’inspiration inépuisable pour qui veut bien la regarder : toute énergie y vient du soleil, toute énergie y est produite localement, efficacement, et utilisée rationnellement, sans production de déchets.

Tout se passe comme si nos choix énergétiques n’avaient été, jusqu’ici, que des choix par défaut. Nous avons pris ce qui venait, sans trop nous poser de questions. Et puisque l’énergie était abondante et bon marché, pourquoi s’en priver ?

Mais la donne a changé. Le vrai risque aujourd’hui, faute d’un vrai débat sur l’énergie, serait de continuer sur la voie du choix par défaut : nous irions alors vers les « solutions de facilité », sans remise en cause du modèle. Du pétrole, des sables bitumineux, des gaz de schiste, de l’uranium, il en reste encore beaucoup. Certes, il faudra aller le chercher plus loin, plus profond, avec des risques et des impacts accrus. Certes, il faudra continuer à fermer les yeux sur quelques turpitudes politiques ou sur le respect des droits de l’homme, à commencer par celui de vivre dans un environnement sain… Mais on verra bien, il sera toujours temps de se poser ces questions là un peu plus tard…

A moins que le moment ne soit venu de se poser les questions de fond. De sortir de l’affrontement bloc contre bloc à coup d’arguments indigents et d’anathèmes éculés, « éoliennes contre nucléaire », « retour à la bougie, ou à l’âge des cavernes ». Nous ne retournerons pas dans les cavernes : il n’y en a pas assez pour tout le monde…

Un débat de fond sur l’énergie commence par celui sur les usages, avant même d’envisager les moyens de production, ou de distribution. A quoi sert vraiment l’énergie ? Pour quels usages est-elle vitale ? Comment l’énergie peut-elle être « évitée », avant même d’être consommée et produite ? Ce n’est qu’après que vient la question des moyens de productions, de la localisation de la production, de son mode de distribution ou de stockage. Formatés par un héritage hyper concentré et hyper décentralisé, nous avons du mal à envisager qu’il existe des alternatives. Et pourtant elles existent. Quelques passionnés, quelques originaux qui ont su « penser en dehors de la boite », qui ont su regarder avec humilité comment les organismes vivants fonctionnent, en ont proposé de nombreuses. Des approches et des techniques aujourd’hui bien maîtrisées permettent des gains significatifs en termes d’efficacité énergétique, que ce soit dans l’industrie, dans le bâtiment ou dans les transports. Impossible ici de rentrer dans l’inventaire ou l’évaluation de ces perspectives : le débat sera là pour ça.

Sur ces bases, dans le respect de chacun, il est possible d’amorcer un débat serein et constructif sur une stratégie énergétique à long terme. Ce débat s’annonce passionnant, ses implications sur nos modes de productions, nos modes de vies, notre relation au monde vivant, seront peut être, enfin, l’occasion d’envisager d’autres possibles, d’autres perspectives.

Voilà pourquoi je soutiens l’initiative de Terra eco pour des états généraux de l’énergie.

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Directeur de l’institut Inspire (Initiative pour la Promotion d’une Industrie Réconciliée avec l’Ecologie et la société) et secrétaire général de la Ligue ROC

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