La livraison d’octobre

CONSOMMER MOINS, CONSOMMER MIEUX, de Serge Papin et Jean-Marie Pelt

Entre Jean-Marie Pelt, botaniste et auteur écolo, et Serge Papin, président des super, hypermarchés Système U, le plus intéressant n’est pas celui que l’on pense ! Et leur échange le prouve : d’un côté, Pelt se transforme vite en curé attendant l’Apocalypse. De l’autre, Papin s’appuie sur du concret, du réfléchi et du rafraîchissant. Sur la consommation « responsable », il dit : « Avoir dans nos magasins un bon boucher qui vous accueille avec le sourire, vous sert de la bonne viande, sera bien plus difficile que doter nos magasins de la dernière puce RFID ». Sur le travail dominical : « Les magasins pourraient être ouverts, si les messes étaient jubilatoires, les églises seraient quand même pleines ». Voilà qui est neuf ! 

Autrement - La Croix (2009), 128 p., 13 euros.

LA FORÊT DE MOGARI, de Naomi Kawase

Une longue steppe d’un vert lumineux, caressée par les vents. Une forêt d’une luxuriance presque menaçante. Une drôle de plantation formée de longs tuyaux de buissons où se tapir… Tel sont les décors de ce film nippon, ode à Mère Nature, qui met en scène deux petits humains tourmentés par le deuil, un petit vieux et l’éducatrice qui le chaperonne. Une œuvre patiente et écolo sur les petits riens – une cueillette, la dégustation d’une pastèque – qui rendent la vie supportable.

MK2 Vidéo, 15 euros.

GHETTOS DE RICHES, de Thierry Paquot

Aux Etats-unis, en Amérique latine, en Inde, mais aussi en France, les classes fortunées recherchent de plus en plus une « sécurité sociale ». Soit, la sécurité de ne cohabiter qu’avec des gens qui leur ressemblent, loin de ceux qui leur font peur (ou horreur). Pour cela, ils édifient des gated communities, des résidences select fermées par barrières, gardiens et digicodes, et où le vulgum pecus n’est pas autorisé à musarder. Autonomes dans l’entretien de leurs parterres, ces enclaves à ISF en viennent vite à se poser la question : « Pourquoi paierions-nous pour les autres ? » Le vivre-ensemble de la grande ville en prend pour son grade.

Perrin (2009), 300 p., 20 euros.

LES TORTUES DE BOLILANGA, de Franck Prévot

A Katupat, en Indonésie, la légende dit que les enfants décédés se transforment en tortues et nagent pour l’éternité au large de Bolilanga. Bien sûr, ce n’est qu’une vieille histoire à laquelle on ne croit plus. Mais quand des ouvriers envahissent l’île pour y bâtir des bungalows, les enfants, dont Alam qui vient de perdre son frère, s’en inspirent pour tenter de les chasser. Une fable lumineuse sur la puissance des traditions orales contre l’avidité humaine. Sur la plage de Bolilanga, ne manque peut-être qu’un petit grain… de fantaisie.

Thierry Magnier, 96 p., 7,50 euros. A partir de 8 ans.

L’ENTREPRISE, sous la direction d’Arnaud Viviant

Ne pas croire l’intro d’Arnaud Viviant : les dix nouvelles de ce recueil sur le thème de l’entreprise signées par des plumes d’aujourd’hui (Anna Gavalda, Régis Jauffret, Yves Pagès…) ne s’acharnent pas toutes à décrire « la mise en concurrence de tous les individus entre eux ». Et tant mieux ! Ce sont plutôt dix regards différents, plus ou moins pertinents, même si l’ensemble plafonne à un bon niveau. Subjectivement, on a un chouchou, Jean-Charles Massera, créant un dialogue hilarant entre un pédégé et une maman. Son titre ? Savoir quel appauvrissement de la communication nous voulons mettre en œuvre !

La Découverte Poche, 154 p., 8,50 euros.