Dans les rues de Marseille, il ne faut pas s’étonner de sentir à chaque feu rouge des odeurs de friture. Non que les snacks et autres Mac Do aient sauvagement envahi la ville... Ces effluves proviennent de quelques voitures diesel alimentées par un nouveau carburant : l’huile de friture usagée ! A l’origine du concept, Christophe Oudelin, un écolo de 38 ans. En 2002, il met au point un système de recyclage : "Dans un salon bio, on pressait des graines de tournesol pour faire fonctionner un groupe électrogène. J’ai compris que l’huile végétale, moins polluante que l’essence, pouvait servir de carburant."
De l’assiette au réservoir
Fonctionnaire à la fac de médecine, le trentenaire, après des mois de recherches et quelques essais malheureux, découvre que tous les moteurs diesel peuvent tourner avec un mélange d’huile et de gasoil. Deuxième découverte : pour rouler 100 % à l’huile, il suffit de modifier son engin. Avec l’aide d’un garagiste, il trafique les injecteurs de sa 405 Peugeot diesel, installe une plaque électrique pour réchauffer l’huile et une pompe de "pré-gavage" pour la faire circuler. Bingo !Depuis l’été 2004, Christophe Oudelin ne circule plus qu’à l’huile végétale usagée. Le procédé est ancien. Rudolf Diesel, inventeur du moteur du même nom au début du XXe siècle, faisait fonctionner son engin avec de l’huile de lin. Cette utilisation ingénieuse a été récupérée par les agriculteurs, aujourd’hui nombreux à faire tourner leur tracteur à l’huile végétale pure. Pour promouvoir son carburant, Christophe Oudelin, crée fin 2005 l’association Roule ma frite. Elle regroupe aujourd’hui une centaine d’adhérents aux profils très variés : professeurs, étudiants, salariés, retraités...
Chaque week-end, munis d’un entonnoir et de gros bidons, ils partent à l’assaut des restaurants locaux. "Je récupère 20 litres d’huile chez un chinois, autant dans un café et une dizaine de litres dans un resto", explique un participant. Qui évite ainsi que les restaurateurs ne rejettent ce déchet à l’égoût. Les militants se livrent alors à une petite tambouille : le graillon est filtré deux fois à grâce à un appareil mis au point par l’association afin d’obtenir une huile sans impuretés. Après un partage équitable, chaque adhérent peut utiliser l’huile dans son véhicule. Bilan : six fois moins de particules que l’essence.
Affichage : Voir tout | Réduire les discussions