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11-05-2010
Mots clés
Politique
ONG
France

Grenelle 2 : « On ne peut pas gagner sur toute la ligne »

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Grenelle 2 : « On ne peut pas gagner sur toute la ligne »
(Exposition 1600 pandas du WWF à Nantes. Crédit : Stéphan (Flickr))
 
Sans surprise ni émotion, le texte a été adopté ce mardi. Verre à moitié plein ou carrément vide ? Pour les ONG, c'est l'heure de faire le bilan, d'imaginer l'après et de remobiliser les troupes. Premières réactions du côté de Greenpeace, du WWF et de Réseau Action Climat.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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- Pascal Husting, directeur de Greenpeace France : « Une page se tourne, on va réinvestir le terrain. »

« Le principal acquis du Grenelle, c’est la méthode. Dorénavant, lorsqu’on discutera d’un grand sujet en France, on mettra tout le monde autour de la table, dans un processus participatif. Refuser en 2007 la discussion proposée par un gouvernement élu pour 5 ans, qu’il soit de droite ou de gauche, aurait été irresponsable et immature de notre part. C’était quand même la première fois que des ONG se retrouvaient face au patronat, aux syndicats, aux collectivités locales. Et il est évident que notre expertise a pesé. Pour autant, on n’est pas co-gestionnaire du Grenelle. C’est au gouvernement qu’il incombe de le mettre en œuvre, pas à nous, même si Jean-Louis Borloo a parfois cherché à nous faire endosser ce rôle. Les objectifs sont là, c’est le tempo qui n’y est pas. Le Grenelle se solde plus par un catalogue de mesures incitatives que par une grande loi structurante. Maintenant, la feuille de route est établie et nous allons bientôt entrer dans une phase pré-électorale. Une page du Grenelle se tourne. »

« Pendant ce temps-là, la situation se radicalise. Voyez sur le climat : si l’on en juge les objectifs en termes de réduction des émissions de CO2 et le peu de temps qu’il nous reste pour les atteindre… Si des jeunes prennent conscience qu’on ne parle pas suffisamment de leur avenir et de l’état de notre planète dans 20 ou 40 ans, mais plutôt de celui à court terme des sexagénaires comme Claude Allègre, tant mieux ! Si cela peut les mener à l’action ! Dès lors que la radicalisation ne tombe pas dans l’écueil de la violence. On va reprendre la main. Nous étions un peu prisonniers d’un agenda politique lourd ces dernières années avec le Grenelle et Copenhague. Pour nous, le temps est venu de sortir des couloirs des négociations pour retourner sur le terrain et faire renaître l’optimisme dans l’action. Le public a besoin d’être remotivé. Prochain combat : s’opposer à la pêche du thon rouge en Méditerranée. »

- Serge Orru, directeur de WWF France : « Nous avons grenellisé le pays ! »

« Le Grenelle 2 permet à la France de rattraper partiellement son retard et de rester dans la course à l’économie verte du XXIe siècle. Je n’ai aucune frustration. Pourquoi ? Parce que je savais dès le départ que nous n’obtiendrions pas tout ce que nous voulions. Si les dirigeants de la CGT étaient sortis d’une négociation avec autant de choses que nous, les ONG, du Grenelle, ils seraient sortis les bras levés ! Maintenant, le PS et les Verts votent contre. Et alors ? Ils sont dans une posture électorale. Rien d’anormal. Je veux bien admettre que les ONG auraient pu obtenir davantage : sur les déchets, sur l’éolien, sur les pesticides. Mais on ne peut pas gagner sur toute la ligne et nous n’avons pas la même puissance d’influence que les lobbys. Enfin pas encore ! »

« Regardons les choses lucidement : nous avons grenellisé le pays ! Alors oui, c’est vrai j’aurais préféré que nous soyons arrivés à l’étape du Grenelle 7 commencé par Chirac, poursuivi par Jospin et abouti par Sarkozy, mais voyons les choses positivement. Au WWF, d’ailleurs, nous pensons déjà au Grenelle 3 en 2012. Avec des acquis forts tout de même : une trame verte, un maximum de 50kHh au m² dans le bâtiment… Les ONG ont travaillé et n’ont rien à se reprocher. On se retrouvera quoi qu’il arrive, entre nous, les ONG, et avec le gouvernement. Mais nous ne baissons pas la garde pour autant et nous allons rester très vigilants sur les décrets d’application. Etre écolo ne signifie pas vivre dans un conte de fée… »

- Olivier Louchard, RAC (Réseau action Climat), « On prépare le bilan carbone du Grenelle »

Avant même que le texte n’arrive devant les députés, Bruno Louchard, directeur du RAC, qui regroupe les ONG mobilisées dans la lutte contre les changements climatiques, était pour le moins sceptique : « De toute façon, il n’y aura pas de débat, le parlement sera une caisse enregistreuse. » A part quelques vifs échanges sur l’éolien ou les pesticides, les députés ne lui auront pas donné tort. Alors quel bilan du Grenelle ?

« Il y a dans ce texte plein de petites choses pas mal, mais en termes de CO2 évité, c’est marginal. On voulait des moratoires sur les autoroutes, les aéroports, les nouveaux réacteurs nucléaires, les incinérateurs… On n’en a obtenu aucun. La contribution énergie climat ? Zappée. La taxe poids lourd ? Reportée. La taxe sur le kérosène ? A peine si on en a entendu parlé ! Normal, elle n’a jamais été mise à l’étude… Comme je dis souvent, avant le Grenelle de l’environnement, la France avait 20 ans de retard. Aujourd’hui, elle en a 10. Il reste tellement à faire ! On prépare un document qui va permettre de mieux mesurer l’impact réel du Grenelle sur le climat et l’énergie. »

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  • On ne peut s’étonner que le gouvernement n’ait pris aucune des mesures qu’il considère comme impopulaires. Comment un gouvernement qui sacrifie les acquis sociaux ou refuse de créer ceux qui sont nécessaires dans la société actuelle, pour le profit d’une minorité, pourrait-il se risquer à provoquer encore davantage les populations soumises à la rigueur permanente ?
    Il apparait complètement schizophrénique d’avoir en même temps une course à la spéculation effrénée, apogée d’un capitalisme déconnecté de la réalité du peuple, et une course à la réduction des émissions de CO2. La deuxième course est perdue d’avance.
    Nous ne ferons pas l’économie d’une refondation du système démocratique pour pouvoir mener des politiques écologiquement et socialement soutenables.

    13.05 à 11h53 - Répondre - Alerter
  • Je suis entièrement d’accord avec Mister Greenpeace : remotiver est essentiel.Lécologie est devenu un sujet important et on ne peut que s’en (vous en) féliciter.
    Le problème avec l’écologie dans les médias c’est qu’elle fait peur : peur par les conséquences désastreuse de notre mauvaise "gestion" de la planète et peur par les "sacrifices" que nous allons devoir faire : une nouvelle taxe, la décroissance.
    La sémantique prend tant d’importance.
    Il faut revenir auprès de nous, pauvres apprentis écolos, qui cherchont une petite voie pour faire avancer les choses dans le bon sens sans sortir du "monde civilisé" : le retour à la terre n’est pas chose possible pour tout le monde...
    "Démonstrualiser" l’écologie, un boulot à temps plein si on veut convaincre le plus de monde possible...

    12.05 à 15h07 - Répondre - Alerter
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