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25-11-2004
Mots clés
Social
France

Daewoo, morne plaine

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En partant interroger les ouvrières de Daewoo, François Bon n'a pas oublié son magnétophone, mais son propos. Du coup, son récit est aussi sympathique sur le fond que nébuleux sur la forme.
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François Bon, Daewoo, Fayard, 309 pages, 18 euros.

Que doit-on attendre d’un livre d’enquête sur les licenciements de Daewoo ? Sans doute qu’il nous explique pourquoi il a semblé si indispensable aux propriétaires de ces usines de les fermer pour délocaliser leur production. Mais la plupart d’entre nous ont déjà la réponse à ces questions. Et si Daewoo cite les termes délicatement technocratiques des experts ("employabilité", "nécessité économique", etc.), c’est évidemment pour souligner leur ineptie. Quoi d’autre ? Aller embêter le directeur en lui mettant le micro sous le nez ? Ce serait rigolo, au moins. Mais l’écrivain et journaliste François Bon n’a pas la vocation d’un Michael Moore. Son intention était plus simple : donner la parole à quelques ouvrières de Daewoo, sacrifiées sur l’autel de l’efficacité économique. Laisser une trace, un témoignage de l’amertume ressentie par les travailleurs les moins qualifiés face aux "mutations économiques", et surtout de leur constante dignité dans l’épreuve.

Patchwork

Cela peut donner des pages bouleversantes, des bribes arrachées à l’âme humaine. "C’est à ça, tout d’un coup, que moi et les copines, on a pris conscience d’une civilisation vieille. Une page qu’on tourne, mais nous, on était sur la page". Mais hélas, si sa quête est louable, François Bon n’a pas su, pas voulu, choisir entre l’enquête journalistique et le style romancé. Ce qui laisse une désagréable impression de flou artistique. Ainsi, Daewoo souffre de n’être qu’une suite de morceaux attachés dans le désordre : les descriptions de paysages industriels (il y en a beaucoup...) succèdent aux témoignages d’ouvrières, qui succèdent à des digressions sur les autres cas de délocalisations douloureuses (Cellatex, Heineken, etc.), qui succèdent à un portrait du fondateur coréen de l’entreprise, etc. Le tout parsemé d’allusions à Georges Perec et Nathalie Sarraute...

"Tout reste à sa place"

Pire : l’auteur a la malencontreuse idée d’insérer des extraits d’une pièce de théâtre qui raconte symboliquement les licenciements. Ces morceaux d’intellectualisme ampoulé mettant en scène Tsilla, Naama et Saraï (personnages bibliques, pour ceux qui ne savent pas...) paraissent franchement déplacés et d’une faiblesse exaspérante comparés au vécu puissant des ouvrières. On a le regret de penser que François Bon, aussi sympathique soit-il, ne parviendra à émouvoir que les "théâtreux" les moins difficiles. Et il aurait dû écouter cette ouvrière qui se moque gentiment de lui : "Quelqu’un qui écrit sur les ouvriers, c’est la preuve que, dans ce bas-monde, on a encore un peu de bon cœur. Et, accessoirement, que tout reste à sa place."
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