Avocat aveugle le jour, justicier moulé dans une combinaison rouge la nuit venue, il signe ses actes héroïques en lettres de feu, "DD". Les amateurs de BD américaines auront reconnu Daredevil - "l’audacieux" -, personnage ténébreux tout droit parachuté de l’imagination de Stan Lee en 1964. La major 20th Century Fox en a fait un film projeté en salle en France en début d’année et bientôt diffusé en DVD. Au-delà de ses pouvoirs surnaturels, Daredevil consacre la maison d’édition Marvel, qui détient les droits sur plus de 4700 héros de fiction, parmi lesquels Spiderman et Hulk. Car précisément, Marvel transforme ses héros en machines à cash. Aux Etats-Unis, Daredevil a déjà rapporté plus de 96 millions de dollars. Au club des super-héros sur le retour, DD rejoint Blade, Spiderman et X-Men, et porte les recettes amassées à 1,5 milliard de dollars. En quatre films, la maison d’édition Marvel s’est créée une réputation à Hollywood. Elle était pourtant en faillite en 1996...
Sa fusion avec Toy Biz a permis de relancer l’affaire. "L’entreprise d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celle de 1996, raconte son pédégé Peter Cuneo. Nous avons changé notre modèle économique, qui repose aujourd’hui sur la vente de licences autour de nos personnages." De quoi changer ses héros en poules aux oeufs d’or. Ainsi doté de super-pouvoirs, le cours de Bourse de l’entreprise s’est adjugé 255 % depuis janvier 2002. Et il n’est pas prévu que l’expédition "Sauvez les super-héros" s’arrête en si bon chemin. Trois films directement inspirés de la vie des personnages de Marvel sont programmés cette année, Daredevil, X-Men 2 et Hulk.
Super-héros, payé à rien faire !
Même imbibés de cette détonante potion marketing, ces trois-là - Hulk excepté ? - auront du mal à coiffer Spiderman. Le film produit par Sony Pictures et diffusé en 2002 fait partie des cinq plus gros succès de l’histoire du cinéma. Il a rapporté 818 millions de dollars. Marvel Enterprises a gagné près de 40 millions de dollars sur ce seul film... sans investir le moindre dollar. "Nous encaissons de 2 % à 7 % du prix de chaque billet vendu pour un film dans lequel apparaît l’un de nos personnages et entre 10 % et 20 % de celui de chaque DVD", explique Peter Cuneo. En dépit d’un chiffre d’affaires relativement "modeste", le niveau des bénéfices ne fait qu’augmenter. La société a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 299 millions de dollars (+ 65 %) pour un résultat net qui a plus que quadruplé, à 22,6 millions de dollars. Cette année, les revenus devraient baisser, à 220 millions de dollars, car la société abandonne la production de jouets. Cela n’empêchera pas le bénéfice de plus que doubler, à 54 millions de dollars.En attendant, tous les patrons de studios veulent goûter à la potion Marvel. Vivendi Universal est l’heureux producteur de l’incroyable Hulk en juin et prépare déjà Hulk II. "Nous voulons que sortent chaque année entre trois et cinq films basés sur nos personnages et que tous puissent faire l’objet d’une suite, annonce Avi Arad, pédégé des studios Marvel. Face au succès de Daredevil et X-Men 2, les studios ont même déjà décidé de produire deux nouveaux films à partir des personnages secondaires". S’agira-t-il de Captain America, Invisible Woman, Human Torch ou de l’homme-serpent Venom ? Seule certitude, ces personnages ne se plaindront jamais de leurs cadences infernales. Question : le public, lui, ne risque-t-il pas l’indigestion ? Il y a quelques années les studios avaient sorti Batman et Superman du formol de la pharmacie DC Comics, un concurrent de Marvel. Après quelques entrechats, ils ont pourtant regagné leur bocal.
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