L’immobilier vu du cœur

On n’imagine pas, a priori, un promoteur immobilier dans la famille des entrepreneurs sociaux. Or c’est bien le cas de Terra Cités, qui se soucie certes d’équilibrer ses comptes, mais surtout de mener à bien des projets de logements collectifs écolos, à des prix abordables, avec un souci du bien-être des habitants… Un ovni qui accomplit, avec quelque 50 bâtiments à son actif autour de Dijon, Lyon et Paris, une petite révolution. « Notre combat, raconte Esra Tat, responsable du développement de Terra Cités, c’est financer de l’écohabitat pour ceux qui ne peuvent se le payer au prix du marché et qui n’ont pas pour autant accès au logement social. » Soit une grosse part de la population. 10 millions de personnes sont touchées par la crise du logement et il en manque 900 000 dans l’Hexagone, rappelle Terra Cités.

Un habitat coopératif

Apporter une réponse privée à cette urgence sociale et environnementale, c’est possible ? « Oui. En faisant sauter les intermédiaires superflus, explique Esra. A l’inverse des investisseurs qui cherchent un rendement maximum, nos financeurs sont surtout des particuliers qui cherchent un placement de proximité. Ils suivent le projet de près. Nos clients sont des institutionnels ou des personnes avec un projet d’habitat coopératif. Au final, on obtient des logements de 10 % à 15 % moins chers par rapport à un projet similaire mais non écolo. » Leur prochain dossier – 25 logements à Strasbourg – propose le m2 habitable entre 2 700 et 2 900 euros (variable selon les revenus). « Les habitants participent à la conception, et on travaille avec l’Association des paralysés de France pour qu’il y ait une vraie mixité sociale. »

Un minimum de 100 euros

Cette utopie en marche débute en 2003, quand Jean-Philippe Cieslak, professeur de biologie, fonde l’association Ecovallée, dans le massif du Morvan. En 2005, il convertit son association en SARL et construit 14 logements bioclimatiques à Château-Chinon en Bourgogne. Il s’associe avec Esra en 2008. Ensemble, ils créent aujourdhui, avec la Nef, Bâti Cités Investissement, une structure capable de récolter l’investissement du grand public. Vous voulez investir dans 36 logements basse conso, avec jardins partagés, dans une zone urbaine sensible de Châtellerault (Vienne) ? Vous avez un minimum de 100 euros et attendez un rendement défiscalisé d’environ 3 % ? Alors vous avez trouvé. Mais attention, prévient Esra Tat, « le domaine de l’habitat est si passionnant, que quand on met le doigt dedans, on se fait happer. C’est une question structurante pour la société, notre bien-être personnel et collectif. » —