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3-04-2012
Mots clés
Energies
Europe
Point De Vue

Fuite de gaz : « Il faut un moratoire européen »

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Fuite de gaz : « Il faut un moratoire européen »
(Crédit photo : Total E&P UK)
 
L'accident de Total montre que les industriels ne sont pas en mesure d'assurer la sécurité sur les plateformes estime Sandrine Bélier, euro-députée EELV, qui appelle à un moratoire.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Suite à une fuite de gaz, la branche britannique de Total a annoncé avoir cessé la production de pétrole et de gaz sur sa plateforme d’Elgin-Franklin en mer du Nord et mis en place une zone d’exclusion maritime de deux milles. Les 238 employés de la plateforme ainsi que plusieurs dizaines de salariés de deux plateformes voisines ont dû être évacués pour des raisons de sécurité.

Bien que Total se veuille rassurant sur les impacts sur l’environnement, jugés à ce stade « minimes », on ne peut s’empêcher de s’inquiéter sur l’état réel des conditions de sécurité pour les hommes et l’environnement, et sur la maîtrise effective et réelle de cet incident. Comment est-ce possible ? Le groupe pétrolier évoque aujourd’hui que son colmatage pourrait nécessiter 6 mois de travaux sans pouvoir exclure tout danger de nouvelle marée noire.

Avec ses 500 plateformes, la mer du Nord est aujourd’hui l’une des zones les plus exposées en Europe à la pollution des grandes industries d’extraction et d’exploration pétrolière et gazière.

En 2010, la Commission Environnement du Parlement européen avait appelé à la mise en œuvre d’un moratoire sur les exploitations pétrolières en haute mer tant que n’avait pas été mis en place un cadre réglementaire à la hauteur des dangers que présentent ces activités à haut risque. Le moratoire n’a pas passé le cap du vote en plénière face à une majorité conservatrice et un lobbying efficace des pétroliers dont la Compagnie Total. Le Parlement européen a néanmoins adopté une résolution sur l’action de l’UE dans les domaines de l’exploration et de l’extraction du pétrole en Europe.

Il appelait à l’instauration d’un nouveau cadre réglementaire pour ces activités à haut risque. De la prévention à la réparation, en passant par les dispositifs de réaction. Le Parlement européen demandait à la Commission de rendre l’UE capable de répondre rapidement à tout incident intervenant sur des plateformes, notamment en mer du Nord. Nous demandions également la constitution d’une assurance pétrolière obligatoire et la création d’un fonds européen spécial complémentaire pour assurer des garanties financières suffisantes permettant les remises en état et les dédommagements nécessaires en cas d’accidents. Un an plus tard, en octobre 2011, le Parlement européen revenait à la charge en adoptant un nouveau rapport appelant encore au renforcement des règles en matière de sécurité des plateformes pétrolières et gazières. En 2012, toujours aucun cadre n’est fixé.

Alors, combien d’alertes ou de catastrophes faudra-t-il encore pour que la gestion des plateformes pétrolières soit enfin prise au sérieux ? Qu’attend la Commission européenne pour proposer l’adoption de standards les plus hauts possibles et uniformes de sécurité ?

N’ayons pas la mémoire trop courte et rappelons-nous qu’une catastrophe telle que celle de la plateforme Deepwater Horizon de BP dans le Golfe du Mexique, a coûté la perte de vies humaines, la destruction souvent irrémédiable de toute une biodiversité marine et la perte de dizaines de milliers d’emplois. L’Europe aurait déjà dû tirer les leçons de ce drame humain et écologique. Alors quand l’Irlande prévoit d’étendre significativement son activité offshore et l’Italie envisage de maintenir ses projets d’extraction dans l’Adriatique sur une zone pourtant sismique, quand les forages s’étendent chaque jour plus loin des côtes et atteignent des profondeurs abyssales – entraînant une augmentation des risques en matière de gestion et de surveillance des installations, la Commission Européenne doit cesser de fermer les yeux et croiser les doigts pour adopter urgemment des mesures concrètes de prévention des risques.

Il est temps d’admettre que les risques d’accidents sérieux dans les eaux de l’UE sont élevés et que l’Europe n’est tout simplement pas équipée pour traiter les conséquences dévastatrices de potentiels accidents. La Commission elle-même l’a reconnu lors des consultations en 2010 et 2011. L’exploration des forages en mer a augmenté de façon exponentielle, les risques ont donc également augmenté, par contre la sécurité reste largement insuffisante. Et il est regrettable que l’on continue dans le « Business as Usual » alors que des mesures politiques fortes devaient s’imposer.

