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3-02-2005
Mots clés
Société

La coopérative des neurones

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Une autre université est possible ! Ce pourrait être le slogan provocateur du DUHEPS, un diplôme reposant sur le principe de la formation réciproque. Cette formule originale, solidaire et efficace, est condensée dans un ouvrage rafraîchissant.
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Claire Héber-Suffrin (dir.), Quand l’université et la formation réciproque se croisent, l’Harmattan, coll. Histoire de vie et formation, 27 euros.

L’éducation populaire est une marotte soixante-huitarde qui, après avoir été "out" dans les années 80, a retrouvé un peu de son lustre chez des groupes alters comme Attac ou avec le philosophe Michel Onfray [1]. Mais elle est toujours plus facile à décréter qu’à mettre réellement en œuvre. D’où l’intérêt de Quand l’université et la formation réciproque se croisent, qui témoigne d’une expérience concrète et originale : mêler le parcours universitaire classique et le principe des Réseaux d’échanges réciproques de savoir (RERS), ces groupes de sociabilité qui existent depuis plus de trente ans. Comment sa marche ? Simple : "Chacun a des savoirs qui peuvent intéresser les autres, tout le monde est capable d’apprendre et d’enseigner (...) Aquarelle, trompette, histoire de la Chine, langage des signes, mathématiques, tissage..."

La méthode casse-binette

Dans les années 90, plusieurs universités ont tenté de mettre en pratique cette formule ambitieuse - et a priori casse-binette - en créant le DUHEPS, un diplôme en trois ans équivalent à une maîtrise en sciences sociales. Avec une idée en filigrane : "ce n’est plus à l’apprentissage de s’ajuster à l’enseignement, mais à l’enseignement de s’ajuster à l’apprentissage". Une alternative qui présente concrètement un immense mérite : permettre à un public au bagage scolaire rudimentaire, ou ayant interrompu sa scolarité depuis plusieurs années, de reprendre des études sans se heurter au mur glacé de l’académie.

L’ouvrage raconte de l’intérieur l’aventure de ces hommes et femmes de tous les âges, qui, en passant un DUHEPS [2], ont appris ensemble à découvrir des auteurs et des théories ardus, affronter leur angoisse d’écrire, leur peur de l’échec. Tout ceci grâce à une sorte de coopérative de matière grise assez originale : l’étudiant assiste à divers cours magistraux, puis en discute avec tous le monde. Ensuite, il "choisit lui-même l’objet de sa recherche, son cadre théorique, sa méthodologie" et confronte son choix aux autres, qui en débattent librement, l’aident s’ils le peuvent, etc. Evidemment, ce cheminement mutuel fait quasiment office de thérapie de groupe, où chacun raconte son histoire et s’interroge sur ses passions, ses méthodes, ses lacunes.

Bien que l’ouvrage soit un peu confus dans sa forme, on se réjouit d’humer ce vent salutaire dans un système éducatif français où chacun est plus souvent tenu d’ingurgiter des connaissances sans réfléchir que de déployer sa créativité et sa motivation. Un enseignant témoigne d’ailleurs avec justesse de ce "sentiment puissant de construire (...) un peu de cet autre monde possible où l’on choisit la solidarité et la formation réciproque plutôt que la compétition ; le partage plutôt eu la prédation". La meilleure manière pour les facs d’affirmer leur différence face à un parcours "bac S / classes prépa / grandes écoles", qui produit parfois une élite de bachoteurs sans imagination.

[1] Voir son site : http://perso.wanadoo.fr/michel.onfray/

[2] Diplôme universitaire en hautes études pour la pratique sociale

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  • Christiane Coulon : > La coopérative des neurones

    Bonjour,
    Trop facile la thérapie de groupe !
    Je puis vous certifier que cela n’a rien à voir même si je puis comprendre que certains y pensent... L’histoire de vie est d’abord un fait à analyser...et une richesse à exploiter pour une recherche.
    Si vous voulez la preuve essayez la méthode et vous serez surpris d’en découvrir les ouvertures possibles, même après le DUHEPS.
    Christiane Coulon.

    11.02 à 09h41 - Répondre - Alerter
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