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Les herbes folles de l’économie

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Hors des cases bien tracées qui enserrent l'homo economicus, il existe une quatrième dimension économique fort méconnue, dite "informelle". Informelle, mais tellement vivante.
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Noël Barbe et Serge Latouche (dir.), Economies choisies ?, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 210 pages, 18 euros.

C’est un fait connu des botanistes : les "mauvaises herbes" sont ainsi qualifiées par les hommes, uniquement parce qu’elles se développent hors de leur contrôle. Il en va de même pour l’économie informelle. Mal connu et mal-aimé des grosses têtes de la science économique, cet ensemble hétéroclite d’activités et d’échanges - travail au noir bien sûr, mais aussi travaux domestiques, bénévolat, entraide, activités criminelles, etc. - est pourtant plus vaste qu’un océan. Oui, mais voilà : c’est un océan réservé aux pays du Sud, si fouillis, si baroques, si indociles qu’un économiste du FMI n’y retrouverait pas ses petits. Faux ! répondent en choeur Noël Barbe et Serge Latouche, respectivement ethnologue et économiste, coordinateurs d’Economies choisies ? Le "black" représenterait 7 à 16% du PIB de l’Union européenne et selon les experts, l’informel connaît une vraie expansion dans les pays industrialisés.

Des bonnes philippines aux brocanteurs de Marseille

Economies choisies ? compile les recherches d’une quinzaine d’anthropologues, ethnologues et sociologues qui tentent de cerner les contours de l’informel en France. Et l’on croit Serge Latouche, lorsqu’il cite la jolie phrase d’Eluard : "Il y a un autre monde et il est dans celui-ci." Des bonnes d’origine philippine - très courues paraît-il - aux brocanteurs de Marseille, des petits maillons de l’économie souterraine - la fripe, fabriquée au Maghreb et écoulée sur les marchés français - aux membres des systèmes d’échanges locaux (les SEL), on découvre que "ces gens-là" traficotant aux confins de nos sévères juridictions, ces immigrés, ces petits nomades, ces démerdards des bas quartiers, ont mille et un visages et que ces visages sont foncièrement sympathiques.

Oubliant le style universitaire qui plombe un peu l’ouvrage, on déguste avec passion les histoires de Suzie, de Mohamed ou de Wafa, femme entrepreneur d’un courage extraordinaire, qui a gagné sa liberté grâce à son génie des affaires. Aucune fiction ne pourrait mieux rendre l’intelligence, l’inventivité, l’opiniâtreté et même l’humour de ces individus, nés du mauvais côté de l’économie et qui, contre toute attente, survivent, croissent et prospèrent. Dans le jardin taillé à l’équerre, rêvé par la mondialisation libérale, ils sont les herbes folles semées par le vent, auxquelles aucune tondeuse, du moins on l’espère, ne pourra jamais venir à bout.

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