La vie nomade disparaît peu à peu face à l’urbanisation et à la difficulté de vivre de l’élevage traditionnel. Dans le sud-est du Ladakh, ancien royaume bouddhiste à la frontière du Tibet chinois et du Pakistan, chaque automne connaît son lot de départs pour Leh, la capitale de la région, où les bergers deviennent ouvriers journaliers après avoir vendu leur troupeau au boucher. Le documentaire raconte une dernière transhumance loin de la ville, sur des hauts plateaux du Karnak (4 500 mètres d’altitude), où la réalisatrice suit le mouvement des troupeaux et des bergers qui se déplacent de campements en campements, en quête de nourriture. Toldan et Dholma, la trentaine, ont envoyé leurs enfants en pension à la ville et envisagent de les rejoindre. Tundup, vieux berger, s’occupe de ses bêtes avec son fils, Kenrap, qui rêve d’une vie plus douce à la ville.
Ils sont filmés dans leurs tâches quotidiennes – la tonte à la main, l’arrachage des buissons pour nourrir le bétail, la construction et la déconstruction des murets de pierres, qui faute de bois, forment les enclos… On sent bien qu’il s’agit des vestiges d’un monde presque perdu mais le récit n’a rien de folklorique et se construit plutôt comme un dialogue, amusé, triste, souvent intime, entre la réalisatrice, qui connaît parfaitement cette région et parle le dialecte local, et des bergers devenus ses amis. Grâce à un tournage au long cours, réalisé seule, elle parvient à montrer l’absorption de ces bergers dans cet environnement rude, exigeant, qui a forgé leur identité, mais aussi à recueillir leurs doutes et leurs aspirations à une vie meilleure. —
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