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26-03-2014

Gaz de schiste ou la démocratie fracturée

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Gaz de schiste ou la démocratie fracturée
 
Au cinéma ce mois-ci, deux films sur cette thématique : « Holy Field, Holy War » et « No Gazaran ».
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Deux documentaires, filmés aux côtés des mouvements locaux d’opposition aux gaz de schiste en France et en Pologne, sortent sur les écrans français. Si les choix formels sont très différents, le constat est le même. En matière de déni de démocratie, le cas des gaz de schiste est exemplaire. Une scène clé en témoigne dans Holy Field Holy War, de Lech Kowalski, tourné sur les terres agricoles de l’est de la Pologne. Une scène rare aussi, passée entre les mailles des éléments de langage bien rodés des communicants de l’industrie gazière. Rassemblés dans une salle municipale, les habitants de Rogów assistent à un exposé du représentant de Chevron en Pologne, venu les rassurer sur les conditions environnementales de l’exploitation du puits de forage, censée démarrer deux mois plus tard. « On est en 2011, au début de l’implantation de Chevron en Pologne. A ce moment-là, ils pensaient que ce serait du gâteau, raconte Lech Kowalski. D’habitude, ces grandes compagnies ne laissent jamais personne filmer ce genre de débat, mais le maire du village avait imposé ma présence. Le traducteur, qui bossait pour Chevron, refusait de traduire ce que disaient les villageois, ce qui a provoqué la colère générale. La réunion a duré quatre heures et demie au lieu d’une heure et demie. »

« Occupy Chevron »

Cette scène condense les ingrédients de la controverse : le défaut d’information, l’assurance des entreprises appuyées par des gouvernements, l’absence de consultation des corps intermédiaires. Elle montre aussi comment les agriculteurs, qui ont rassemblé eux-mêmes des connaissances sur la technique de fracturation, opposent des arguments solides au projet. C’est à la suite de cette réunion, médiatisée par la présence du réalisateur, que s’est structuré le mouvement de résistance « Occupy Chevron », qui s’oppose aujourd’hui à l’implantation d’un autre site de forage.

500 000 puits forés

En France, point de départ de No Gazaran, l’intrigue est peu ou prou la même. « En Ardèche, on a commencé à entendre parler des gaz de schiste à la fin de l’année 2010, alors que les permis avaient déjà été signés. Les maires ont vu arriver le dossier sur leur bureau. En France, aucun média ou presque ne s’était saisi de la question », raconte Doris Buttignol, l’une des deux réalisatrices. Leur enquête parcourt des territoires de résistance (Québec, Pennsylvanie, Ardèche, Seine-et-Marne) et déroule la chronique d’une mobilisation citoyenne. Elle cherche à décrypter les intérêts en jeu, les conséquences sanitaires et environnementales que l’on commence à mesurer aux Etats-Unis – où 500 000 puits ont été forés –, la vague de dérégulation qui, là-bas, a préparé le terrain pour la fracturation hydraulique en exemptant, en 2005, les entreprises gazières de la loi sur l’eau et l’air.

Le modèle américain séduit pourtant. « L’argumentaire en faveur des gaz de schiste se recompose sans cesse », souligne Sylvain Lapoix, journaliste indépendant, auteur d’« Energies extrêmes », enquête en bédé, publiée dans La Revue dessinée, sur les hydrocarbures non conventionnels. « Le potentiel de création de 100 000 emplois, brandi par Arnaud Montebourg (ministre du Redressement productif, ndlr), a été divisé par dix, mais le modèle américain convainc encore. L’argument de la “ fracturation au propane ” pour extraire “ proprement ” les hydrocarbures et préserver la ressource en eau vient répondre à l’un des principaux problèmes soulevés par les opposants. » Interviewée peu de temps après son limogeage, Delphine Batho en appelle à la vigilance citoyenne face au lobby industriel très puissant, qui lui a coûté son poste de ministre de l’Ecologie. « La question des gaz de schiste révèle l’illusion de démocratie dans laquelle on est. La terre est liée aux droits humains fondamentaux et je pense qu’on assiste aux prémices d’une révolution populaire pour la défendre », espère Lech Kowalski. Dans cette « guerre », pour reprendre ses mots, l’équilibre des forces est inégal. —

Holy Field Holy War, Lech Kowalski, en salles le 26 mars.

















No Gazaran, Doris Buttignol et Carole Menduni, en salles le 2 avril.








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  • Voulez vous dire la "democratie facturée" ou la "démocratie fracturée" ? Et la question se développe : qu’est qui fracture la démocratie ? Vous comprenez bien qu’au au moment de ces elections municipales que la France, divisée par ses extremes, est elle aussi fracturée.

    27.03 à 08h24 - Répondre - Alerter
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