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6-12-2011
Mots clés
Climat
Afrique
Reportage

« Dans mon township, on parle du réchauffement climatique »

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« Dans mon township, on parle du réchauffement climatique »
(Crédits photos : Sophie Ribstein)
 
A Durban, la société civile sud-africaine se mobilise pour deux combats : la lutte contre la pauvreté dans les bidonvilles et l'adaptation au changement climatique.
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ÉCOLOGIE SOCIÉTÉ ÉCONOMIE
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Non, tout n’est pas morose à Durban, où se déroule depuis une semaine le 17ème sommet sur le changement climatique. En attendant qu’il se passe quelque chose dans le centre de conférence climatisé de Durban, quelques centaines de militants écologistes sud-africains tentent de réveiller les consciences. [1]

Pour eux, le salut passe par l’action. Alors que la conscience environnementale est à peine naissante au sein de la nation arc-en-ciel, ils se battent pour rendre la vie des plus démunis un peu plus douce et certainement plus verte. Près de 40% de la population sud-africaine vit sous le seuil de pauvreté, alors dans leurs townships, ces bidonvilles jadis réservés aux noirs sous l’apartheid, ils tentent de réfléchir à des moyens simples pour lutter contre les conséquences du changement climatique et créer un mouvement vert. Ils sont venus jusqu’à Durban pour manifester et appeler les négociateurs, les ministres et les chefs d’Etats à enfin agir. Ces nouveaux militants écolos formaient le gros du cortège pendant la journée de manifestation samedi 3 décembre. Ils témoignent.

Nomalizo Xhoma, 39 ans :

« Je viens du township d’Alexandra, l’un des bidonvilles les plus violents du nord de Johannesburg. Je coordonne en tant que bénévole une organisation appelée "Off the ground foundation". Nous créons des jardins communautaires et nous plantons des légumes avec les enfants dans les écoles ; ça fait deux ans maintenant. C’est essentiel, parce que tout autour du bidonville, il n’y a que des usines et très peu de place pour avoir des espaces verts ou des jardins. La plupart des habitants d’Alexandra sont, comme moi, sans emploi et ça leur permet de s’occuper, de ne pas avoir à acheter leurs légumes frais et aussi d’être à nouveau plus proche de la nature. Les gens qui vivent ici ne savent plus travailler la terre et respecter la nature. En faisant ce travail, j’ai réalisé petit à petit qu’il est important que chacun participe à son niveau pour lutter contre le changement climatique. Si je ne fais rien, moi, ma mère et mes deux enfants, qu’allons nous devenir ? Nous allons mourir de faim ? Nous ne pouvons pas attendre. Le réchauffement climatique, c’est une réalité et je peux vous dire que nous en ressentons déjà les conséquences ! Alors, eux dans leur centre de conférence, ils doivent arrêter de perdre du temps. »

Obed Mokaila, 24 ans :

« Avant j’étais dans l’armée. Depuis que je ne suis plus dans les rangs de la défense, je vis dans un township, près des montagnes du Magaliesberg. Pendant quelques mois, après le service militaire, je ne faisais rien ; je restais juste à la maison à désespérer. Alors, j’ai décidé de me reconvertir en petit fermier grâce à l’association "Thabeng Tsa Mogale". Aujourd’hui, j’adore regarder pousser mes choux, mes tomates, mes carottes et mes épinards. J’aide d’autres agriculteurs en herbe. Ça permet notamment aux gens qui ont le sida de mieux manger et de mieux supporter les traitements grâce à tous ses potagers qui prennent vie. (Avec 5,7 millions de personnes séropositives, l’Afrique du Sud compte le plus de malades infectés par le VIH au monde, ndlr). Au moins, maintenant je me sens utile. Je me suis rendu compte que je peux rendre mon pays bien meilleur. Pourquoi nous ne pourrions pas faire de la terre un paradis ? Personne n’aime voir sa maison sale ; alors chacun doit faire le ménage. A Durban, je suis venu interpeller mon gouvernement ! Ils nous promettent de l’électricité, mais nous voulons pouvoir profiter d’une énergie propre. La dépendance à Eskom, la compagnie d’électricité, au charbon, ce n’est plus possible ! Je veux vraiment sauver la Mère Nature. »

Nelly Hlatywayo, 61 ans

« J’ai 12 petits-enfants et j’ai peur pour leur avenir. Durant la dernière décennie, j’ai vu le temps changer. Les pluies ne tombent plus comme avant. Nous devons essayer de faire quelque chose. Et il faut que tout le monde se mette d’accord pour faire avancer les choses à Durban. Je ne suis plus toute jeune, mais j’ai encore de l’énergie à revendre. Vous savez, pendant les années d’apartheid, je faisais le “toï toï”, ces manifestations en chantant et en battant le pavé contre le régime raciste. Maintenant, il y a encore tant de combats à mener. Tant que je ne suis pas malade et forcée à rester chez moi, je veux me battre, parce que tout cela, ce n’est pas juste. Je participe à un groupe de travail et dans mon township nous discutons de plus en plus du changement climatique. J’ai l’impression que tout doucement, les gens commencent à se réveiller ; même si la plupart d’entre eux ne savent pas ce qu’est le COP17. »

[1] Si l’Afrique ne pollue que très peu (à peine 4% du total des émissions de CO2 de la planète), elle fait partie des premières victimes du réchauffement climatique.

Dans son discours d’ouverture à la conférence de Durban, Jacob Zuma, le Président sud-africain a estimé que « pour la plupart des Africains, le réchauffement climatique (était) une question de vie ou de mort. » Plus de 300 millions d’Africains - près du tiers de la population du continent - vivent déjà dans des zones de sécheresse. Et la situation devrait encore se détériorer. Les experts estiment que d’ici 2020, entre 75 et 250 millions de personnes pourraient en Afrique perdre leurs denrées de subsistance en raison du réchauffement climatique. Les crises alimentaires pourraient donc bien se succéder, notamment dans la corne de l’Afrique.

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Correspondante de « Terra eco » en Afrique du Sud.

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