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21-05-2012
Mots clés
Santé
France

Procès Servier : le calvaire continue pour les victimes

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Procès Servier : le calvaire continue pour les victimes
(Crédit photo : Sam Cockman - flickr)
 
Le tribunal correctionnel de Nanterre a annoncé ce lundi le renvoi du procès du Mediator, un médicament accusé d'avoir causé 500 morts. Retour sur une affaire vieille de trente ans.
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Une victoire pour les Laboratoires Servier, un coup dur de plus pour les victimes du Mediator, ce médicament accusé d’avoir causé la mort de 500 personnes. Le tribunal correctionnel de Nanterre s’est prononcé ce lundi après-midi pour un renvoi du procès pénal entamé la semaine dernière.

La défense des Laboratoires Servier avait déposé deux questions prioritaires de constitutionnalité (QPC) et un recours devant la justice européenne. Les avocats réclamaient notamment une expertise judiciaire et un supplément d’information. C’est gagné pour eux. Le procès - censé durer jusqu’au 6 juillet - sera renvoyé à une date ultérieure. La date d’une reprise pourrait être fixée lors d’une audience de procédure prévue le 14 décembre.

Trente-trois ans de mensonges

Une fois repris, le procès - qui s’était ouvert le 14 mai - pourrait mettre un terme à la triste saga du Mediator.

Le médicament du groupe Servier est lancé sur le marché en 1976. Il est alors prescrit à des patients diabétiques souffrant de surcharge pondérale. Mais très vite, des personnes non malades mais désireuses de perdre du poids commencent à consommer cette petite pilule blanche. Le benfluorex, le principe actif commercialisé sous le nom de marque Mediator, est convoité pour ses propriétés anorexigènes, autrement dit son effet coupe-faim.

En 1998, l’Union régionale des caisses d’assurance-maladie de Bourgogne s’inquiète du phénomène. Plus d’un tiers des prescriptions se situent hors autorisation de mise sur le marché. Soit un consommateur de Mediator sur trois qui n’est pas malade mais veut maigrir. Selon l’Union régionale, « au-delà des aspects de santé publique liés à des prescriptions inutiles, voire dangereuses pour la santé, le constat d’une utilisation en dehors du champ des indications reconnues et valides pose également une question d’ordre économique. » Dangereuses ? Oui, car le benfluorex dérive de la norfenfluramine, une molécule très proche de l’amphétamine. Ce détail, les patients l’ignorent.

Le signal d’alarme retentit presque dix ans plus tard. Pneumologue au CHU de Brest, Irène Frachon signale à l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) dès 2007 que onze patients ayant consommé du Mediator souffrent de dysfonctionnements des valves cardiaques.

Le 30 novembre 2009, le Mediator est finalement retiré pour ses risques de valvulopathie. En juin 2010, dans son livre choc Mediator 150 mg, Irène Frachon reproche à l’Afssaps de ne pas avoir interdit ce médicament plus tôt.

« Le Mediator, ce n’est que trois morts »

S’il est retiré des rayons, le Mediator n’en a pas fini de faire parler. Le scandale ne fait que commencer. L’agence de sécurité sanitaire rend son premier bilan le 15 novembre 2010. Le lendemain, Xavier Bertrand, alors ministre de la Santé, saisit l’inspection générale des affaires sociales (Igas). Il déclare que « tout patient qui a pris du Mediator doit consulter son médecin généraliste ». Panique à bord. Deux jours plus tard, les premières plaintes de familles des victimes inondent le pôle santé du tribunal de Paris. Depuis, plus de 2 900 plaintes ont été enregistrées.

Comme si ce ne suffisait pas, le quotidien Libération rapporte les propos du fondateur des laboratoires. Alors qu’il présente ses vœux à ses employés, le 1er janvier, Jacques Servier déclare : « Le Mediator, ce n’est que trois morts, 500 est un beau chiffre marketing. Les autres avaient déjà des valvulopathies. » Xavier Bertrand se dit « stupéfait » d’une telle déclaration.

Et ce n’est pas fini. A la demande du ministre, l’Igas publie son rapport le 15 janvier 2011 et dénonce une « incompréhensible tolérance » de l’autorité sanitaire à l’égard du Mediator dès sa mise sur le marché obtenue en 1974. L’interdiction du médicament aurait pu être décidée « dès 1999 », soit dix ans avant son retrait effectif, estime le rapport.

L’affaire s’enflamme. Le siège du groupe Servier et le domicile de son directeur, aujourd’hui âgé de 90 ans, sont perquisitionnés au mois de février. Les fouilles font ressurgir du passé des études bien encombrantes pour le laboratoire. « L’introduction de ce produit nous paraît un progrès certain dans la thérapeutique de l’obésité », explique, le 1er mars 1973, le Professeur Jean Vague, qui avait mené une expérimentation sur 31 sujets obèses.

« Tromperie et escroquerie »

Le 21 septembre 2011, Jacques Servier est mis en examen pour « tromperie sur les qualités substantielles avec mise en danger de l’homme » et « escroquerie ». En parallèle, un fonds public d’indemnisation est lancé pour dédommager les victimes ayant développé une maladie ou un handicap lié à la prise de Mediator. Mais les 600 parties civiles ne comptent pas s’arrêter là. D’autant qu’en février dernier, deux épidémiologistes de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), Agnès Fournier et Mahmoud Zureik publient de nouveaux chiffres. Le Mediator n’aurait pas causé la mort de 500 personnes, comme l’estimait l’Afssaps, mais 1 320.

Le procès débute enfin le 14 mai, présidé par la juge Isabelle Prévost-Desprez. Les Laboratoires Servier, défendu par Me Hervé Témime, entament une bataille pour le retarder. L’argument de l’avocat est simple : « On ne peut pas être jugé pour des faits pour lesquels on a été mis en examen », par des juges d’instruction de Paris. La justice leur a donné raison ce 21 mai. Au grand dam des associations de victimes.


Procès Servier, en attendant la suite ... par LeNouvelObservateur

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Née au bout de la Loire, un pied dans l’Atlantique, l’autre embourbé dans la terre, elle s’intéresse aux piafs et aux hortensias, observe ses voisins paysans et leurs élevages bovins. Elle enrage devant les marées noires. Licenciée en lettres, elle sort diplômée de l’Institut pratique du journalisme de Paris en avril 2012. Elle scrute les passerelles qui lient les hommes à leurs terres. Parce que raconter la planète, c’est écrire au-delà des pommes bio et du recyclage de papier.

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