Japan Airlines volera vert ou ne volera pas

Après un an de tourmente comptable, Japan Airlines (JAL) a déposé le bilan pour pouvoir bénéficier de la protection de la loi japonaise sur les faillites. Elle a 3 ans pour redresser la barre. A 59 ans, JAL - celle qui fut l’un des instruments de la renaissance du Japon après la guerre - truste 40% des vols intérieurs. Elle en est pourtant déjà à sa 3ème opération de sauvetage depuis 2001.

Erreurs stratégiques, crise, prix du carburant ou encore système de retraites complémentaires onéreux ont fini par faire chuter la compagnie, qui laisse le tiers de ses effectifs (15 600 salariés) sur le carreau mais continue tout de même de voler. Son redressement passe tant par un apport d’argent public et privé, des cessions d’actifs et une annulation des dettes que par un plan d’économies drastiques, dont des économies de carburant.

Régime sec pour JAL

Au programme : l’abandon d’une trentaine de lignes déficitaires dont 14 internationales, et la poursuite du renouvellement de la flotte. 53 appareils type Boeing 747-400 et MD-90, gourmands en carburant, seront ainsi remplacés par 33 avions plus petits et à plus faible consommation (Boeing 747 Dreamliner) pour ses liaisons Tokyo-Pékin et Tokyo-Hong Kong. JAL n’avait pourtant pas attendu d’avoir le couteau sous la gorge pour se mettre au vert. Selon le PNUE (Programme des Nations Unies pour l’Environnement) JAL a établi une politique environnementale dès 2002.

En janvier 2009 elle testait ainsi des biocarburants 2G (à base de plantes non destinées à l’alimentation) au cours d’un vol sans passagers. Objectif : trouver un carburant de substitution pour réduire l’empreinte carbone et la dépendance aux carburants à base de pétrole. Elle avait aussi élaboré un plan de réduction de 20% de ses émissions d’ici à 2010 par rapport au niveau de 1990 et commencé à réduire certains vols : 2 vols au lieu de 3 par semaine, par exemple, entre Tokyo et Sao Paulo. Lorsqu’un Boeing 747 vole de Tokyo à Sapporo, il utilise plus de 13 000 litres de kérosène, soit 220 pleins d’automobile, lit-on sur le site de l’entreprise. « Les transports représentent 20% des émissions de CO2 au Japon, dont 4% pour l’aérien. »

Pas de petites économies

Comme bien d’autres compagnies, JAL mise aussi sur la modification de la conduite des avions en fonction des forces des vents et des trajectoires (pour l’atterrissage) afin de réduire sa consommation de kérosène. Autre détail : ses pilotes s’entrainent en majorité sur des simulateurs de vol, toujours pour réduire les coûts. Réduire la consommation de carburant passe aussi par un allègement de l’avion. Pour l’anecdote, JAL utilise des bouteilles en plastique recyclable pour servir le vin en classe éco : elles pèsent 7 fois moins que leur équivalent en verre. En 2007, JAL avait déjà introduit des cuillères et fourchettes aux manches allégées de 2 grammes, et a allégé de 20% la vaisselle utilisée en classe affaires, en utilisant une porcelaine spéciale.

Les recettes vertes ne manquent pas non plus coté maintenance : le site de Japan Airlines explique par exemple que 70% des appareils sont nettoyés tous les 6 mois pour enlever des particules fines sur les ailes du compresseur, ce qui permet de réduire les émissions de CO2 de 50 000 tonnes par an. Pour l’heure, l’avenir de la compagnie, bien que toujours soutenue par l’État, n’a rien de rose, et l’effet de toutes ces recettes sur la santé du transporteur reste encore à démontrer. Dans l’immédiat, ce n’est pas son bilan carbone que Japan Airlines allège, mais ses effectifs.

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