La dominante verte du rapport remis par Alain Juppé et Michel Rocard s’est diluée dans le Grand emprunt version Sarkozy. Sur le volet énergétique, le président de la République a suivi la recommandation des deux ex-Premiers ministres de consacrer 3,5 milliards d’euros à "développer les énergies décarbonées et l’efficacité de la gestion des ressources". Mais 1 milliard sera réservé au "nucléaire de demain", c’est-à-dire à la conception d’un réacteur de 4e génération. "Le président Sarkozy continue de tromper les Français en nous vendant le nucléaire comme une énergie d’avenir soit disant propre. Selon les experts, on ne peut rien attendre des réacteurs de 4e génération avant 2040 ou 2050. Je doute que Nicolas Sarkozy ait bien compris les enjeux du changement climatique qui requièrent des réponses immédiates", a immédiatement réagit Eric Loiselet, membre d’Europe Ecologie.
Pour le reste, 1,5 milliard sera confié à l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie "qui sélectionnera les meilleurs projets présentés par les laboratoires dédiés aux énergies renouvelables, à l’Institut français du pétrole, au CNRS, dans les universités ou au CEA", a-t-il annoncé. Un milliard d’euros servira également à créer entre 5 et 10 "instituts d’excellence regroupant dans un même lieu chercheurs publics et entreprises", indique l’Elysée.
Fonte des crédits pour la ville durable
Mais c’est surtout la proposition d’investir 4,5 milliards pour "faire émerger la ville de demain" qui a fait les frais des choix du président : seul 1 milliard d’euros sera débloqué pour soutenir des programmes urbains innovants. En complément, "500 millions d’euros seront confiés à l’ANAH [1] pour la rénovation thermique des logements privés énergivores abritant les ménages aux revenus les plus modestes."Côté mobilité, les véhicules du futur se contenteront d’1 milliard d’euros. Ce sont en effet les secteurs aéronautique et spatial, avec notamment le programme Ariane 6, qui récolteront les 2 autres milliards prévus par le rapport Juppé-Rocard pour la "mobilité du futur". Enfin, les financements alloués aux biotechnologies pourraient bénéficier à l’agriculture durable, aux biocarburants. Mais le Président n’a pas donné de chiffre précis pour ces secteurs.
Au final, Nicolas Sarkozy a assuré que le Grand emprunt permettrait de prendre le "virage de la croissance durable et des énergies renouvelables". Virage raté considèrent les Verts dans un communiqué : "Le chapitre consacré au développement durable, qui mêle indistinctement la fuite en avant dans les technologies déjà dépassées (nucléaire, agrocarburants…) et le rappel des promesses du Grenelle de l’environnement, est non seulement en dessous des attentes, mais surtout à côté des enjeux".
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Alain Juppé : des milliards pour la croissance verte
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