publicité
haut
Accueil du site > Blogs > Les blogs > Grid & Green > Miguel Canete : un coup dur pour la transition énergétique européenne (...)

Grid & Green

Par Paul
26-09-2014

Miguel Canete : un coup dur pour la transition énergétique européenne ?

( Jerome Bon/https://www.flickr.com/photos/girolame/)
C’est au moment où l’ONU informe le monde d’une concentration record de gaz à effet de serre dans l’atmosphère que Jean-Claude Juncker, président de la Commission européenne, décide de nommer Miguel Arias Cañete au poste de commissaire à l’énergie et au climat. L’espagnol est pourtant réputé pour les liens qu’il entretient avec plusieurs compagnies pétrolières ainsi pour son mépris des énergies renouvelables. Comment la transition énergétique qu’il est si urgent d’engager à l’échelle de l’Union européenne pourrait-elle être incarnée par un tel individu ?

La transition énergétique européenne en suspensFin juillet 2014, le Parlement européen publiait une carte révélatrice de la dépendance énergétique de l’Europe, et notamment vis-à-vis de la Russie. Elle doit compter sur les importations pour 53 % de l’énergie qu’elle consomme, dont « 90 % de pétrole brut, 66 % de gaz naturel et 42 % de combustibles solides comme le charbon ». Sur les 400 milliards d’euros inscrits sur la facture énergétique européenne, 66 milliards sont pompés par les Français et 100 milliards par l’Allemagne. La source majoritaire des approvisionnements, notamment en gaz, en pétrole et en combustibles solides ? La Russie.

Depuis la crise ukrainienne, les Européens sont frappés de plein fouet par une prise de conscience énergétique. Il n’est pas viable de continuer à tout faire reposer sur la Russie. C’est l’une des préoccupations de la nouvelle Commission européenne. Son président Jean-Claude Juncker a dévoilé mercredi 10 septembre sa nouvelle équipe. L’actualité a bien évidemment attiré l’attention, la politique européenne de l’énergie n’ayant pas connu d’avancée majeure ses derniers temps.

Deux de ses annonces cristallisent des réactions parfois violentes. La première concerne la nomination de l’Espagnol Miguel Arias Cañete au poste de commissaire à l’énergie et au climat. Yannick Jadot n’a pas fait mystère de ses réticences : « le choix de monsieur Cañete est choquant » au regard de ses accointances, révélées par le quotidien El Pais en avril, avec le milieu pétrolier. La seconde a trait à la fusion des directions générales Energie et Climat, contestée par certains, saluée par d’autres.

Au lendemain des élections européennes, la transition énergétique européenne était revenue sur le devant de la scène, mais la question s’est largement essoufflée depuis. Et l’association européenne des autorités locales en transition énergétique Energy Cities a d’ailleurs regretté que la notion d’Union Énergétique n’inclue absolument pas d’encourager la nécessaire transition énergétique des territoires pour le moment.

Or cette nomination aurait dû être l’occasion d’aller au-delà de la question de la dépendance énergétique pour interroger de nouveau la nécessité d’une transition énergétique concertée. Il n’est pas sûr que Miguel Cañete, au regard des intérêts qu’il aurait dans le secteur pétrolier, fasse honneur à cette nécessité. Pour le moment, les énergies renouvelables ne sont pas ces machines à cash que sont les puits de pétrole.

Voilà qui est regrettable et fort inquiétant pour l’avenir. Tous les États membres ont en tête la question de l’intégration de la politique énergétique européenne, mais c’est l’attentisme qui domine. Aucun d’entre eux n’ose véritablement changer de modèle, car les intérêts économiques en jeu sont importants. À l’exception de l’Allemagne, et encore. Son « energiewende » est très controversée. Il suffirait sans doute qu’un État aille au front et motive les troupes pour que les plus hésitants sautent le pas.

La France, qui s’essaye également à la transition énergétique via son projet de loi pour la croissance verte d’ores et déjà en cours d’examen parlementaire et qui est parvenue à rallier tant les écologistes que les industriels, pourrait être ce leader. En binôme avec son voisin outre-Rhin, elle a toutes les chances, peut-être parviendra-t-elle à exporter la question énergétique sur la scène européenne afin de réactiver les rouages d’une politique commune orientée vers les énergies renouvelables.

Peut-être même en a-t-elle l’intention. Selon certaines sources, le président de la République aurait décidé de confier à Michel Derdevet, secrétaire général et membre du directoire d’ERDF, la rédaction d’un rapport sur une relance de la politique européenne de l’énergie. Attendu pour la fin de l’année, il devrait traiter des questions des réseaux énergétiques et des défis qui les attendent à savoir : la réalisation des interconnexions en Europe et l’amélioration de l’efficacité énergétique par des réseaux intelligents. Il devrait également contenir des propositions concrètes pour développer la coopération européenne et notamment franco-allemande en matière de réseaux d’énergie européens.

Il ne reste plus qu’à espérer que monsieur Cañete ne fasse pas honneur à sa réputation. Les experts du GIEC l’ont redit, il devient urgent de prendre des mesures concrètes pour lutter contre le réchauffement climatique. L’ONU a lancé également une nouvelle alerte en observant une concentration des gaz à effet de serre dans l’atmosphère toujours plus élevée. L’Union européenne n’aura bientôt plus d’autres choix que de mettre la transition énergétique et le développement des énergies renouvelables sur le devant de la scène.

COMMENTAIRES
Soyez le premier à réagir à cet article !
PUBLIER UN COMMENTAIRE

Un message, un commentaire ?

  • Se connecter
  • Créer un compte
  • NEWSLETTERS
    Cochez les cases pour vous abonner à vos newsletters
SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0
publicité
bas