La demande de moratoire portée par les écologistes européens retrouve son actualité, car quand les industriels ne sont plus en mesure d’assurer un contrôle strict de leurs installations c’est aux parlementaires de prendre des mesures fortes. La demande d’un moratoire sur les nouvelles explorations pétrolières, jusqu’à ce que le cadre réglementaire soit révisé, est le seul moyen de prévenir tout risque majeur dans les mois à venir. Il est triste d’en arriver là, mais il reste primordial de mettre les exploitants face à leurs responsabilités.

Enfin, n’ayons de cesse de rappeler que la meilleure prévention qui soit, est bien sûr de renforcer tous nos efforts vers la réduction des consommations énergétiques et la priorité aux énergies renouvelables… qui elles aussi peuvent provenir de la mer : la réduction des risques liés à l’exploitation pétrolière passe d’abord par là !

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Députée Europe Ecologie, membre de la délégation officielle du Parlement européen.

5 commentaires
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  • Je n’espère rien des lobbyistes, qui savent parfaitement qu’ils sont entrain de détruire la planète. Ils doivent renflouer au + vite leurs caisses pour se payer 1 place dans des fusées, afin d’échapper à leurs empreintes. Au contraire, je fais appel aux volontés des individus, pour mutualiser leurs moyens et dynamiques dans la réalisation de petites unités de production énergétique locale...et bien sûr, arrêter le gaspillage induit par 1 consommation aveugle.

    4.04 à 14h47 - Répondre - Alerter
  • PRÉPAREZ VOTRE PICK- NICK !

    N’oubliez pas ce week-end end 8 avril 2012, EELV et d’autres appelle à une large manifestation contre la pâle forme pétrolière en méditerranée et contre le gaz de schiste :

    Des commentaires on été postes :

    http://www.jose-bove.eu/2012/01/bat...

    Y A UN SHYSME !

    4.04 à 12h15 - Répondre - Alerter
  • Quand on pense qu’au large de la Guyane va commencer aussi l’extraction du pétrole, au risque de détruire tout un environnement inestimable, on est en droit de se demander jusqu’où vont aller ces compagnies (TOTAL et les autres) pour gagner de l’argent ! en ce qui me concerne j’aimerais bien qu’il y ait un moratoire sur ces forages, car notre énergie est ailleurs... (et ce n’est pas de la science fiction), il faut simplement regarder dans la bonne direction (transformation des algues par exemple, et même des matières fécales)

    4.04 à 12h01 - Répondre - Alerter
  • Pour aller plus loin le très bon texte de Coinne lepage sur rue89 :

    http://www.rue89.com/rue89-planete/...

    4.04 à 11h46 - Répondre - Alerter
  • Bonjour,

    Juste une information qui vous intéressera peut-être pour cet éventuel moratoire.

    Il s’agit d’une méthode beaucoup plus économique pour chercher et surtout trouver du pétrole style "les avions renifleurs" , mais sans avion.... Donc sans coût exorbitant pour la communauté européenne.

    Voici en deux mot la méthode :

    La KeroGenie explique la genèse des hydrocarbures, à basse température le magma liquide est du pétrole, quand il est solide c’est du charbon, quand il est gazeux c’est du grisou ( bien connu des mineurs de fond)

    Chaques mines de charbon européenne indiquent la teneur en hydrocarbure des differents charbons prélevés.

    Cela veut dire qu’au plus les hydrocarbures sont élevés dans le charbon prélevé, au moins le pétrole est profond sous la mine.

    Il n’est pas besoin d’aller prendre des risques en mer pour extraire gaz et pétrole.

    Vous pouvez chercher sur Wikipédia ou ailleurs Le mot KeroGenie ou KeroGene et vous constaterez de la veracite de mes propos.

    Nos dirigeant préfèrent s’engager dans une industrie coûteuse d’extraction pétrolière plutôt que D’investir Dans une ré industrialisation "verte" et dans la recherches des différentes énergie renouvelable.

    La mer, le vent, le soleil, l’hydrolique, sont une source d’énergie incommensurable. (sans parler de l’énergie libre ....)

    Les économies de pétrole prélevés sous les mines de charbon européenne devraient servir à cette transformation énergétique de notre continent et stopper sa nucléarisation plus rapidement.

    Esperons que les lobbys ne s’accaparent pas une nouvelle fois de cette mane pour d’autres sujets plus lucratif à leur yeux....

    Bonne journée.

    4.04 à 11h24 - Répondre - Alerter
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