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18-07-2003
Mots clés
Développement
Afrique

L’Ethiopie prise au piège de l’aide internationale

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Certaines régions ont beau produire en quantité suffisante, les famines se succèdent inexorablement. La politique de développement du pays se cantonne à une bataille pour l'aide d'urgence.
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"J’ai tout essayé. J’ai planté du maïs, du blé, de l’orge, des haricots, mais je n’ai rien récolté. C’est la pire année de sécheresse que j’ai connue. Même la grande famine de 1984 avait épargné notre région." Le vieil Ahmed Ibrahim habite le village de Déré Kiltu, dans le centre de l’Éthiopie. A l’instar de nombreux paysans éthiopiens, il redoute la survenue dans les prochains mois d’une crise alimentaire plus grave que la famine qui avait frappé le pays il y a vingt ans. Celle-ci avait, selon les estimations, tué près de 800000 Ethiopiens.

Même si la malnutrition se maintient pour l’instant à un niveau considéré comme "normal", les autorités du pays commencent elles aussi à risquer des comparaisons qui ne laissent rien présager de bon. En novembre 2002, le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, dans un entretien accordé à la BBC, confiait redouter une crise "pire que le cauchemar de 1984", si rien n’était fait. Depuis, l’Éthiopie a obtenu plus de la moitié du million et demi de tonnes d’aide alimentaire demandée conjointement par le gouvernement et le Programme alimentaire mondial (PAM). Il s’agit de subvenir aux besoins de quelque onze millions de personnes, un éthiopien sur six, presque autant qu’en 1984.

Spéculation sur le prix des récoltes

Pour les spécialistes, la situation actuelle n’est pourtant pas comparable avec celle d’il y a vingt ans. A l’époque, la famine avait principalement frappé les hauts plateaux du nord du pays, région alors en rébellion contre la junte au pouvoir. "Aujourd’hui, la sécheresse affecte la totalité du pays, y compris des régions habituellement excédentaires", explique Sisaï Tadesse, de la Commission de prévention des désastres (sic), structure mise en place après la famine de 1984. "Il y a vingt ans, le dictateur Mengistu avait sciemment laissé la famine se développer dans le pays pour venir à bout de la rébellion, et détournait l’aide pour nourrir son armée. Cette année, la réaction internationale va permettre d’empêcher la constitution d’une vraie famine", explique Jean-Christophe Rufin, le président de l’ONG Action contre la faim (ACF). C’est lui qui dirigeait la mission ACF en Éthiopie en 1984.

Pourtant, quelque chose n’a pas changé depuis ces années. Le pays est comme pris au piège de l’aide d’urgence, à laquelle il fait de plus en plus appel : la dernière alerte importante remonte à l’année 2000. De fait, l’Ethiopie a en quelque sorte "sous-traité" la question alimentaire à l’aide extérieure, et l’urgence prend le pas sur le développement. Or, la plupart des experts estiment que seule une vraie politique de développement, à long terme donc, permettrait de s’attaquer aux causes profondes des crises alimentaires à répétition. Car en réalité, la sécheresse n’explique pas tout. Pour preuve, même dans les années les plus difficiles, certaines zones réalisent des récoltes excédentaires. L’une des explications tient en fait à la faiblesse des échanges, à laquelle s’ajoute l’absence de système de régulation des prix. Conséquences, ceux-ci fluctuent au gré des marchés, de la spéculation, voire de la revente de l’aide.

La peau de chagrin de l’aide internationale

Au marché de Déra, à quelques kilomètres du village de Déré Kiltu, les paysans touchés par la sécheresse tentent de vendre de la paille fauchée en brousse, des fagots de bois, du charbon et des bouses de vache, qui servent de combustible. Une villageoise espère tirer de ses trois sacs de bouse trois maigres birrs (34 centimes d’euro). Mais les prix du maïs sont si élevés qu’elle pourra à peine en acheter un kilo. Sa journée passée au marché lui permettra tout juste de nourrir sa famille... pendant une journée. Et cette fois-ci, l’aide internationale ne lui sera peut-être pas d’un grand secours. "L’Éthiopie est le pays où l’aide au développement par habitant est la plus faible au monde. Et notre enveloppe a été diminuée de moitié pour les quatre prochaines années", regrette Wagdi Othman, le porte-parole du PAM.

Le site d’Action contre la faim (ACF)

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