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5-07-2011
Mots clés
Agriculture
Météo
Afrique

L’Afrique de l’Est touchée par la pire sécheresse en 15 ans

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L'Afrique de l'Est touchée par la pire sécheresse en 15 ans
(Photo : élevage au Kenya. Crédit : US Army Africa)
 
Le manque de pluies chronique mène le Kenya, la Somalie et l'Ethiopie vers un désastre humanitaire.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Une sixième région de Somalie est à son tour frappée par la famine, celle de Bay dans le sud du pays, a annoncé l’ONU, lundi 5 septembre. Une sécheresse exceptionnelle dans toute la Corne de l’Afrique touche environ 12,4 millions de personnes. « Si le niveau actuel de réponse (à la crise humanitaire) continue, la famine devrait encore progresser au cours des quatre prochains mois », a précisé le centre d’analyse pour la sécurité alimentaire (FSNAU) de l’ONU dans un communiqué. « Au total, 4 millions de personnes sont en situation de crise en Somalie, dont 750 000 qui risquent la mort dans les quatre prochains mois en l’absence d’une réponse adéquate » en termes d’acheminement d’aide, poursuit cet organisme. « Des dizaines de milliers de personnes sont déjà mortes, dont plus de la moitié étaient des enfants », rappelle le FSNAU.

Prenez deux saisons des pluies consécutives qui sont tout sauf pluvieuses, ajoutez des prix de denrées et de carburants qui s’envolent, et vous obtenez une des plus graves crises alimentaires que l’Afrique de l’Est ait connu ces dernières années. « D’un point de vue nutritionnel, c’est probablement le pire que nous ayons vu ces 20 dernières années », a affirmé à IRIN News Noreen Prendiville, responsable de la nutrition au bureau kenyan de l’UNICEF. Les pays touchés par ce concours de circonstances explosives ? Le Kenya et la corne de l’Afrique, formée de l’Éthiopie, la Somalie, l’Érythrée ou encore Djibouti, des Etats déjà régulièrement déchirés par leur instabilité politique.

La pire sécheresse depuis 1995

Aujourd’hui, c’est l’eau, ou plutôt son absence, qui les malmène. « On assiste à l’une des pires sécheresses, certaines régions n’ont pas vu de pluie depuis 2009 », observe Anna Ridout, porte-parole au Kenya pour l’ONG Oxfam. Un communiqué du Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires confirme : dans l’est de la corne, 2011 serait la période la plus sèche... depuis 1995. En octobre et novembre dernier, les pluies saisonnières ont à peine mouillé les terres, et celles de mai et juin n’ont pas fait mieux.

Premières victimes : le bétail qui, sans eau, ne produit plus autant de viande et de lait qu’à l’accoutumée et se vend à prix cassés sur les marchés. Quand les bêtes ne meurent pas tout simplement massivement... En zone Borana, au sud de l’Éthiopie, à la frontière avec le Kenya, 220 000 animaux auraient ainsi récemment été emportés, rapporte une note de la FAO(Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).

A partir de là, la situation prend vite des airs de jeu de dominos. Les éleveurs ne fournissent plus assez de viande, leurs revenus s’effondrent et ils n’ont rapidement plus de moyens pour subvenir à leurs propres besoins et acheter de la nourriture. Or quand les éleveurs trinquent, une bonne partie de la population est touchée. D’après un rapport du REGLAP (Regional Learning and Advocacy Programme for Vulnerable Dryland Communities, un projet mené par un consortium d’ONG), l’élevage contribue à 12% du PIB kenyan et emploie plus de 50% des forces de travail agricoles du pays.

La malnutrition est déjà là

Dans les régions agricoles, les champs ne fournissent plus que de maigres rations de céréales et de tubercules. Les femmes paient elles aussi le prix fort. Chargées d’approvisionner les foyers en eau, elles parcouraient déjà quotidiennement plus de 10 km à pied, le dos courbé sous de lourds litres d’eau. Mais avec l’assèchement de nombreux puits, cette distance a doublé dans certaines zones, atteignant parfois les 40 km ! Dans les « drylands », ces terres arides et semi-arides qui jalonnent cette vaste région, il n’est pas abusif de dire que manger et boire est devenue une impossible quête de tous les jours.

« Quand on voit les traits maigres et tirés des visages des enfants dans la région d’Isiolo [une ville du centre du Kenya, ndlr], on comprend vite que la malnutrition est d’ores et déjà là », explique Safia Abdi, de l’ONG Cordaid. D’après la FAO, 2,4 millions de personnes au Kenya ne seraient plus capables de subvenir à leurs besoins alimentaires de base et en eau. En Somalie, ils seraient 2,5 millions à avoir besoin d’assistance humanitaire, soit un tiers de la population. Et 11,4 millions d’Ethiopiens auraient demandé de l’aide, parmi lesquels 3,2 millions seraient dans une situation d’urgence...

Des gouvernements passifs

Les gouvernements, eux, ne semblent pas prendre la mesure du désastre qui s’annonce. Leurs réactions ? « Inadéquates », tranche Safia Abdi. « Dans un village kenyan de 4500 personnes, seuls 10 sacs de céréales ont été apportés. Les quantités ne sont vraiment pas suffisantes ». Sur le terrain, les ONG tentent donc de pallier ces manques, amenant eau, vivres et argent liquide aux populations.

Ces actions de l’urgence, les humanitaires aimeraient pourtant bien ne plus en entendre parler. « Les sécheresses ne sont pas nouvelles. Depuis 4 ou 5 ans, elles sont là et si fréquentes que les populations n’ont désormais plus le temps de s’en remettre, entraînant des problèmes chroniques de malnutrition dans la plupart des régions », s’emporte Safia Abdi. « Il faut enfin l’accepter et trouver des solutions à long terme à cette nouvelle donne, plutôt que de toujours gérer une fois que la catastrophe est là. » Me Abdi, avec des représentants d’autres ONG, a rédigé un rapport pointant les mauvais choix politiques faits par le passé : manque d’investissements envers le crucial secteur de l’élevage, déficit d’institutions capables d’allouer de l’argent à des projets concrets, problèmes de coordination flagrants lorsque des actions gagnent enfin le terrain...

« Les pluies sont très variables dans le temps et dans l’espace, et les communautés d’éleveurs ont toujours été capables de s’adapter dans le passé, amenant leur bétail là où les ressources du moment étaient disponibles », ajoute Safia Abdi. Mais des réglementations contraignent de plus en plus les éleveurs à la sédentarité, afin d’attribuer de plus larges terres à l’agriculture, aux réserves animalières ou aux mines. Cela les rend beaucoup plus vulnérables et les empêchent de faire face à la sécheresse. A cause de cette « allocation » de terres, des conflits ont d’ores et déjà éclatés. « Récemment, les éleveurs de l’ethnie Samburu et ceux de l’ethnie Borana se sont affrontés au nord du pays. Certains avaient migré avec leurs bêtes sur les terres des « autres » pour pouvoir accéder aux ressources en eau et en herbe. Et il y eu des morts ! ».

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Une enfance en pleine nature jurassienne, des études de biologie et de géologie, l’envie de transmettre cette passion pour le monde vivant, et le monde tout court, et un goût sans limite pour les nouvelles contrées. Alice est journaliste scientifique.

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